Un accident en août 2022 a coûté la vie à deux jeunes Lyonnais, Iris et Warren, qui circulaient en trottinette quai Joffre (Lyon 2e), devenu l’un des axes les plus meurtriers à Lyon ©PHOTOPQR/LE PROGRES/JoÎl PHILIPPON
Un accident en août 2022 a coûté la vie à deux jeunes Lyonnais, Iris et Warren, qui circulaient en trottinette quai Joffre (Lyon 2e), devenu l’un des axes les plus meurtriers à Lyon ©PHOTOPQR/LE PROGRES/JoÎl PHILIPPON
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Accidents : les rues les plus dangereuses de Lyon

Déjà trente et une personnes ont trouvé la mort sur les routes de la métropole de Lyon ces douze derniers mois. Incivilités, conduite dangereuse, sensibilisation, aménagement, verbalisation, les défis de la sécurité routière sont nombreux pour les acteurs publics. Dans ce contexte, la majorité écologiste vise le zéro accident mortel d’ici 2050. Une première pour une collectivité française.

Contrairement aux radars automatiques qui flashent les automobilistes en infraction, les radars pédagogiques indiquent seulement la vitesse des voitures. Souriants ou au contraire en colère et sans la menace de l’amende, ou du retrait de points sur le permis, ils n’effraient personne. Une qualité pour qui veut comprendre comment circulent les véhicules à Lyon. On en compte vingt-deux dans l’agglomération, tous situés dans l’hypercentre, installés “aux endroits qui nous semblaient les plus accidentogènes”, avance Fabien Bagnon (EÉLV), vice-président à la Métropole de Lyon chargé des mobilités, responsable de ces radars. Parce qu’ils n’influencent pas ou peu la conduite des automobilistes, ils offrent une photographie réaliste des comportements des conducteurs. Or, les informations collectées sur les vingt-deux radars pédagogiques sont devenues publiques. Les résultats sont cruels : sur la majorité des routes les plus dangereuses de la ville, les limites de vitesse – souvent fixées à 30 km/h – ne sont pas respectées. Plus grave encore, des pics dépassant de trois voire quatre fois la vitesse maximum autorisée ont aussi été enregistrés.

Lire aussi : Lyon : une enquête ouverte par TCL après un accident entre un chauffeur et un vélo

Les enjeux sont pourtant d’une importance vitale. Trente-cinq personnes sont mortes et plus de deux mille ont été blessées sur les routes de la métropole de Lyon l’année passée. Des chiffres dans la moyenne de la décennie malgré des progrès depuis 2019 [voir tableau p. 38]. Au total, il y aurait environ -30 % d’accidents selon les données de la préfecture du Rhône. De fait, en 5 ans, les services métropolitains notent -44 % d’accidents impliquant des piétons, -11 % pour les vélos, -36 % pour les véhicules légers et -50 % pour les deux-roues. Dans le détail, Lyon concentre la moitié des accidents de la métropole. Pour y faire face, les autorités, collectivités locales et État, travaillent principalement avec trois leviers dont la répression via les amendes, les radars et les contrôles ; les aménagements en séparant au maximum les usages ; et la communication via des campagnes de sensibilisation. Rien de nouveau sous le soleil. Pour tous les acteurs concernés, un consensus s’impose : les marges d’amélioration demeurent importantes.

Vision zéro : un idéal ou un objectif ?

Dans ce contexte, la nouvelle majorité écologiste à la tête de la Ville et de la Métropole s’est fixé des objectifs inédits en intégrant dans sa politique la “Vision Zéro”. L’idée, importée de Suède, est simple en apparence : aller vers une année sans aucun accident mortel sur son territoire. De quoi semer le doute sur les réelles intentions tant ce cap semble hors de portée. Réponse de Fabien Bagnon : “Ce n’est pas du tout un idéal inatteignable, mais un vrai objectif politique. Certains pays y parviennent. En France, nous sommes encore dans le ventre mou de l’Europe. Allez voir ce qu’il se passe à Oslo. Il n’y a eu qu’un seul mort en 2019, sur la voirie, alors que leur réseau est comparable à celui de Lyon. Mais cela demande du temps. Ils ont mis 25 ans.” Une manière de montrer que les accidents posent aussi une question morale pour le personnel dirigeant. Selon l’élu, face aux accidents mortels, “c’est la seule réponse politique qui vaille, qui est éthiquement acceptable. Il n’y a pas de pertes raisonnables dans notre stratégie comme certains peuvent le croire”. De fait, depuis février 2020, la France a signé la Déclaration de Stockholm, l’engageant à réduire de moitié le nombre de décès et de blessures graves sur les routes à l’horizon 2030, et atteindre l’objectif ultime zéro décès d’ici 2050. En ce sens, la Métropole a fait signer une charte avec dix-sept mesures concernant tous les acteurs (État, communes, Métropole, Sytral…). Une proposition plutôt consensuelle mais qui a tout de même fait tiquer l’opposition de droite – par la voix du conseiller Gaël Petit (LR) – au moment du vote. Le groupe de Philippe Cochet (LR) y voit un report de la compétence de la voirie vers les communes ainsi qu’une attaque déguisée contre les automobilistes. De fait, difficile d’occulter que la voiture est impliquée dans 85 % des accidents dans l’agglomération lyonnaise. Près d’un automobiliste sur cinq circulant à Lyon aurait d’ailleurs un comportement dangereux au volant d’après une étude de l’assureur MMA.

Réduire la vitesse pour sauver des vies

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