Sonia Ezgulian sur le plateau de « 6 minutes chrono », lundi 2 septembre 2024 @GL

"La scène culinaire actuelle perturbe un petit peu le Lyonnais qui a tendance à s'embourgeoiser sur sa gourmandise"

Sonia Ezgulian est cuisinière et probablement l'auteure lyonnaise la plus prolifique en matière culinaire. Elle est l'invitée de "6 minutes chrono".

Si la rentrée est (particulièrement) politique, elle est aussi culinaire. Pour faire le lien entre les deux, citons Edouard Herriot, amateur de lyonnaiseries, qui avait lancé un jour : "la politique, c’est comme l’andouillette de Fleurie, ça doit sentir un peu la merde mais pas trop." 

Pour cette rentrée, Sonia Ezgulian, reine de l'antigaspi qui saupoudre ses petits plats de joie et d'humour, cuisinière ordinaire de l'extraordinaire, sort un ovni dans le monde de l'édition culinaire : un roman-photo pour apprendre à cuisiner simplement. Une soixantaine de recettes originales qui nous emmène en voyage, de la tarte vénitienne à la tielle sétoise, en passant par les keftas, la tortilla iranienne, le parmentier de champignons, le roulébia, le lapin au fenouil, l'aïoli marseillais, le feuilleté arménien, le pavlova aux figues ou les gnocchis farcis à la gremolata....

"Et jai repensé à ces romans photo qu'on voyait souvent dans les années 60, un peu désuets, charmants, mais en même temps qui attirent la sympathie parce que, justement, c'est un petit peu ringard tout en étant assez sympathique."

Pour chaque recette, un ou plusieurs invités avec qui elle cuisine (et pas que, on la voit danser avec DJ Kondo et Nittilarson, découvrir le Kub Or ).

Entretien qui met en appétit.


La restranscription complète de l'entretien avec Sonia Ezgulian

Bonjour à tous et ravi de vous revoir pour cette rentrée de "6 minutes chrono" On accueille Sonia Ezgulian, bonjour.

Bonjour Guillaume.

Sonia Ezgulian, vous êtes probablement la plus prolifique des auteurs lyonnaises en matière culinaire et, pour la rentrée, Sonia, vous publiez "Je vous dis tout", un ovni dans le monde de l'édition culinaire puisque c'est un roman photo culinaire, entre le ciné et la bd la bd. On vous l'avait déjà vu sur la bd notamment avec Guillaume Long dans A Boire et A MangerQu'est-ce qui vous plaisait dans ce format de roman photo culinaire ?

En fait, je cherchais, depuis très longtemps, une idée pour transmettre encore mieux la cuisine...

Le pas-à-pas culinaire.

Exactement. Le pas-à-pas, souvent, c'est un peu austère. Il y a des photos, comme le nom l'indique, très séquencées, c'est un petit peu triste. Et je me suis dit "mais qu'est-ce que je pourrais trouver comme idée graphique pour, justement, parler de mon amour de la cuisine et surtout donner envie aux gens de cuisiner ?". Et j'ai repensé à ces romans photo qu'on voyait souvent dans les années 60, un peu désuets, charmants, mais en même temps qui attirent la sympathie parce que, justement, c'est un petit peu ringard tout en étant assez sympathique. Et donc, j'ai eu l'idée de séquencer les recettes comme un roman photo et vous avez la preuve qu'on rentre dans la recette comme dans une histoire et on va la lire. Ce que j'adore, c'est que même les gens qui ne cuisinent pas peuvent découvrir le roman photo, juste pour les plaisirs d'aller au marché, de découvrir des cuisines différentes, parce que par exemple on apprend à faire un mafé on apprend à faire plein de choses.

C'est vrai que sur ces recettes, il y en a 59, ça va de l'oeuf mollet très lyonnais, on va dire même bourguignon, aux kektas en passant par la tielle siétoise à la tarte vénitienne...

