Exposée au fort de Feyzin, TRAMES est une œuvre monumentale et magnifique, tissée avec les habitants de plusieurs territoires lyonnais. À ne pas rater !
Pour découvrir TRAMES, il suffit de suivre les couloirs mystérieux du fort de Feyzin qui nous mènent vers l’espace circulaire d’une prairie où l’œuvre brille sous le soleil.
Constituée de pans tissés et colorés qui s’ouvrent majestueusement, soutenue par des fils d’acier et un mât central gigantesque, elle semble être un point de repère ou de rassemblement, représente un sapin, une tente, un abri, une architecture généreuse qui invite à l’appropriation. Plus haut, elle s’enroule sur sa pointe rejoignant l’horizon infini du ciel pour rivaliser avec les arbres autour d’elle et provoquer, par sa symbolique, une forte émotion chez le visiteur !
Élaborée par le chorégraphe lyonnais Jordi Galí, en résonance avec la 17e Biennale d’art contemporain, l’œuvre fait partie d’un projet qu’il a porté pendant un an sur les territoires de Feyzin, Corbas, Vénissieux et Saint-Fons, avec la collaboration de partenaires tels que France Horizon, qui agit pour l’accompagnement et l’hébergement des sans-abri, réfugiés et migrants, mères isolées, personnes âgées et Anepa Tremplin, qui forme les demandeurs d’emploi en intégrant la culture dans leur parcours d’insertion.
Elle représente l’ADN du travail qu’il déploie au sein de la compagnie Arrangement Provisoire, cofondée avec Vania Vaneau, imaginant des œuvres éphémères et monumentales (avec notamment l’utilisation de matériaux de construction), axées sur le partage du processus de création et l’implication des habitants d’un territoire. “Mon idée,nous dit-il, était d’inventer un projet qui permette aux participants de faire ensemble, qui ne peut pas être réalisé individuellement, qui soit plus grand, accueillant tout le monde sans se soucier de savoir qui est qui. On l’a conçu sur mesure, après avoir rencontré les acteurs sociaux et culturels, entendu que les besoins des territoires étaient de créer du lien entre les habitants mais aussi entre les structures elles-mêmes et on a cherché nous-mêmes les financements.”
Des ateliers, 17 000 nœuds de tissage et une exposition sur les mains
Au total, 200 personnes ont participé à des ateliers partagés entre pratiques artistiques – danse, musique, voix, dessin – et tissage de l’œuvre constituée de 17 000 nœuds, un travail de fourmi !
“Le projet s’est déroulé d’une manière très douce, il y avait cette convivialité dans les moments de tissage et la joie lors des pratiques artistiques qui les éloignaient de leurs difficultés quotidiennes, je pense aux réfugiés de France Horizon, ils se sentaient sécurisés et prenaient leur place dans tout ce que l’on proposait mais aussi aux personnes âgées de l’Ehpad Maison fleurie qui attendaient avec impatience chaque atelier.”
TRAMES c’est aussi une exposition réalisée avec deux artistes complices : le photographe Julien Pénichost et le créateur sonore François Payrastre. “On voulait imaginer des portraits de participants qui ne soient pas des portraits classiques et comme j’ai une fascination pour les mains, on est parti sur quelque chose de plus intime pour créer les portraits des mains dont on dévoile toute la diversité sans que l’on ne voie jamais les visages.” Sans oublier le son, car l’exposition nous permet d’entendre les voix de celles et ceux qui nous parlent de leurs mains, racontant dans le même temps des chemins de vie !
TRAMES - Jordi Galí - Compagnie Arrangement Provisoire – Jusqu’au 31 décembre au fort de Feyzin