ira Benjamin Brière
Benjamin Brière, ex-otage en Iran – DR

Ex-otage en Iran, Benjamin Brière raconte pour la première fois son calvaire

Dans l'émission d'Envoyé spécial diffusée ce jeudi soir, le Lyonnais revient pour la première fois sur sa captivité, pendant 3 ans, au pays des mollahs.

Une histoire "digne d'un film", reconnaît aujourd'hui Benjamin Brière, désormais âgé de 38 ans, auprès d'Envoyé spécial. L'émission de France 2 diffuse ce jeudi soir son premier témoignage public, près d'un après sa libération. Lorsqu'il rejoint l'Iran il y a 5 ans, le jeune Lyonnais entend découvrir ce pays réputé pour sa culture millénaire et ses paysages à couper le souffre. Ce road-trip en van, féérique sur le papier, va au bout de 6 mois tourner au cauchemar. Le 27 mai 2020, le jeune Lyonnais est réveillé en pleine nuit, vers 1 ou 2h du matin, par des coups cognés à la fenêtre son véhicule : 7 ou 8 hommes armés, membres des Gardiens de la révolution, l'attendent à la sortie, et l'arrêtent. Une "longue bataille" s'engage alors pour lui, qui ne s'achèvera qu'à sa libération le 12 mai 2023 à sa libération.

Simulacre de procès

Accusé "d'espionnage" pour avoir pris des "photographies de zones interdites" avec son drone, il est condamné à 8 ans de prison dans un simulacre de procès, "grotesque", dans lequel le dossier contre lui est monté de toutes pièces. "Vous savez que ce n'est pas vrai, ils savent que ce n'est pas vrai : c'est un cirque en fait" raconte-t-il aujourd'hui.

Il est ensuite transféré à la prison centrale de Mashhad et emprisonné dans un quartier de haute sécurité, où il vit dans des "dortoirs plus ou moins surpeuplés, plus ou moins délabrés", enfermé "à peu près 21h sur 24". Seul étranger, il ne peut communiquer avec personne, ne parlant pas le persan, mais voit des "centaines de personnes passer leur dernier nuit en vie, parce que le lendemain matin ils allaient à l'exécution par pendaison". "Comment on oublie les visages de ces personnes-là ?" s'interroge-t-il.

Engagement pour les autres otages

Il finit, désespéré, par mener deux grèves de la faim. "C’est la seule arme que j’ai, la seule chose qu’ils ne peuvent pas contrôler". Trois ans après son incarcération, le 12 mai 2023, un accord est finalement trouvé entre la France et l'Iran, et Benjamin Brière libéré. Mais un tel calvaire laisse des traumatismes, et l'ex-otage décrit comment il continue de perturber son quotidien. "Je peux pas dormir dans le noir.  Il faut que je dorme avec la lumière. Il me faut une veilleuse, comme un enfant. Tu flippes à n'importe quel bruit".

Un an après sa libération, le Lyonnais a entamé un nouveau combat aux côtés des familles des Français considérés par le gouvernement comme "otages d'Etat" en Iran : ils sont encore 4 aujourd'hui à être détenus pour des raisons jugées arbitraires, dont Jacques Paris, Cécile Kohler et Louis Arnaud. Lors d'un rassemblement à Paris le 23 mars, Benjamin Brière a témoigné du "sentiment de soulagement quasi-total mais teinté de culpabilité" qu'il a ressenti à sa libération. Le contexte de conflit montant entre Israel et l'Iran vient aujourd'hui renforcer l'inquiétude des familles.

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