Mathilde Bouvier est chargée d'opérations pour l'association Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture. Elle était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour présenter le dispositif "Jeunes en librairie".
Mathilde Bouvier, dans un premier temps, explique le concept : "Chaque classe doit rencontrer trois professionnels du livre. Un libraire qui va venir en classe pour présenter son métier et la chaîne du livre. Ensuite, un auteur qui peut être un illustrateur, scénariste BD, traducteur. Et dernièrement, un troisième professionnel. Généralement, c'est un éditeur ou un organisateur de festival littéraire, un imprimeur… Les classes vont pouvoir échanger avec cette personne sur son parcours, sur ses missions et souvent réaliser un atelier pratique. Par exemple, avec un libraire, ils vont rédiger des coups de cœur sur un livre qu'ils ont aimé. Avec des auteurs, ils vont faire des ateliers d'écriture ou des ateliers de reliure. Après, ça dépend des personnes qu'ils rencontrent." Elle ajoute aussi : "après ces trois rencontres, chaque jeune va en librairie et dispose de 30 euros à dépenser en librairie pour vraiment choisir ce qu’il souhaite. Ce n'est pas une lecture qui est contrainte, qui est imposée. C'est pour vraiment valoriser ce qu'ils lisent."
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Sur le fond, "il y a un peu une idée d'orientation pour que les jeunes découvrent des métiers un peu artistiques, culturels, qui sont moins connus ou sur lesquels ils auraient des idées préconçues. Il y a aussi l'idée de découvrir le livre et la lecture autrement que par le prisme scolaire, donc qu'ils puissent voir une lecture, une littérature qui est incarnée, qui est vivante, de rencontrer des vraies personnes, un métier concret, comme on disait, de sortir du cadre scolaire qui peut être assez théorique et académique. Et donc, c'est aussi de soutenir ces métiers-là qui sont des métiers quand même fragiles, précarisés pour beaucoup. C'est aussi à la fois pour les intervenants, ils sont rémunérés pour ces rencontres. C'est pour faire vivre tout ce tissu" ajoute la chargée d'opération d'Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture.
Plus de détails sur ce que lisent les jeunes aujourd'hui et la qualité de leur lecture, dans la vidéo...
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La retranscription complète de l'émission :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de jeunesse et de livres. Pour cela, nous recevons Mathilde Bouvier, chargée d'opérations à l'association Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture. Bonjour Mathilde Bouvier.
Merci d'être venue sur notre plateau. On va un peu rentrer dans le vif du sujet. Nous vous recevons pour présenter un dispositif qui s'appelle “Jeunes en Librairie”. Est-ce que vous pouvez nous en donner les grandes lignes ?
Bien sûr. “Jeunes en Librairie”, c'est un dispositif d'incitation à la lecture personnelle pour les collégiens et les lycéens de la quatrième à la terminale. C'est aussi un dispositif de découverte des métiers du livre et pour encourager les jeunes à l'achat de livres en librairie.
Très bien. Concrètement, ce sont plusieurs journées, on en parlait un peu avant l'émission, qui se déroulent à différents endroits. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça se passe ?
Oui. Chaque classe doit rencontrer trois professionnels du livre. Un libraire qui va venir en classe pour présenter son métier et la chaîne du livre. Ensuite, un auteur qui peut être un illustrateur, scénariste BD, traducteur. Et dernièrement, un troisième professionnel. Généralement, c'est un éditeur ou un organisateur de festival littéraire, un imprimeur... Les classes vont pouvoir échanger avec cette personne sur son parcours, sur ses missions et souvent réaliser un atelier pratique. Par exemple, avec un libraire, ils vont rédiger des coups de cœur sur un livre qu'ils ont aimé. Avec des auteurs, ils vont faire des ateliers d'écriture ou des ateliers de reliure. Après, ça dépend des personnes qu'ils rencontrent.
D'accord. Donc, voilà, ils mettent la main à la pâte. Ce n'est pas simplement de la théorie avec un cours un peu magistral, c'est très concret. Peut-être que juste sur le sens même de ce dispositif, pourquoi c'est important de faire découvrir les métiers du livre à des collégiens, des lycéens aujourd'hui ?
