Vinciane Brunel
Vinciane Brunel

Changement climatique : "un décalage entre ce qui est attendu et ce qui est présenté"

Vinciane Brunel, coprésidente du groupe Les Ecologistes au conseil métropolitain de Lyon, est l'invitée de 6 minutes chrono.

Michel Barnier a présenté, vendredi dernier, le plan d'adaptation au changement climatique du gouvernement à Givors, une ville sévèrement touchée par les inondations de la mi-octobre. Un plan qui a laissé sur sa fin la coprésidente du groupe Les Ecologistes à la Métropole de Lyon : "Les mesures qui sont présentées nous semblent quand même un petit peu en décalage entre ce qui est attendu et ce qui est présenté. Là, on parle notamment d'une rallonge de 75 millions d'euros. C'est vrai que quand on pense, nous, on a évalué par exemple tout ce qui est travaux autour justement de Jivore et de la rive du Gé à 80 millions d'euros. Donc, vous voyez en termes de niveau comment on se situe. Et puis, il faut le mettre en lien en fait avec ce qui a été annoncé jusqu'à C'est-à-dire, on a aussi moins 1,5 milliard d'euros sur le fonds vert qui est le fonds qui permet aux collectivités de faire tous les travaux de transition écologique. On a eu moins 500 millions sur l'ADEME qui pourtant, dans le plan en plus, a été annoncé comme une des agences avec le CEREMA ou avec l'agence de l'eau qui ont un rôle important et qui va de plus en plus être crucial pour l'accompagnement des collectivités. Et il avait été prévu dans le budget 2025 de les amputer 500 millions d'euros. Donc, c'est vrai que tout ça ajouté, on s'y retrouve quand même pas bien".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Vinciane Brunel

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec Vinciane Brunel. Vous êtes co-présidente du groupe Les écologistes à la métropole de Lyon, on vous a invité pour revenir avec vous sur ces inondations qui ont eu lieu en partie sur le territoire métropolitain à Givord, au sud de la métropole de Lyon. Michel Barnier est venu la semaine dernière présenter un plan de prévention et d'adaptation au changement climatique du gouvernement. Comment vous l'avez reçu ce plan ? Est-ce que vous trouvez qu'il est à la hauteur finalement des épisodes qu'on commence à vivre un peu partout sur le territoire ?


Peut-être d'abord juste avant de répondre à vos questions, rappeler notre soutien à toute la population et aux acteurs aussi privés, entreprises qui ont subi de plein fouet ces inondations. Au-delà de la question matérielle, c'est vrai que c'est souvent un phénomène assez marquant de vivre ce genre d'inondation, surtout de manière assez brutale comme ça. Et après oui, sur le fond Barnier effectivement, sur les mesures, c'est quelque chose qu'on attendait depuis longtemps, six mois d'attente là-dessus. Les mesures qui sont présentées nous semblent quand même un petit peu, il y a un petit peu de décalage en fait entre ce qui est attendu et ce qui est présenté. Là, on parle notamment d'une rallonge de 75 millions d'euros. C'est vrai que quand on pense, nous, on a évalué par exemple tout ce qui est travaux autour justement de Jivore et de la rive du Gé à 80 millions d'euros. Donc, vous voyez en termes de niveau comment on se situe. Et puis, il faut le mettre en lien en fait avec ce qui a été annoncé jusqu'à C'est-à-dire, on a aussi moins 1,5 milliard d'euros sur le fonds vert qui est le fonds qui permet aux collectivités de faire tous les travaux de transition écologique. On a eu moins 500 millions sur l'ADEME qui pourtant, dans le plan en plus, a été annoncé comme une des agences avec le CEREMA ou avec l'agence de l'eau qui ont un rôle important et qui va de plus en plus être crucial pour l'accompagnement des collectivités. Et il avait été prévu dans le budget 2025 de les amputer 500 millions d'euros. Donc, c'est vrai que tout ça ajouté, on s'y retrouve quand même pas bien.

Pour vous, le plan n'est pas adapté, sans mauvais jeu de mot, à la situation qu'on vit déjà et qu'on va vivre demain ?


On peut dire ça.


Vous évoquiez justement les habitants, les entrepreneurs à Givors. Est-ce qu'il va falloir là aussi, peut-être que la métropole, Michel Barnier, se déplaçait après dans un autre territoire du département du Rhône, à Eveux, dans les monts du Lyonnais, où là, pour finalement contrer des inondations dues à des crues de la rivière La Brevenne, la collectivité a racheté des terrains et finalement les a désarticulés. Est-ce que vous, vous dites à Givors, il y a des endroits qui sont en zone inondable et qui vont en l'être régulièrement, donc il faut qu'on arrête de construire dessus ou en tout cas qu'on désimperméabilise. Est-ce qu'à terme, par exemple, il y a des habitations pour vous qui doivent être déplacées, le centre commercial qui doit être déplacé ?


