Réunis devant l'état-major de Lyon ce jeudi, les cadres de sapeurs-pompiers ont été reçus par leur direction. S'ils en ressortent optimistes, ils restent conscients que les prochains rendez-vous seront décisifs.
Une nouvelle bascule dans la grève des sapeurs-pompiers du Rhône et de Lyon. Une bascule dont ils se seraient bien passés. Mais, "on est en pleine crise", ont souligné plusieurs sapeurs-pompiers, ce jeudi, devant l'état-major du SDMIS. Après la grève illimitée entamée le 1er octobre par les sapeurs-pompiers dans la Métropole de Lyon, ce sont les officiers qui ont passé le pas. "Les grèves et manifestations des cadres sont rares et précieuses", rappelait Clément Jacquier, représentant d'Avenir Secours, syndicat majoritaire de l'encadrement.
Plus de 150 d'entre-eux se sont donc réunis rue Rabelais, dans le 3e arrondissement lyonnais. Ainsi, les cadres du SDMIS réclament la revalorisation du pouvoir d'achat de l'ensemble des agents à la suite de la suppression d'une prime de logement "historique". Ils souhaitent également une réponse aux manques d'effectifs criants, qui entraînent notamment la hausse de leur durée d'intervention. "A cause de ça, il est de plus en plus fréquent que les pompiers interviennent dans des secteurs qui ne sont pas les leurs", souligne Nicolas Lauret, représentent Syndicat Sud, venu en soutien des cadres.
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Une "ouverture" pour le pouvoir d'achat
Pendant plus d'une heure, une délégation d'officiers a été reçue par la direction départementale et métropolitaine. Les représentants syndicaux ont donc mis sur la table leurs revendications, lors d'un échange "très franc, le plus honnête possible, calme et posé, où différents sujets du quotidien ont aussi été évoqués", souligne Anthony Fossat, président de la section SDMIS d'Avenir Secours.
Sur la première des revendications évoquées, soit le pouvoir d'achat - après la perte d'une prime de logement -, "on a eu potentiellement une ouverture sur la non-perte de pouvoir d'achat pour ceux qui la touchaient". Pour rappel, la suppression de cette prime "historique de plus de 50 ans" fait suite à un rapport de la Chambre régionale des comptes publié le 21 juin 2023, indiquant que cette dernière ne repose sur aucun "fondement juridique propre". L'élément détonateur de cette mobilisation. "C'était comme un avantage acquis", glisse un sapeur-pompier.
Clément Jacquier d'Avenir Secours reprend : "Il s'agit aussi de penser au pouvoir d'achat de chacun et de voir dans quelle mesure on peut l'améliorer, au regard de la charge opérationnelle et fonctionnelle qui augmente". Une charge due notamment au manque d'effectifs.
Deux réunions décisives à venir
Cet échange de jeudi avec la direction sera suivi de réunions de travail vendredi et lundi prochains. Les sapeurs-pompiers rencontreront leurs financeurs lundi, donc, notamment, la Métropole de Lyon (80 %) et le Département avec les collectivités (20 %). "Elles (les réunions) peuvent décider la suite du mouvement ou non", affirme Clément Jacquier.
"Sur les budgets de l'année dernière, on était déjà alerté par les collectivités locales sur les difficultés financières, se souvient la député du Rhône, Marie-Charlotte Garin (EELV), de passage pour les soutenir. L'Etat demande toujours plus aux pompiers, parfois des missions qui relèvent du nationale et non pas du locale, et pourtant les dotations aux collectivités n'augmentent pas. Donc, on va mener à nouveau cette bataille".
"On croit en notre service et en sa qualité. Donc, on pense qu'un fléchage plus favorable peut encore être appliqué par nos financeurs, qu'ils soient locaux ou nationaux", espère le président d'Avenir Secours. "Nous avons fait un effort considérable, néanmoins, cela ne suffit pas", concédait Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, vendredi dernier, invitant l'Etat à faire plus. Dans l'attente de réponses à leurs revendications, les sapeurs-pompiers poursuivent leur grève illimitée. Et entendent se faire entendre, avec un possible durcissement du mouvement.
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