Laurent Derex est neurologue à l'unité neuro-vasculaire à l'hôpital neurologique des HCL.
Laurent Derex est neurologue à l’unité neuro-vasculaire à l’hôpital neurologique des HCL.

Journée mondiale de l'AVC : "80% pourraient être évités"

Laurent Derex est neurologue aux Hospices civils de Lyon. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'AVC, ce 29 octobre.

Laurent Derex, neurologue à l'unité neuro-vasculaire de l'hôpital neurologique des HCL, contextualise : "Il y a 150 000 personnes, par an en France, qui sont victimes d'un AVC. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, elles sont au moins 13 500. C'est la première cause de mortalité chez la femme, aujourd'hui, et c'est la première cause de handicap acquis en France."

Parmi les signes qui doivent alerter d'un accident vasculaire cérébral , "c'est l'installation soudaine d'un déficit neurologique : d'un instant à l'autre, soudainement, l'incapacité à parler ou à comprendre ou une paralysie d'un hémicorps, de toute la moitié du corps ou simplement de la face, une déviation de la bouche. Parfois, les symptômes sont plus difficiles à reconnaître, comme par exemple, des maux de tête très intenses et soudains, un vertige soudain ou un trouble visuel soudain, l'amputation d'une partie du champ de vision ou la perte de la vision d'un œil. Ce sont des symptôme plus subtils et plus difficiles à reconnaître. Mais c'est surtout le caractère soudain de l'installation de symptômes neurologiques qui doit conduire à appeler le 15 parce que c'est ce qui va permettre d'être orienté dans le bon hôpital, de bénéficier d'un scanner ou d'une IRM en urgence et, surtout, d'un traitement d'urgence parce que si on agit tôt dans l'AVC, on peut guérir."

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Le neurologue explique aussi les différentes typologies d'accident vasculaire cérébral : "il y a deux types d'AVC. Il y a d'abord ce qu'on appelle les accidents vasculaires cérébraux ischémiques. Ce sont les infarctus cérébraux : un caillot obstrue une artère cérébrale et entraîne une souffrance du tissu cérébral. Si on n'agit pas très tôt pour ouvrir l'artère, on va évoluer vers la destruction du tissu cérébral, vers l'infarctus cérébral. C’est la grande majorité des AVC, 80%. Ensuite dans 20% des cas, il s'agit d'une hémorragie intracérébrale, c'est-à-dire que le vaisseau n'est pas bouché, mais se rompt. Le sang fait issu dans le tissu cérébral et entraîne des dégâts intracérébraux."

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"Idéalement, il faut agir dans les trois premières heures de l'AVC pour obtenir la guérison"

Sur les réflexes à avoir, le neurologue des Hospices civils de Lyon est catégorique : " appelez le 15 ! C'est vraiment l'élément essentiel, parce que c'est ce qui va être garant d'une admission et d'une imagerie sans délai, d'un traitement d'urgence. Idéalement, il faut agir dans les trois premières heures de l'AVC pour obtenir la guérison. On peut parfois traiter jusque dans les six heures, ou même au-delà chez certaines personnes, mais vraiment, le garant de la guérison, c'est rouvrir l'artère le plus rapidement possible."

Plus de détails, notamment sur les facteurs de risques, dans la vidéo...


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission “6 Minutes Chrono”, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de santé à l'occasion de la journée mondiale de la lutte contre les AVC le 29 octobre et pour en parler, nous recevons Laurent Derex qui est neurologue à l'unité neurovasculaire à l'hôpital neurologique des HCL. Bonjour Laurent Derex. Merci d'être venu sur notre plateau, on va rentrer dans le vif du sujet. D'abord, pourquoi une journée mondiale de lutte contre les AVC ? Qu'est-ce que ça représente en France ? 

Parce que l'AVC est un problème important de santé publique. Il y a 150 000 personnes par an en France qui sont victimes d'un AVC et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, 13 500 au moins. C'est la première cause de mortalité chez la femme maintenant et c'est la première cause de handicap acquis en France. 

Voilà, donc c'est quand même assez conséquent ces chiffres que vous venez de citer. Peut-être qu'on peut commencer par faire de la prévention un petit peu : comment reconnaître les symptômes d'un AVC ? Comment est-ce qu'on le repère ? 

