Avec, en 2023, 53 000 nouveaux cas pour 33 000 décès, le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer en France. Il reste pourtant méconnu.
Avec 52 777 nouveaux cas pour 33 177 décès, le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer. "Le cancer du poumon souffre d'une mauvaise image parce que c'est un cancer avec une mortalité élevée. C'est le 2e cancer prévalant chez l'homme et le 3e chez la femme." confirme le Dr Chantal Decroisette, pneumo-oncologue au centre Léon Bérard.
"Le poumon est un organe très traître parce qu'il est grand. Et avant que le patient ne se rende compte qu'il y a un problème, avant qu'il y ait une toux, un crachat de sang, une douleur thoracique (symptômes du cancer du poumon, NdlR), il se passe énormément de choses à l'intérieur avant qu'on s'en rende compte parce que, anatomiquement c'est déjà un peu avancé. C'est la raison pour laquelle 2/3 tiers de nos patients ont malheureusement déjà des métastases au moment de la découverte de la maladie."
A l’occasion de "Novembre Perle", le mois de sensibilisation au cancer du poumon, le Centre Léon Bérard, centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes, et le laboratoire pharmaceutique Johnson & Johnson, organisent la 2e édition de "Parlons poumons !", un après-midi d’échanges et d’information sur les cancers du poumon. Cet événement aura lieu mercredi 13 novembre 2023, de 15h à 18h, au Centre Léon Bérard, à Lyon, et s’organisera autour de 2 tables rondes sur les thèmes suivants : les progrès thérapeutiques dans la prise en charge des cancers du poumon et le parcours patient.
Le cancer du poumon en France - Statistiques
En France, en 2023, on dénombrait 52 777 nouveaux cas de cancers du poumon (33 438 chez les hommes et 19 339 chez les femmes). Si son incidence se stabilise chez les hommes (-0,5% entre 2010 et 2023), il est en forte progression chez les femmes (+4,3 % entre 2010 et 2023).
Le cancer du poumon est le 2e cancer le plus fréquent chez l’homme, le 3e chez la femme1 et en 1e place en termes de mortalité (30 400 décès en 2021).
Source : INCA, panorama des cancers en France – édition 2024
Méconnaissance des Français
Cette après-midi d'échanges est ouverte à tout le monde, sur inscription, afin de poser toutes les questions sur le sujet à des spécialistes.
Une récente enquête réalisée par l’Institut Ipsos pour Johnson & Johnson fait en effet état d’une certaine méconnaissance des Français sur cette maladie. Près d'1 Français sur 2 ignore que le cancer du poumon peut s’étendre à d’autres organes et près de 2 sur 5 ne savent pas qu’il existe plusieurs formes ou sous-types de cancer du poumon.
Ou que 20% des patients qui présentent un cancer du poumon n'ont jamais fumé. "La proportion des non-fumeurs est assez importante et ne cesse d'augmenter. La médecine arrive à comprendre la raison de ces cancers liés à des mécanismes totalement différents de ceux induits par le tabac. On connaît maintenant des facteurs de risque, telle que la pollution, telle que l'amiante, ou tel que le radon, qui sont des facteurs cancérigènes du poumon."
"Parlons Poumons !"Le lien d’inscription et le programme détaillé sont disponibles sur : www.parlons-poumons.fr
La restranscription intégrale de l'entretien avec le Dr Chantal Decroisette
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui docteur Chantal Decroisette, pneumo-oncologue au Centre Léon-Berard. Bonjour.
Bonjour
Merci d'avoir accepté notre invitation. Alors c'est vrai qu'on a beaucoup parlé d' "Octobre rose", le mois du dépistage du cancer du sein. Ce qu'on connaît moins c'est "Novembre perle" qui est le mois de la sensibilisation au cancer du poumon. Ce mercredi, le centre Léon Bérard vous lancez la deuxième édition de "Parler Poumons". On va en reparler un peu mais peut être avant on va parler du cancer du poumon qui est. Si on regarde les chiffres de 2023, il y a 53 000 nouveaux cas c'est ça ?
Oui c'est ça, c'est 53 000 nouveaux cas de cancer du poumon par an en France. Sans compter les patients encore en cours de traitement. Donc c'est énorme c'est le deuxième cancer prévalant chez l'homme et le troisième chez la femme.
Sur ces 53 000 nouveaux cas de cancer, il y a à peu près 31 000 décès. Donc ça fait plus de 60%. On parle de certains cancers plus de certains cancers que d'autres. Pourquoi le cancer du poumon on en parle un peu moins.
