Franck Debouck, président de l'Université de Lyon, est l'invité de "6 minutes chrono" pour évoquer Ma thèse en 180 secondes.
Expliquer au grand public des travaux de recherche complexes : c'est l'idée du grand événement scientifique de printemps qui se tient mardi 19 mars à Lyon.
"Ma Thèse en 180 secondes" propose aux doctorants de présenter, devant un jury et un auditoire profane et diversifié, leur sujet de recherche en termes simples. Ils étaient 12 doctorantes et doctorants du site Lyon Saint-Étienne à exposer, en trois minutes, de manière claire, concise et néanmoins convaincante, leur projet de recherche.
"Je pense que la qualité d'un grand scientifique c'est quelqu'un qui a les idées suffisamment claires pour les expliquer simplement. Et donc quelqu'un qui fait une thèse, c'est un très bon exercice qu'on lui propose avec 'Ma thèse en 180 secondes' " explique Frank Debouck, président de l'Université de Lyon.
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La retranscription intégrale de l'entretien avec Frank Debouck
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Frank Debouck. Bonjour.
Bonjour.
Franck Debouck vous êtes président de l'Université de Lyon. Si on vous invite aujourd'hui c'est pour parler de Ma thèse en 180 secondes, dont Lyon Capitael est le partenaire média. Alors Ma thèse en 180 secondes, on connaît mais je vais quand même répéter un peu le pitch : c'est un événement qui propose à des doctorants, il y en a 5 000 à Lyon, de présenter leur sujet de thèse, souvent quand même très compliqué, en 3 minutes chrono 180 secondes, à un public profane. Donc le but c'est de vulgariser un peu des thèmes qui sont compliqués. La finale lyonnaise se tient mardi 19 mars. Alors j'avais noté quelques intitulés : "les propriétés géométriques et mécaniques de l'interaction d'un virus avec un port biologique" ou "la nouvelle approche physio-chimique pour la datation des mortiers à chaud". Finalement l'objectif global de cet événement Ma thèse en 180 secondes c'est quoi ?
Ma thèse en 180 secondes est un exercice qui est proposé aux doctorants pour rendre lisible et compréhensible un sujet de thèse qui peut être parfois très complexe. Et la qualité, demain, de tout scientifique, c'est d'être en capacité d'expliciter avec des mots simples un sujet de thèse qui peut être très complexe. Si vous voulez apprendre la relativité générale, lisez le livre d'Albert Einstein, il est très simple et très clair.
Oui parce que c'est vrai que la relativité générale, là comme ça tout de suite, ça peut paraître très compliqué. Evidemment j'imagine que c'est effectivement rapprocher les scientifiques rapprocher la science de la société où on voit qu'il y a quand même un écart un gap qui se fait de plus en plus. On le voit il y a une certaine défiance voire une méfiance envers les scientifiques la science. Comment on rapproche justement la science et la société au quotidien ?
Rapprocher la science et la société au quotidien : de très nombreuses actions qui existent sur le territoire national. Je pense, entre autres, à la fête de la science, à des revues scientifiques, toutes les revues scientifiques, ça va des revues pour enfants de 12-13 ans qui présentent extrêmement clairement des sujets complexes. Et je pense que cette capacité, cette volonté de partager avec le grand public des problèmes de science... La science appartient à tout le monde, aussi bien je veux dire au grand public. Le siècle des lumières, on doit être en capacité d'expliciter simplement, clairement les concepts qui sont parfois très complexes. Et je pense que la qualité d'un grand scientifique c'est quelqu'un qui a les idées suffisamment claires pour les expliquer simplement. Et donc quelqu'un qui fait une thèse, c'est un très bon exercice qu'on lui propose.
Alors aujourd'hui, j'imagine qu'avec les réseaux sociaux, la science elle est de plus en plus accessible, c'est de plus en plus facile d'avoir accès à la science. Simplement est-ce que les réseaux sociaux, dont on voit très bien les limites de la chose de l'exercice, est-ce que justement il n'y a pas ce problème ? C'est à dire d'un côté il y a une accessibilité accrue de la science et de l'autre côté il y a les limites à savoir qu'on peut y avoir des fake news voilà toute la vérité n'est pas non plus sur les réseaux sociaux. Donc comment on match ?
Les fake news est un véritable sujet. D'ailleurs qui a été pris comme une des thématiques du travail de l'université de Lyon l'université de Lyon rassemble 30 établissements sur le site de Lyon Saint-Etienne et c'est un sujet partagé avec l'ensemble d'établissements. D'autre côté les réseaux sociaux, enfin l'accès aux médias, permet d'accéder rapidement aux bonnes informations et beaucoup d'étudiants se partagent les bons, "si tu veux comprendre tel problème regarde telle vidéo c'est très clair." Donc là les réseaux améliorent également la compréhension même s'il n'y avait pas le problème éthique des fake news.
Il y a un besoin de discuter de ces sujets complexes on le voit il y en a qui veulent faire des concertations. Par exemple, le nucléaire, sujet très complexe. Est-ce que au final c'est très compliqué pour finalement un citoyen lambda de s'emparer du sujet nucléaire ?
Oui, le nucléaire a fait l'objet de nombreuses publications accessibles au grand public. Déjà, il faut distinguer ce qui est la fission, ce sont les centres nucléaires aujourd'hui et les travaux en cours actuellement dans le projet d'ITER. On va parler cette fois-ci de fusion nucléaire. Je rappelle que la première centrale nucléaire, c'est le soleil. Quand on parle d'énergie solaire, c'est d'abord une énergie d'une énergie nucléaire. Certes, une centrale nucléaire qui est énorme et très loin de la Terre, mais qui fournit quand même 80% de notre chaleur sur le territoire. Donc là, le nucléaire il y a aujourd'hui je pense suffisamment de documents, y compris d'ailleurs par EDF, qui diffusent sur chacun des centrales nucléaires des documents accessibles au grand public. Et je pense que on doit pouvoir comprendre. Maintenant, être en capacité de construire une centrale nucléaire, non ça c'est d'une complexité inouïe de même qu'une future centrale nucléaire comme il y a dans le projet d'ITER, c'est un projet qui est extrêmement complexe en termes de conception. Mais l'idée de comment ça fonctionne c'est relativement simple.
Suje plus d'actualité puisqu'effectivement le gouvernement a pris un décret actant de 10 milliards d'euros d'économies. Eric Carpano, président de Lyon 3, qui est réputé pour sa section droit est un peu monté au créneau en parlant d'"erreurs manifestes d'appréciation" et de "choix politiques contraires aux intérêts de la jeunesse". Comment vous voyez-vous ?
Oui, le président Eric Carpano est quelqu'un de très engagé politiquement, enfin pas par rapport à son établissement. Et cette décision de l'État, lu,i en tant que professeur de droit, et avec d'ailleurs les autres universités de droit du territoire national, a décidé de porter la question au Conseil d'État. Donc l'État peut-il de manière unilatérale décider d'une réduction de 15% du budget ? Est-ce que c'est 15% ? En dessous de 15% ou supérieur à 15%, le débat est engagé. En tant que président de l'Université de Lyon, on est inquiet.L'enseignement supérieur public dépend essentiellement des budgets de l'État. Il y a des discours qui font preuve de grand intérêt et aussi de la rigueur budgétaire qui est nécessaire. Mais ça c'est vrai comme dans toute entreprise à la fois des grandes ambitions mais aussi la réalité du porte-monnaie.