Ce qui doit alerter, c'est l'installation soudaine d'un déficit neurologique. Donc, d'un instant à l'autre, soudainement, l'incapacité à parler ou à comprendre ou une paralysie d'un hémicorps, de toute la moitié du corps ou simplement de la face, une déviation de la bouche. Parfois, les symptômes sont plus difficiles à reconnaître parce que ça peut être, par exemple, des maux de tête très intenses, soudains, ou bien un vertige soudain ou un trouble visuel soudain, l'amputation d'une partie du champ de vision ou la perte de la vision d'un œil. Des symptômes qui sont plus subtils, plus difficiles à reconnaître. Mais c'est surtout le caractère soudain de l'installation de symptômes neurologiques qui doit conduire à appeler le 15 parce que c'est ce qui va permettre d'être orienté dans le bon hôpital, de bénéficier d'un scanner ou d'une IRM en urgence et surtout d'un traitement d'urgence parce que si on agit tôt dans l'AVC, on peut guérir. 

C'est important de le dire. Bon, on commence un peu par la fin sur comment on traite les AVC, mais avant de cela, on peut définir les différents types d'AVC. On en parlait avant l'émission. Il y a quand même des choses différentes. Ce n'est pas la même chose. Est ce que vous pouvez nous dire un peu les différentes catégories d'AVC que l'on recense ? 

En gros, il y a deux types d'AVC. Donc, il y a ce qu'on appelle les accidents vasculaires cérébraux ischémiques. Donc, c'est les infarctus cérébraux, c'est-à-dire qu'il y a un caillot qui obstrue une artère cérébrale et donc ça entraîne une souffrance du tissu cérébral. Et si on n'agit pas très tôt pour ouvrir l'artère, on va évoluer vers la destruction du tissu cérébral, vers l'infarctus cérébral. Donc, ça, c'est la grande majorité des AVC. C'est 80%. Et puis, dans 20%, c'est une hémorragie intracérébrale. C'est-à-dire que le vaisseau n'est pas bouché, mais il se rompt. Et le sang fait issu dans le tissu cérébral et entraîne des dégâts intracérébraux. 

Et dans les deux cas, les symptômes que vous avez cités auparavant sont valables ? Et d'ailleurs, en parlant de symptômes, pour terminer cette petite séquence, est-ce qu'ils peuvent se recouper ? On peut avoir plusieurs symptômes en même temps, ou est-ce que c'est forcément l'un de ceux que vous avez cités ? 

Tout à fait. Ça peut être plusieurs symptômes d'installation simultanée, à la fois un trouble du langage et une paralysie, une hémiplégie, ou à la fois un trouble du langage et des troubles de la sensibilité, des fourmillements, un engourdissement de tout l'hémicorps par exemple, ou simplement du bras ou de la jambe. 

D'accord. Et donc, si on repère un de ces symptômes, comment agir ? Il faut appeler le 15. Il faut aider la personne, elle ne doit plus bouger, on doit l'allonger. Quels sont les gestes lorsqu'on a une suspicion forte d'un AVC ? 

Surtout, appelez le 15, c'est vraiment l'élément essentiel, parce que c'est ce qui va être garant d'une admission sans délai, d'une imagerie sans délai, d'un traitement d'urgence, parce que idéalement, il faut agir dans les trois premières heures de l'AVC pour obtenir la guérison. On peut parfois traiter jusqu'à 6 heures ou même au-delà chez certaines personnes, mais vraiment, le garant de la guérison, c'est rouvrir l'artère le plus rapidement possible. Ensuite, vous l'avez dit, plutôt allonger la personne, la maintenir allongée, et surtout, appeler les secours et appeler le 15 pour pouvoir avoir une prise en charge sans délai. 

D'accord. Et parce que ce sont quand même des symptômes qui parfois ressemblent à des choses qui ne sont pas forcément inquiétantes. Vous parliez d'une migraine, parfois, c'est des choses qui sont aussi la vie quotidienne. C'est surtout le caractère intense. 
Et soudain ? 

Inhabituel, soudain, des maux de tête qui doivent alerter. 

