Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne
Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne

Sécurité : "à un moment, il faut arrêter de débattre il faut faire" assure Cédric Van Styvendael

Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne, est l'invité de 6 minutes chrono/Lyon Capitale.

1 mort, 1 blessé grave, plusieurs autres touchés par balles. C'est le bilan de ces derniers jours de règlements de compte sur fond de trafic de drogue, à Villeurbanne, dans le quartier du Tonkin, notamment. Un quartier tristement connu, depuis plusieurs années, pour être une plaque tournante du trafic de stupéfiants.

Le ministre délégué en charge de la sécurité, Nicolas Darragon - par ailleurs lui aussi confronté à des fusillades mortelles à Valence, où il est maire (LR) - s'était déplacé, fin novembre, à Villeurbanne pour installer une brigade spécialisée de terrain, la BST. Une promesse de l'ex-ministre intérieur de l'intérieur Gérald Darmanin venu à Villeurbanne au printemps dernier.

Cédric Van Styvendael, le maire (PS) de la "capitale française de la culture 2022", vient d'annoncer quadrupler le nombre de caméras de surveillance "d’ici la fin du mandat" et créer, dès 2025, trois postes supplémentaires de policiers municipaux, passant ainsi de 75 agents de police contre 31 au début du mandat. 

"La sécurité n'est ni une une question de gauche ni une question de droite, c'est une question dont le maire doit s'occuper. (...) A un moment il faut arrêter de débattre il faut faire."

Lire aussi :
- À Villeurbanne, ministre LR et maire PS installent une brigade spécialisée contre le trafic de drogue
- A Villeurbanne, Darmanin annonce la création d’une brigade de police pour lutter contre le trafic de drogue


La retranscription intégrale de l'entretien avec Cédric Van Styvendael

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevons aujourd'hui Cédric Van Styvendael, le maire PS de Villeurbanne. Bonjour. Un mort d'une balle dans la tête, un blessé grave, plusieurs autres blessés. C'est le bilan de ces derniers jours de règlements de compte sur fonds de trafic de drogue, à Villeurbanne, dans le quartier du Tonkin. C'est un quartier voilà tristement connu, depuis plusieurs années, pour être une plaque tournante du trafic de stupéfiants. Le ministre délégué en charge de la sécurité, M. Darragon, est venu vous voir pour installer une brigade spécialisée de terrain, la BST. C'était une promesse de l'ex-ministre intérieur de l'intérieur Gérald Darmanin b-venu à Villeurbanne au printemps dernier. Franchement, honnêtement, ça va changer quoi cette BST ?

Ça va changer que ça fait des moyens dédiés au Tonkin, parce que vous évoquez qu'il y a eu plusieurs tirs. Les tirs de cette semaine ne se sont pas passés au Tonkin pour les deux derniers. Ils étaient dans d'autres quartiers de Villeurbanne et aujourd'hui tous les effectifs étaient concentrés sur le Tonkin. On a aussi besoin d'avoir des effectifs sur le reste de la ville. Donc c'est une action territorialisée sur le Tonkin parce qu'on fait face à du narcotrafic avec des gens extrêmement organisés, beaucoup d'argent, des armes. Donc on a besoin de moyens, mais par ailleurs, il y a d'autres secteurs sur Villeurbanne sur lequel il faut aussi des forces de police. Donc c'est pour ça que, moi, j'étais satisfait d'avoir 13 nouveaux policiers nationaux à Villeurbanne.

Parce que c'est vrai que ça déstabilise le trafic les trafiquants ça les déstabilise. Pour autant c'est qu'on voit quasiment du jour au lendemain les points de deal se réorganisent. On fait comment ? Franchement on fait comment pour lutter contre ça ? Et que c'est au suivi et au vu de tout le monde ?

D'abord, on est avec les habitants parce que les premiers qui payent ce trafic de drogue, celles et ceux qui sont ont peur pour leur vie, pour celle de leurs enfants, ce sont les habitants. Et donc on continue à être présent à leur côté. On continue aussi, nous ville de Villeurbanne, à faire ce qu'on avait dit ce qu'on ferait en matière de sécurité : plus de policiers municipaux, multipliés par deux sur le mandat, plus de caméras - x2 déjà réalisés, x4 quatre d'ici la fin du mandat. Donc on est au travail sur ces questions-là. Mais là, on voit bien que dans toutes les grandes villes de France, on est face à un nouveau phénomène qui est le narcotrafic. Et là-dessus, on a besoin de moyens supplémentaires au niveau national, au niveau du parquet, pour remonter à la tête de ces trafics sur lesquels il y a beaucoup d'argent et qui ont passé toutes les frontières du raisonnable du réel finalement qui sont ailleurs. On se tue pour gérer un point de trafic de drogue.

Je me rappelle, j'étais allé à Villeurbanne il y a un an, à une conférence avec le collectif citoyen notamment T"onkin Paix-sible". Vous étiez là.

Oui.