Il y a plusieurs raisons. D'abord, il y a un peu une idée d'orientation pour que les jeunes découvrent des métiers un peu artistiques, culturels, qui sont moins connus ou sur lesquels ils auraient des idées préconçues. Il y a aussi l'idée de découvrir le livre et la lecture autrement que par le prisme scolaire, donc qu'ils puissent voir une lecture, une littérature qui est incarnée, qui est vivante, de rencontrer des vraies personnes, un métier concret, comme on disait, de sortir du cadre scolaire qui peut être assez théorique et académique. Et donc, c'est aussi de soutenir ces métiers-là qui sont des métiers quand même fragiles, précarisés pour beaucoup. C'est aussi à la fois pour les intervenants, ils sont rémunérés pour ces rencontres. C'est pour faire vivre tout ce tissu.
Très bien. Et du côté des jeunes, ça accroche ? Il y a de bons retours ? Parce qu'on pourrait aussi se dire que ça peut être loin de leurs centres d'intérêts parfois. Moi, j'ai regardé ce matin l'étude annuelle du Centre national du livre pour l'année 2024 qui dit qu'un jeune sur trois ne lit pas du tout dans le cadre de ses loisirs. Un jeune, c'est entre 16 et 19 ans et ils passent quasiment dix fois plus de temps sur les écrans. Ce n’est pas une surprise. C'est des chiffres qui, d'année en année, s'accentuent. Mais est-ce que ça accroche justement durant ces journées où il découvre de manière concrète les coulisses de l'univers du livre ?
Oui, alors globalement, ça accroche. Évidemment, il y a des réactions différentes des jeunes. On ne peut pas forcer quelqu'un à aimer lire ou aimer la lecture. En tout cas, ça leur permet un pas de côté dans leur quotidien. Et puis surtout, l'idée, c'est de les valoriser, de valoriser leurs livres. Parce que ce que je n'ai pas dit, c'est qu'en fait, après ces trois rencontres, chaque jeune va en librairie et dispose de 30 euros à dépenser en librairie pour vraiment choisir ce qu’il souhaite. Ce n'est pas une lecture qui est contrainte, qui est imposée. C'est pour vraiment valoriser ce qu'ils lisent. Parce que c'est vrai qu'il y a ces enquêtes qui montrent que les jeunes lisent de moins en moins. Après nous, ce que l’on trouve, c'est que c'est important aussi de valoriser ce que les jeunes lisent. Par exemple, on va leur demander s'ils sont lecteurs. Ils vont nous dire “non, je ne suis pas lecteur et je n'aime pas lire”. Et alors après, on apprend qu'en fait, ils lisent trois mangas par semaine, ou qu'ils lisent des bandes dessinées, ou qu'ils lisent des revues ou des choses comme ça. L'idée, c'est de montrer que la lecture, ce n'est pas seulement des romans d'auteurs. Mais c'est aussi actuel, c'est contemporain. Il y a forcément un livre qui peut potentiellement leur correspondre.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu l'origine du concept aussi ? D'où est-ce que c'est né, d'où est venue cette idée de “Jeunes en librairie” ?
Oui, alors c'est un projet qui existait en Nouvelle-Aquitaine en 2006 et aussi dans les Hauts de France en 2008. Et après, ça a été généralisé en France en 2021, après le confinement. Toutes les régions ont leurs “Jeunes en librairie”. On a été missionnés par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes pour déployer ce dispositif en région. C'était pour soutenir les librairies après le confinement et proposer un projet pour les jeunes, de sensibilisation à la lecture.
Donc si les lycées, collèges ou même les libraires sont intéressés, c'est vers vous qu'ils doivent se tourner. Voilà, Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture. Est-ce qu'on peut présenter en quelques mots votre association ? Qu'est-ce que c'est ?
Oui, bien sûr. Donc c'est une association qui soutient les métiers du livre en région Auvergne-Rhône-Alpes. Cela passe par de l'accompagnement, de l'expertise. On propose des journées professionnelles, donc à destination des libraires, des éditeurs, des auteurs, des festivals. On cherche à favoriser la coopération entre tous ces métiers.C'est une chaîne, donc il y a une interdépendance entre tous ces métiers-là. On essaie de faire en sorte qu'ils puissent travailler ensemble, se rencontrer. Et on gère aussi des dispositifs de soutien, souvent économiques, pour plusieurs de ces professionnels, dont “Jeune en librairie”.
Voilà, à destination des professionnels, pas du grand public normalement.
Voilà.
Très bien. Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Mathilde Bouvier d'être venue présenter “Jeune en librairie” sur le plateau de l'émission 6 minutes chrono. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Retrouvez plus de détails sur l'actualité littéraire de Lyon et d'ailleurs sur le site lyoncapitale.fr. A très bientôt.