D'accord. Et c'est important de le dire. Et comment est-ce qu'on traite, côté médecine, les AVC ? Vous en avez un petit peu parlé. Qu'est-ce qui se passe dans la recherche ? Ou est-ce qu'on est capable aujourd'hui d'agir rapidement et d'éviter des drames ? 

Alors, si on est face à un infarctus cérébral, s'il y a une artère qui est obstruée par un caillot, on donne un traitement qui vise à rouvrir l'artère. Donc, un traitement qu'on appelle la thrombolyse, la fibrinolyse. C'est un médicament qu'on administre par voie intraveineuse. Idéalement, dans les toutes premières heures de l'accident, si on arrive à ouvrir l'artère, la fonction peut revenir, le déficit peut récupérer. Parfois même durant la perfusion. Et puis, si c'est une artère de gros calibre, une grosse artère qui est occluse, on peut maintenant intervenir par voie endovasculaire pour rouvrir l'artère. Par exemple, si l'artère carotide est occluse, le neuroradiologue interventionnel peut cheminer dans les vaisseaux, monter un petit tuyau jusque dans l'artère cérébrale occluse et rouvrir l'artère de façon mécanique. C'est ce qu'on appelle la thrombectomie mécanique. Et maintenant, on a des armes depuis les dernières années pour traiter même les accidents vasculaires cérébraux graves et pouvoir obtenir la guérison dans au moins la moitié des cas. 

D'accord, donc ce sont des chiffres importants aussi, effectivement, à souligner. On va conclure cette émission, les 6 minutes vont bientôt se terminer. Pouvez-vous nous expliquer quels sont les facteurs de risque ? Comment, si l'on sait qu'on a une fragilité, ou on peut dire qu'on peut être plus fragile de ce point de vue-là, comment est-ce qu'on peut limiter, faire attention pour ne pas avoir d'AVC ? 

La bonne nouvelle dans l'AVC, c'est qu'on peut en prévenir peut-être 80%. Donc il y a vraiment la possibilité de prévenir l'accident avant qu'il ne survienne. C'est le meilleur traitement de l'AVC, la prévention. Et donc surtout, être attentif à ces facteurs de risque et connaître ces chiffres. C'est-à-dire qu'il faut à peu près avoir une idée de ce que doit être la pression artérielle normale, de ce que doit être le cholestérol normal, de ce que doit être la glycémie normale. Et tout un chacun peut diminuer son risque en adoptant un mode de vie qui réduit le risque d'AVC. Donc le premier facteur de risque d'AVC, c'est l'hypertension artérielle. Et donc il y a 5 millions de personnes en France qui sont hypertendues sans le savoir. Et donc c'est important de prendre sa pression artérielle, de faire mesurer sa pression artérielle. Et en gros, il faut avoir une tension en dessous de 14 sur 9. Si on a une tension au-dessus de 14 sur 9, c'est très important de débuter un traitement, tout au moins de prendre l'avis du médecin généraliste. Et s'il considère qu'il y a une hypertension artérielle, d'être traité parce que c'est le principal facteur de risque d'AVC. Et une hypertension artérielle non traitée peut en elle seule entraîner un accident vasculaire cérébral, notamment une hémorragie intracérébrale. Ensuite, il y a beaucoup de facteurs de risque qui sont modifiables, notamment le tabagisme, la consommation de cannabis, la sédentarité, bien sûr l'élévation du cholestérol, notamment du mauvais cholestérol, le cholestérol LDL. Donc en adoptant par exemple un mode de vie où on fait 30 minutes d'activité physique par jour, on va diminuer son risque de développer une hypertension artérielle, on va diminuer son risque d'AVC. Adopter aussi une alimentation équilibrée, plutôt en régime méditerranéen, ça a un impact très fort aussi sur la prévention du risque d'AVC. Être attentif aussi à sa glycémie et à son cholestérol. 

Un mode de vie sain en fait, c'est finalement… 

Et en plus connaître ses chiffres et donc être attentif à tout ça, avoir un cholestérol aux environs de 2 grammes par litre, une glycémie aux environs d'un gramme par litre, c'est aussi très important. 

Merci, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Laurent Derex d'être venu sur notre plateau pour nous donner ces informations. Quant à vous, vous pouvez retrouver toute l'actualité de la santé sur le site longcapitale.fr. À très bientôt.  

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