Le cancer du poumon souffre malheureusement d'une mauvaise image parce que, comme vous l'avez dit, c'est un cancer qui est assez grave avec une mortalité élevée, mais grâce aux progrès de la médecine, la mortalité par cancer du poumon diminue. Il faut le savoir. L'épidémologie du cancer du poumon c'est essentiellement le tabac qui est pourvoyeur. Mais la proportion de patients non-fumeurs et jeunes ne cesse également d'augmenter ces derniers temps.
Il y a un chiffre que j'ai eu qui m'a étonné c'est que 20% des patients qui présentent un cancer du poumon n'ont jamais fumé.
Tout à fait. La proportion des non-fumeurs est assez importante et ne cesse d'augmenter. Et la médecine arrive à comprendre la raison de ces cancers qui sont liés à des mécanismes totalement différents par rapport au tabac. Donc on connaît maintenant des facteurs de risque tels que la pollution, l'amiante, le radon qui sont des facteurs cancérigènes du poumon.
Alors le radon ce qu'on connaît un peu moins la pollution on connaît tous. Puisqu'on habite dans des villes les villes vont être de plus en plus denses. Il y a la voiture il n'y a pas que ça il y a les transports mais il y a aussi tout ce qui est chauffage il y a l'industrie. On a une idée ou pas ou c'est trop précis de ce que présente la pollution sur les poumons en termes de prévalence de cancer ou pas ? Ou c'est trop compliqué ?
Alors ça dépend des endroits. Il y a eu de grandes études internationales qui ont démontré qu'il y avait des zones de la planète très polluées telles que la Chine ou certains pays où il y avait une incidence accrue de cancer du non-fumeur et qui sont très souvent liées à ce qu'on appelle des mutations oncogéniques qui sont des anomalies moléculaires sur la cellule tumorale. Il y a une augmentation de ces anomalies moléculaires et qui nous ouvre des portes à des thérapies qu'on dit ciblées.
J'ai lu ça en préparant l'émission que 75% des cancers du poumon sont diagnostiqués à un stade avancé du fait de symptômes peu spécifiques. Comment on inverse la tendance justement ?
Alors comment inverser la tendance ? Alors vous savez le sein ou le colon bénéficie de programmes de dépistage de masse. Pour le poumon, ça commence à bouger en France. On fait des dépistages qu'on dit ciblés. L'Institut national du cancer est en train de porter un grand projet sur ce dépistage ciblé. Le poumon est un organe très traître parce qu'il est grand. Et avant que le patient ne se rende compte qu'il y a un problème, avant qu'il y ait une toux, un crachat de sang, une douleur thoracique il se passe énormément de choses à l'intérieur avant qu'on s'en rende compte parce que, anatomiquement c'est déjà un peu avancé. Effectivement c'est la raison pour laquelle 2/3 tiers de nos patients ont malheureusement déjà des métastases au moment de la découverte de la maladie.
Vous parliez de dépistage tout à l'heure notamment sur le sein sur le colon. Les dépistages aujourd'hui pour le poumon ça se fait à partir de quel âge ?
Alors on a deux grandes études internationales qui nous ont donné à peu près la population cible. C'est à partir de 55 ans. Quand vous avez eu fumé en gros ce qu'on appelle 30 paquets année, vous avez eu fumé dans votre vie et entre 55 et 70, 75 ans, on peut tout à fait mais c'est ce qu'on appelle un dépistage ciblé. Il faut en parler aux professionnels de santé à nos médecins pour pouvoir bénéficier de ce type d'approche.
J'ai aussi lu un chiffre. Le cancer du poumon représente 15% du coût financier total du cancer. C'est à dire que c'est le coût économique le plus élevé de tous les cancers. Comment on explique ça ?
La prise en charge du cancer du poumon fait appel à énormément d'acteurs de soins et énormément de spécialités. La chirurgie la radiothérapie, toutes les perfusions anticancéreuses, les thérapies orales. Et puis, du coup, ça engendre un coût de santé pour nos sociétés importants. Les patients sont très vite métastatiques donc avec toutes ces prises en charge hospitalisation à domicile soins de confort. On aura aujourd'hui une table ronde autour de toute cette approche qu'il faut avoir autour du traitement spécifique du cancer. Tout ça génère des coûts médico-économiques extrêmement importants.