Tracteur sur la m6
Photo d’illustration d’un blocage des agriculteurs sur l’A7. (Crédit Romane Chopard)

Agriculteurs en colère : "le mois de novembre pourrait être annonciateur de mouvements" à Lyon

Alors que les syndicats nationaux d'agriculteurs appellent à la mobilisation à partir de mi-novembre, la situation bouillonne également à l'échelle locale, où une reprise du mouvement d'ici peu n'est pas tout à fait à exclure.

Les agriculteurs français avaient quitté les autoroutes, au printemps dernier, avec 70 engagements promis par le gouvernement. S'en était suivi une crise politique d'ampleur et un changement de gouvernement, qui, logiquement, n'a pas fait avancer les discussions. Depuis, la colère monte. Ou plutôt, remonte. Dans un entretien accordé au Ouest-France, la FNSEA et les JA (Jeunes agriculteurs) appellent donc à une "reprise des actions à partir du 15 novembre 2024", après les dernières récoltes et les semis de blé.

Lire aussi : A Lyon, "les agriculteurs sont prêts à se battre pour leur métier"

A l'échelle locale, aussi, une reprise du mouvement n'est pas à exclure. "Les agriculteurs sont encore en plein semis, ils ont cette préoccupation. Mais après ça, le mois de novembre pourrait être annonciateur de mouvements", ressent Pascal Gouttenoire, président de la FDSEA du Rhône. Des propos qui concordent avec ceux de son collègue Loic Virieux, président des JA 69 : "Au niveau départemental, il n'y a pas encore de mouvement programmé, mais on est en discussions. Ce n'est pas impossible qu'on reparte, mais aujourd'hui, on ne sait pas".

La crainte d'un nouvel accord européen

S'ils s'accordent pour "donner sa chance à la nouvelle ministre de l'Agriculture", Annie Genevard - nommée le 21 septembre par Michel Barnier -, les agriculteurs s'inquiètent cependant d'un possible accord entre la Commission européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) lors du sommet du G20, qui se déroule à Rio (Brésil) les 18 et 19 novembre prochains.

"On avait déjà énormément alerté là-dessus", note Loic Virieux, qui regrette le manque de fermeté de l'Etat français dans ces discussions. Pascal Gouttenoire de la FDSEA reprend : "Je pense que si on n'avait pas bougé en début d'année, ces accords seraient peut-être déjà signés". Une ligne rouge pour les syndicats, puisque l'accord déboucherait sur d'importantes importations agricoles en provenance d'Amérique du Sud, où les lois de production sont très différentes de l'Europe et beaucoup moins contraignantes.

Une dénonciation partagée par la Confédération paysanne, autre syndicat agricole, plus en retrait concernant un éventuel mouvement d'ampleur de la profession. "Evidement, ces accords sont un point de friction supplémentaire", précise Xavier Fromont, président local du syndicat.

Lire aussi : Agriculteurs du Rhône mobilisés : "C'est la passion qui me fait tenir aujourd'hui"

"Ils nous ont juste donné quelques miettes"

Pour autant, après des moissons catastrophiques ou plus récemment des épisodes climatiques dramatiques, la crainte de cet accord ne représente qu'une partie de l'inquiétude du milieu agricole. "La colère n'est jamais vraiment partie, poursuit le président des Jeunes Agriculteurs. Le gouvernement, après le mouvement, nous a beaucoup écouté. Mais la dissolution a mis notre travail à mal. On s'est dit : 'ils nous ont juste donné quelques miettes'. Aujourd'hui, rien n'a avancé par rapport à ce qu'on a eu au printemps".

La Confédération paysanne, elle, cible ses actions depuis la fin du mouvement au printemps dernier en mettant l'accent sur plusieurs mesures précises (disponibilité du foncier et les énergies, Lactalis, fièvre catarrhale ovine, protection sociale...). Tous restent cependant unanimes pour dire que le compte n'y est pas. Et ce, malgré les avancées faites avec l'ancien gouvernement. "Certains sont résignés, ils ont lâché prise", lâche Pascal Gouttenoire, dépité mais pas rassasié. Et surtout prêt à repartir de plus belle si la situation le demande.

Lire aussi : "Les agriculteurs ont besoin de stabilité et de sécurité"

Laisser un commentaire

Suivez-nous
tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut