vélo sur une piste cyclable
Un marquage au sol est apparu sur les berges du Rhône pour rappeler que les voies ne sont pas réservées aux seuls cyclistes qui ont parfois du mal à accepter la présence des piétons…

Lyon : vélo, les nouveaux chauffards

Édito. Ce serait bien que la puissance publique (qui a participé à ce sentiment d’impunité) fasse du jus (comme on dit dans le jargon cycliste) pour remettre en selle ces nouveaux chauffards.

Je me suis mis au vélo. En écoutant, presque chaque matin, les chroniques cyclistes plus ou moins extraordinaires des uns et des autres, j’ai franchi la pédale et suis monté sur un Vélo’v.

Pour voir, comme au poker. Une aventure qui, je dirai, n’a pas manqué de “selle”. Abstraction faite du bruit particulièrement insupportable des pneus dès le réveil, se mettre au vélo à Lyon, c’est un peu comme bien se tenir à table lors d’un mâchon, c’est un engagement.

Les cyclistes à Lyon sont des animaux fantastiques. On a l’impression de fendre les flots d’un film de fantasy, dans lequel se croisent des as de la queue de poisson, des bêtes de selle, des fous furieux de la pédale, des deux-roues transformés en cargos et des montures aussi électrisées que leurs cavaliers. Bref, une extension du monde des sorciers, sans Potter, Grindelwald ni Dumbledore.

Comme le disent si bien nos élus, faire du vélo, c’est être “en responsabilité” : du comportement de chacun dépend celui des autres. Ce matin, c’était une variante de La Complainte de l’heure de pointe de Joe Dassin : à vélo, je dépassais certes les autos, mais c’était surtout un stupéfiant chaos, règne de l’individualisme et des noms d’oiseaux.

Moi qui pensais que le deux-roues était le symbole absolu du slow food appliqué aux “mobilités”, comme on dit aujourd’hui. Foutaise ! C’est tout le contraire, chacun s’évertuant (où est la vertu ?) à doubler l’autre, à prendre des risques pour gagner quelques secondes, brûlant les feux, prenant les trottoirs. Et ces parents qui foncent en “longtails” (c’est plus branché que “vélos allongés” quand même), leurs enfants à l’arrière, avec un sentiment de toute-puissance (je suis écolo, je fais du vélo-partage, bla-bla-bla). Une certaine communauté de cyclistes vilipende les méchants automobilistes, les soupçonnant même d’être de droite. Il faut voir comment ces adeptes de la moraline greenwashée se comportent.

Les pistes cyclables sont pavées de mauvaises intentions. Elles deviennent des repaires incivilisés où le non-respect des autres (automobilistes, cyclistes et piétons), l’égocentrisme et l’anarchie règnent en maîtres. Quant aux Voies lyonnaises, comme les douze salopards, elles sont quasi suicidaires. Censées être des exemples de circulation sereine et confortable (sémantique de la Métropole), ce sont de véritables autoroutes pour deux-roues, royaume de la vitesse et de l’insulte.

J’attendais bienveillance, civisme et patience. J’ai eu droit à une demi-heure d’un concours de dix ans d’âge mental. Certains cyclistes pensent qu’ils peuvent enfreindre toutes les réglementations, s’asseoir sur le Code de la route, auréolés du sacro-saint halo “je suis à vélo donc je suis meilleur que vous (et je vous emmerde)”. Ce serait bien que la puissance publique (qui a participé à ce sentiment d’impunité) fasse du jus (comme on dit dans le jargon cycliste) pour remettre en selle ces nouveaux chauffards.

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