Alors, c'est vrai que c'est une vraie question parce qu'effectivement, à Givaud, pour le coup, c'est vraiment un exemple typique de la maladaptation du territoire ou comment on a urbanisé sans tenir compte de ces risques d'inondations, puisque la zone commerciale de Givaud a été construite sous la zone d'expansion de la rivière Dugay, c'est-à-dire justement la zone qui était là pour recevoir les débordements de la rivière. Et on a construit à cette place là, on a artificialisé. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, ça pose question parce qu'on sait que ces épisodes vont être de plus en plus nombreux, à la fois les épisodes d'inondations et à la fois aussi tout ce qui est épisodes à la verse de canicule et de sécheresse. Donc aujourd'hui, la question de l'artificialisation des sols, elle est vraiment importante. Nous, on le rappelle encore au travers de la Loisanne, mais comme vous voyez, elle est sans cesse.


La Loi Zan, c'est celle qui prévoit de réduire en 2050, d'arrêter de construire sur des terrains non construits déjà. En même temps, le gouvernement va peut-être la revoir celle-ci...


C'est là où on commence à être dans la coïncidence du cirque. C'est-à-dire à la fois, on voit bien que les inondations créent des dégâts, ça coûte très cher. Et encore, on a eu de la chance de ne pas avoir de perte humaine nous concernant. Et à la fois, les décisions politiques, à chaque difficulté, elles reculent sur ces questions-là. Et ça devient de plus en plus urgent. Et notamment tout ce qui est en plus construction des digues. C'est un élément important. Il faut savoir, par exemple, que sur la GEMAPI, donc la gestion des milieux aquatiques et des préventions d'inondations, c'est une compétence qui a été transférée en 2018 aux collectivités. L'État a transféré cette compétence sans moyens supplémentaires, par exemple, alors qu'on sait que typiquement, les travaux d'endiguement, c'est des travaux qui coûtent très cher. Nous, malgré tout, on a budgété près de 40 millions sur la GEMAPI. Et on a notamment lancé les travaux sur les systèmes d'endiguement des crues du Rhône, notamment pour Villeurbanne-Saint-Jean et Vaulx-en-Velin, où les risques pourraient concerner à peu près 80 000 personnes. Donc nous, on a déjà lancé une partie de ces travaux-là. Mais ça demande vraiment une mobilisation de toutes les collectivités et de l'État compris.


Parce que vous, qu'est-ce que vous pouvez faire, à part peut-être faire du zèle sur la loi zéro artificialisation nette, ce qui est plutôt ce qu'on, pour l'instant, a annoncé ou ce que font, au travers des plans locaux d'urbanisme, les majorités écologistes. Est-ce que la métropole peut aller plus loin pour renaturer des zones, pour éviter cette artificialisation, cet étalement urbain ?


Alors oui, c'est ce qu'on fait déjà, notamment avec la stratégie de villes perméables, où là, pareil, on a budgété 18 millions d'euros. Et on fait en sorte, en fait, dans tous nos aménagements de voirie et tous nos aménagements urbains, d'intégrer cette question de la perméabilisation des sols.


Vous constatez des améliorations, par exemple, ce fameux jour, ce jeudi où il a tant plu. Est-ce que vous avez vu, dans Lyon, à Villeurbanne, là où vous avez fait ces travaux, un effet immédiat ?


Oui, alors c'est vrai qu'effectivement, il y a, vous savez, les aménagements que vous voyez, ce qu'on appelle les arbres de pluie, c'est-à-dire les aménagements qu'on fait maintenant avec des arbres avec des grands bocages en bois qui permettent justement de favoriser la pénétration de l'eau dans la terre. C'est des choses qui marchent assez bien, en fait, pour éviter que ce qui se faisait jusqu'à présent, c'est-à-dire que l'eau allait dans les égouts, et c'est quand les égouts sont engorgés que là, on a des inondations sur le territoire. Donc, c'est important de mettre en place ce genre de dispositif. On a vu aussi, par exemple, l'efficacité du bassin de rétention à Asatonecan, qui a vraiment joué son rôle de rétention de l'eau pendant les fortes pluies, là où du coup, il n'y a pas eu d'inondation autour. Et on l'a couplé avec un arboretum, ce qu'on appelle, c'est-à-dire on a planté, sans mettre cet arbre dans ce bassin de rétention pour qu'il joue à la fois le rôle contre les inondations en cas de forte pluie, mais aussi pour la période canicule, avec tous les arbres et en mélangeant les essences, de prévoir aussi des îlots de fraîcheur et de réduire la température, puisque c'est sur ces deux volets-là qu'il faut agir simultanément.

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