En fait, l'idée était de rencontrer des gens et de parler d'un plat qui leur tenait à coeur. Et moi, soit je prends ce plat soit je fais la cuisine avec quelqu'un. Je trouvais agréable, justement, d'aller un petit peu tous azimuts, parce que dans la cuisine, on ne reste pas cantonnés à ses petites habitudes. Je trouvais ça agréable.

Alors, pour presque chaque recette, il y a un invité. On peut notament citer DKJ Kondo et Nittilarson notamment...

Ouiii. Les Peepers. Et donc, en fait, eux ,c'est vraiment les vedettes parce que grâce à eux, on a cuisiné pendant trois heures pour faire un apéritif vénitien sur une playlist qu'ils ont composé et, pour de vrai, alors on le voit un petit peu dans le roman photo, on a cuisiné, dansé, chanté et à la fin enfin, on a pu déguster.

Comment vous avez réussi à convaincre Hachette de faire un roman-photo culinaire ?

C'est totalement incroyable. Ce qu'il faut savoir, c'est que cette idée je l'ai depuis une dizaine d'années, et il m'a été refusé par deux maisons d'édition. Parce qu'ils trouvaient ça alors trop compliqué. Au départ, la première maison d'édition m'avait dit "ah non, là, c'est franchement très, très compliqué à réaliser" et la seconde m'a dit "ah oui, là, ça va être compliqué et cher"... parce que c'est vrai que ça représente beaucoup, beaucoup de photos, beaucoup de travail et ce qui s'est passé, c'est qu'entre temps, j'ai rencontré une graphiste extraordinaire qui s'appelle Sigoléne Crépet, qui a travaillé sur les premières maquettes du livre et là, ça a tout changé. Parce que dans l'idée, les éditeurs pensaient que j'allais faire avant une sorte de storyboard pour pouvoir faire les reportages et en fait on l'a fait à l'inspiration. Et ça ça fait toujours un peu peur à un éditeur de se dire mais non mais nous on a très très confiance on fait à chaque fois un très gros reportage Emmanuel, mon mari, qui a fait énormément de photos et ensuite donc comme j'ai l'idée de l'histoire on crée cette petite histoire. Et ça a été vraiment fantastique et je crois qu'Hachette a aimé le côté joyeux, très vivant de ce projet culinaire. Parce que souvent la cuisine ça fait rêver ça fait faim mais on n'est pas forcément dans la joie et la légèreté.

C'est vrai que quand on voit certains livres de cuisine, ce sont des pavés avec des recettes qui, pour les réaliser, demandent un diplôme d'ingénieur.

Ça fait rêver mais on ne sait pas si c'est accessible.

C'est vrai qu'avec vous Sonia c'est toujours très malin, c'est toujours très bon et c'est toujours très facile et ça c'est agréable. Donc le livre s'appelle "Je vous dis tout" et ça vaut vraiment le coup parce que c'est très sympa, c'est très gai et puis il y a surtout des recettes qui sont très bonnes. Je voudrais quand même avoir un petit mot pour conclure l'émission. Vous qui êtes vous avez un regard on va dire aiguisé sur la vie culinaire lyonnaise. Il y a pas mal de choses qui bougent à Lyon en cuisine. Comment vous voyez les choses le milieu le monde culinaire lyonnais, comment il bouge comment il évolue ?

Je trouve qu'il évolue de façon très, très intéressante. Ce qui, pour moi, a vraiment changé les choses c'est l'institut Paul Bocuse, qui a vraiment insufflé tout un tas de courants culinaires très, très divers, que ce soit des inspirations coréennes, péruviennes. Enfin les gens viennent du monde entier pour étudier et beaucoup restent à Lyon. Des concepts aussi sont très différents et je trouve justement que ça comment dire perturbe un petit peu le Lyonnais qui, de temps en temps, a tendance à s'embourgeoiser sur sa gourmandise. Et c'est bien, parce qu'on a vraiment des choses très, très variées. Même les coffee shops nous surprennent par leur créativité, par toute l'inventivité qui est proposée en cuisine.

Merci beaucoup Sonia d'être venue sur ce plateau et moi je vous dis à très bientôt pour une nouvelle émission. Bon appétit et à bientôt.

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