Éric Lafond est candidat sous l'étiquette "100 % citoyens" aux élections législatives anticipées dans la 3e circonscription du Rhône. Celui qui se définit comme "écolo-centriste" a été colistier de la liste Écologie positive et territoires aux élections européennes. Il a décidé de rempiler pour une campagne éclair, sans la structure d'un grand parti.
Lyon Capitale : Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans la course des législatives, malgré ce délai extrêmement réduit ?
Éric Lafond : D'abord il faut parler de ce délai. C'est un scandale démocratique d'organiser un scrutin et de mener une campagne en trois semaines. On voit aujourd'hui qu'il y a peu de candidats car le timing qui nous est imposé est incroyable.
Quand se sont structurés ces trois blocs, à gauche, au centre et à l'extrême droite, on s'est dit qu'il n'était pas possible de se laisser enfermer. Cela fait quelques années que l'on essaye de venir sur le terrain électoral pour pousser un certain nombre de propositions. On ne peut pas rester passif dans un contexte où nos concitoyens votent de moins en moins. Cette situation là où l'on a des partis extrêmes, c'est en partie la responsabilité des partis démocrates au pouvoir depuis 30 ans qui n'ont pas voulu voir la désaffection des citoyens. Tout ce qui fait qu'une société fonctionne s'est dégradé. On a un chômage de masse, on a un système d'instruction publique qui se délite, on a un appareil de justice qui est squelettique. Tout cela produit cet appel d'air vers le Rassemblement national dont le meilleur argument est : 'On n'a jamais essayé.' On ne peut pas rester silencieux. À notre toute petite échelle, on veut proposer aux gens autre chose.
"Les gens ne votent jamais pour quelque chose depuis plusieurs années, à force de voter contre, une vraie fatigue démocratique s'est créée"
LC : Comment menez-vous campagne ?
EL : Pour l'instant nous nous sommes concentrés sur un travail d'hyperproximité, d'appeler les gens que l'on connait, d'envoyer des mails. Et finir de coordonner les démarches administratives. Ensuite on va passer à un travail avec un peu de porte à porte et continuer avec les messages, les mails et les appels. Médiatiquement, il y a des freins et des biais importants. Aux européennes, nous n'avons pas été traités au nom de critères définis par l'Arcom, alors qu'à l'arrivée, nous avons fait plus de voix que deux des candidats qui ont été invités sur des plateaux. Nous avons beaucoup discuté avec Équinox et "le Mouvement" notamment pour éviter de se concurrencer bêtement. L'enjeu est de faire émerger des voix nouvelles, qui portent des projets de réformes profondes et qui sont modérées.
LC : Comment vous organisez-vous financièrement pour mener campagne ?
EL : Sur une campagne comme les européennes, nous avons dépensé 150 000 €. C'est infime par rapport aux autres formations politiques. Il faut payer les professions de foi pour 49 millions d'électeurs. Pour les législatives, on est à peu près à égalité avec les autres partis à la différence que nous devons sortir les sous de notre poche. Une campagne c'est environ 4 000 €, pour les affiches, les professions de foi etc. C'est notre investissement dans notre espérance démocratique.
LC : Quelles réformes portez-vous pour favoriser la participation électorale ?
EL : La reconnaissance du vote blanc comme un suffrage exprimé. Je suis convaincu que plein de gens retourneraient voter pour voter blanc s'ils n'étaient pas satisfaits de l'offre. Dans des élections régionales ou municipales, il faut abaisser le seuil de représentation pour avoir des voix minoritaires dans les conseils, qui apportent des idées différentes. Cela donne du sens au vote, parce que demain les électeurs arrêteront de se dire que leur vote ne sert à rien si leur candidat ne fait pas 5 % par exemple. Il y a aussi des réformes techniques à faire, notamment arrêter les professions de foi papiers pour passer au numérique, ainsi qu'un bulletin de vote unique. Ça remettrait tout le monde à égalité. Une élection est une course où les gens ne partent pas du même endroit parce qu'entre ceux qui peuvent imprimer et ceux qui ne peuvent pas, on créé des biais terribles.
Les gens ne votent jamais pour quelque chose depuis plusieurs années, à force de voter contre, une vraie fatigue démocratique s'est créée. Je ne sais pas si on peut tenir longtemps. C'est l'une des raisons pour lesquelles on y va car je crains fort que le RN soit majoritaire si par malheur c'est le cas, je suis convaincu qu'ils le rendront pas le pouvoir dans trois ans, car c'est dans la nature de leur parti.
Bravo pour tout ce que vous dénoncez Monsieur Lafond.
Effectivement, la démocratie est corrompue par l'argent qu'il faut pour avoir le droit de présenter des idées.
Et les 5% sont un crachat sur "la représentativité" de milliers de citoyens qui au final ne sont pas représentés.
Reste les problèmes économiques que vous dénoncez, mais dont vous savez qu'en restant dans une société monétaire, nous restons dans une société de guerre généralisée, même au niveau local, car un même billet ne peut pas être dans deux poches différentes au même moment.
Il est temps d'être postmonétaire ! Car les "extrémistes" sont ceux qui détruisent la nature et les humains pour les transformer en chiffre d'affaires (et tout transformer en chiffre d'affaires est une obligation dès qu'on utilise de la monnaie).
🙂