Le groupe scolaire Al-Kindi, menacé de fermeture et dans le viseur de l’Etat. (Photo by ARNAUD FINISTRE / AFP)

"On ne comprend pas" : à Lyon, les soutiens du lycée musulman Al-Kindi manifestent leur incompréhension

"Ca fait très mal, on ne comprend pas": plusieurs centaines de parents, anciens élèves, imams ou voisins ont manifesté samedi devant le groupe scolaire musulman Al-Kindi, près de Lyon, menacé de perdre son contrat avec l'État.

Scandant "Touchez pas à notre école", la foule a brandi des drapeaux français, chanté La Marseillaise, et exprimé un fort sentiment d'incompréhension voire d'injustice, avec des panneaux comme "L'État doit protéger pas discriminer".

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La préfète du Rhône envisage de résilier le contrat qui lie l'État à cet établissement, situé à Décines-Charpieu, près de Lyon, ce qui entraînerait la perte de subventions vitales. La préfecture invoque plusieurs "manquements", dont la présence de livres litigieux au CDI, d'un enseignant aux propos polémiques ou de problèmes de gestion.

Un risque de fermeture

La direction d'Al-Kindi, qui se défendra jeudi devant une commission, récuse tout "séparatisme" et prévient que la perte des subventions liées au contrat entraînerait sa fermeture. Cette perspective suscite une forte inquiétude chez de nombreux musulmans. Après la résiliation du contrat avec l'État de l'établissement lillois Averroès, Al-Kindi est le dernier lycée musulman actuellement sous contrat.

"Ca fait très mal, on ne trouve aucune raison, le niveau d'apprentissage est très haut" avec 100% de réussite au bac l'an dernier, relève Razan, dont quatre enfants ont été ou sont scolarisés à Al-Kindi. Lina, une ancienne élève, ne "comprend pas" plus. "C'est un établissement tout à fait tolérant, ça me paraît injuste", ajoute l'étudiante. "J'ai peur que ça s'inscrive dans un contexte politique hostile aux musulmans..."

"Ce n'est pas contre notre école, mais contre notre religion", pense également Hasan, qui a cinq enfants dans ce groupe scolaire. "On est tous contre les radicaux, mais en France, il y a des écoles privées catholiques et juives sous contrat, on veut les mêmes droits."

"Al-Kindi/Stanislas, deux poids, deux mesures"

En écho, Abdou, 40 ans, brandit le panneau: "Al-Kindi/Stanislas, deux poids, deux mesures", en référence au prestigieux lycée catholique parisien qui a conservé ses subventions malgré des dérives sexistes et homophobes.

Au micro, le recteur de la Grande mosquée de Lyon Kamel Kabtane appelle la communauté musulmane à se mobiliser pour "son lycée" et "la société à changer son regard sur les musulmans: nous ne sommes pas une menace, mais une richesse".

Et pour ceux qui en douteraient, Houssam, un médecin venu par solidarité, souligne qu'"apprendre la religion à l'école sous les yeux de l'État, c'est mieux que sur Youtube pour lutter contre l'extrémisme."

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