Renaud Payre est vice-président de la Métropole chargé du logement. Il donne sa vision de la conjoncture et les solutions qu’il envisage.
Renaud Payre est vice-président de la Métropole chargé du logement. Il donne sa vision de la conjoncture et les solutions qu’il envisage.

Crise du logement : “Il faut une politique de relance par la demande”

Renaud Payre est vice-président de la Métropole chargé du logement. Il donne sa vision de la conjoncture et les solutions qu’il envisage.

Lyon Capitale : Quelles sont vos perspectives d’ici la fin du mandat ?

Renaud Payre : Il reste encore des leviers à actionner. Aujourd’hui le foncier est un bien commun qu’il faut protéger. Depuis plus d’un an, j’essaye de convaincre la préfecture d’organiser une vraie conférence sur ce thème afin de libérer du foncier du côté de l’État, des Hospices civils, des armées, de la Métropole et pourquoi pas des universités et de la SNCF. Cependant, nous aurons beau prendre le problème dans tous les sens, nous ne pourrons pas échapper à la question des logements existants pour augmenter l’offre de logement abordable. D’où notre action de préemption qui n’a jamais été aussi forte que sous ce mandat. Autre piste : j’ai une discussion avec Action Logement – représentant l’ancien “1 % employeur”. L’idée serait de définir des zones prioritaires avec les entreprises et les salariés, flécher des fonds vers notre territoire et produire plus de logements sociaux. Enfin, nous devons aussi aller chercher des ressources au niveau européen, notamment pour sortir les gens de la rue. Nous espérons avoir très prochainement des prêts des banques européennes pour nos bailleurs sociaux.

Selon vous, quel devrait être le premier dossier du futur ministre du Logement ?

Il faut que son premier dossier soit le logement social. La réforme d’Emmanuel Macron en 2018, réduisant les ressources des bailleurs sociaux, a été suicidaire. Suicidaire, car elle empêche les bailleurs sociaux de jouer leur rôle de soutien dans les moments de crise, tant pour le secteur de la construction que pour les locataires. Cela signifie moins d’investissements, plus d’attentes pour les candidats aux logements sociaux et moins de rénovations aussi. Si nous avions eu un gouvernement de Nouveau Front populaire, c’était une des mesures que nous proposions. Ensuite, vient la question du soutien de la demande avec, derrière, la question de la solvabilité des ménages. Est-ce qu’on ne doit pas faire une grande conférence avec les banques pour parvenir à financer l’acquisition, pour élargir quand même le nombre d’acquéreurs potentiels ? Il faut une politique de relance par la demande. C’est évident.

Où en est votre plan d’urgence, lancé il y a un an, visant à soutenir les programmes de logements neufs via les bailleurs sociaux ?

Le plan d’urgence a largement fonctionné. Aujourd’hui, c’est le logement social qui soutient une partie de la promotion immobilière donc de la construction de logements libres. 5 000 logements, dont une part de logements sociaux, vont sortir de terre grâce à lui. Mais le plan n’a plus tout à fait de raison d’être aujourd’hui. Toutes les opérations de construction qui pouvaient être débloquées l’ont déjà été. Pour les autres, le foncier a été acheté tellement cher que notre soutien ne suffisait pas à les sortir de terre. Donc les situations qui sont aujourd’hui bloquées sont des situations que nous avons expertisées, mais que nous ne pouvons pas accompagner. Je rappelle quand même que nous n’avons pas tous les leviers et notamment le levier fiscal. Nous sommes dans une situation budgétaire qui est plus contrainte qu’auparavant. Quand il y a moins de ventes, il y a aussi moins de droits de mutation et donc un manque à gagner significatif pour les recettes de la Métropole. La politique du logement n’est pas impactée, mais on ne peut pas faire le travail d’un gouvernement. L’État doit prendre sa part.

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