C'était très intéressant. Pour le coup il y a eu des vrais échanges. On en est où depuis ? C'est vrai que vous mettez des moyens mais on en est où ? Parce qu'on a l'impression que le trafic lui s'étend. Le Tonkin ça s'étend à d'autres quartiers.

Moi, en tant que maire, j'ai deux options. Soit je me cache derrière mon petit doigt, en disant c'est pas moi c'est l'État, "désolé passez votre chemin il n'y a rien à voir". Soit je bosse. Voilà c'est ce qu'on fait avec les habitants. On travaille, on a des revendications. Quand le ministre est venu présenter les 13 policiers nationaux affectés au quartier, les habitants du quartier ont remercié et le ministre et le maire parce qu'on avait tenu nos engagements. Donc il ne faut pas lâcher sur ce quartier c'est tout. Et surtout il faut que chacun prenne ses responsabilités. Moi j'ai pris les miennes. Je le dis non pas, pour me féliciter simplement en disant depuis quatre ans j'y passe énormément de temps. Les moyens ils sont là. On est face à un phénomène nouveau et donc on a besoin de moyens nouveaux. Et le rapport qui a été fait par les sénateurs le dit très clairement. Un parquet pour lutter contre le trafic de drogue, des accords internationaux pour aller attraper les têtes de réseau qui sont à l'étranger aujourd'hui ,des moyens dédiés pour la police nationale pour faire des enquêtes judiciaires. Donc ça on a besoin d'y travailler. Moi encore une fois, je suis prêt à y participer en tant que maire qui depuis quatre ans est au quotidien sur ces sujets-là. Je suis prêt à participer à des temps de travaux pour qu'on trouve les évolutions législatives et les moyens complémentaires parce que je pense que la lutte contre le narcotrafic ça doit être une priorité nationale aujourd'hui.

Est-ce qu'il y a une méthode je vais dire villeurbanaise ? Parce que effectivement vous le disiez récemment chez nos confrères que la sécurité ça doit pas être une question politicienne. Effectivement parfois on a l'impression que la sécurité c'est quelque chose de droite et que la gauche en tout cas une certaine partie de la gauche ne devrait pas s'en occuper. Pourquoi on n'arrive pas à considérer aujourd'hui en France notamment avec ce narcotrafic qui est une pieuvre gigantesque à se dire que lan'importe quelle maire doit se préoccuper de sécurité ? Pourquoi ?

N'importe quel maire doit se préoccuper de sécurité parce que ça touche le quotidien des habitants, à la fois leur sécurité, mais aussi tous les inconvénients liés au trafic, les déchets, le fait qu'on ne peut pas rentrer chez soi le soir tranquillement, parce qu'on est contrôlé etc. Donc moi c'est pas une question de gauche ou de droite, c'est une question de maire de s'occuper de la sécurité et c'est pour ça que j'y passe autant d'énergie. Bien sûr on continue à me dire que c'est pas assez, c'est pas suffisant et ils ont raison parce que tant que ça change pas concrètement leur vie au quotidien, ce qui s'est passé pendant un moment au Tonkin. Au Tonkin, vous le disiez vous étiez là présent il y a quelques mois une réunion publique 700 habitants extrêmement remontée la réunion un peu dure. Cinq mois après on y retourne avec le commissaire cette fois-ci les gens se lèvent et nous applaudissent. Donc ils voient qu'on est capable de faire le boulot de se mobiliser et de tenir un certain nombre d'engagements. Et donc moi, c'est ça mon action en tant que maire, c'est de dire surtout on commence pas à se dire parce qu'il est de gauche il va pas faire de sécurité ou parce qu'il est de droite il va être meilleur que celui de gauche sur la sécurité. D'abord ,on joue avec les habitants si on fait ça et on n'est pas sérieux dans les réponses qu'ils attendent.

Sur les caméras de vidéo-surveillance, vous dites que vous allez quadrupler leur nombre d'ici la fin du mandat sur Villeurbanne. Dans nos colonnes, LFI et le parti communiste disait aucune étude ne prouve l'intérêt des caméras de vidéo-surveillance. Vous répondez quoi ?

Je réponds qu'avoir un débat sur les caméras, c'est sain. Mais par contre moi je suis maire et donc je peux pas passer mon temps à débattre. Aujourd'hui la police nationale elle me dit s'il n'y a pas de caméra ça ne sécurise pas mes interventions. Donc je viens dans des modes extrêmement commando avec beaucoup de monde etc. Ça ne va pas. Les pompiers me disent "monsieur le maire quand vous ne sécurisez pas les endroits où on doit intervenir parfois c'est dangereux. ok pour le débat, ok pour être attentif aux dérives et y compris tout ce qui est reconnaissance faciale etc". Mais à un moment il faut arrêter de débattre il faut faire.

Merci Monsieur Van Styvendael d'être venu sur le plateau de 6 minutes chrono nous expliquer un peu on va dire la méthode Villeurbannaise contre le narcotrafic et pour plus d'infos sur lyoncapitale.fr. A très bientôt. Merci beaucoup.

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