Grandes sagas d’entreprises - Fondée en 1912, la boutique Cycles Véran vend et répare les vélos des Lyonnais depuis plus d’un siècle. Cette entreprise familiale, solidement ancrée au bord de la Saône, est devenue un incontournable pour les cyclistes de la ville. Retour sur une success story “à la lyonnaise”.
102 ans de route et aucun déraillement. Cycles Véran est probablement la plus ancienne boutique de vélos de Lyon ayant encore pignon sur rue. Lovée dans l’une des courbes de la Saône, quai Pierre-Scize, dans le quartier Saint-Paul, l’enseigne vend des vélos et les répare dans son atelier depuis 1912. Une institution lyonnaise bien connue des amoureux de la petite reine. Sur la route des monts d’Or au départ de Lyon, les cyclistes sont nombreux à passer une tête tant pour découvrir les derniers modèles de vélos que pour saluer l’équipe. Le magasin est un vrai moulin. Au-delà du vélo, Cycles Véran est une histoire d’amis. Fonctionnant comme un groupe de “copains” avec leurs clients, les réparateurs de la boutique organisent très régulièrement des sorties, repas et mâchons. “On trouve de tout : des P.-D.G. de multinationales, des cuisiniers, des professeurs, des ouvriers…”, explique Nicolas Martin, qui a dirigé la boutique pendant vingt ans.
Lancée par Charles Véran au début du XXe siècle, l’affaire est restée dans la famille durant trois générations jusqu’au début des années 2000 et la reprise par Nicolas Martin, ancien apprenti de la maison Véran et cycliste d’envergure nationale. Mais l’histoire des Cycles Véran n’est pas terminée : en 2023, le Viennois Cycles Blain a racheté l’enseigne en l’insérant dans son réseau de neuf boutiques dans l’agglomération lyonnaise. “Nous laisserons ‘Cycles Véran’ sur la devanture. La marque historique est trop connue pour être enlevée”, promet Thibaut Lanier, actuel gérant associé des trois boutiques Véran, installées côte à côte, au pied de la colline de Fourvière.
1912-1970 : origines et développement
Retour en début de piste. On sait peu de choses sur Charles Véran qui fonda les “Cycles Véran” en 1912 au 113, quai Pierre-Scize, sous les belles arcades en plein cintre que compte encore aujourd’hui l’édifice. “Il se disait que c’était un mauvais lieu pour une boutique de vélo”, avance Nicolas Martin, qui note que l’histoire n’a pas donné raison aux mauvaises langues d’antan “puisque, aujourd’hui, les concurrents ouvrent à côté”. Dans les années 1900, le quartier Saint-Paul était d’ailleurs déjà très vivant. Composé de travailleurs de moyennes conditions, et de familles vivant à plusieurs dans de petits appartements, le secteur offrait néanmoins un tout nouveau visage lorsque le jeune homme ouvrit son rideau pour la première fois. Le quartier Saint-Paul sort alors de plusieurs décennies de chantiers, dont le plus important : celui de la gare Saint-Paul ouverte dans les années 1870. Environ une quarantaine d’immeubles et plusieurs rues ont disparu pour permettre les travaux. De quoi effacer la réputation d’insalubrité qui collait à l’image du quartier au XIXe siècle. Quelques années auparavant la création de la boutique, la municipalité a même autorisé la construction d’un funiculaire entre Saint-Paul et Fourvière. Inauguré en 1900, les Lyonnais l’ont rapidement surnommé la “ficelle des morts” à cause des nombreux cercueils transportés jusqu’au cimetière de Loyasse sur la “colline qui prie”.
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