François-Xavier Pénicaud, président du Modem du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Le président du MoDem du Rhône se réjouit de la nomination de François Bayrou à Matignon. "François Bayrou c'est une personnalité assez exceptionnelle", loue-t-il. François-Xavier Pénicaud. Il l'imagine capable de dépasser les lignes rouges des différents partis qui bloquent l'émergence d'une majorité à l'Assemblée nationale. "François Bayrou n'est pas un homme de parti. Ce qui d'ailleurs faisait que certains dans l'entourage du président de la République ne souhaitaient pas qu'on nomme François Bayrou parce que son indépendance et sa capacité justement à n'être lui-même pas l'otage de son propre parti lui donnait une capacité d'action et de chercher des compromis qui faisait qu'il l'échappe un petit peu au pouvoir de certains notamment dans le cabinet du président de la République", salue-t-il.
La retranscription intégrale de l'entretien avec François-Xavier Pénicaud
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec François-Xavier Pénicaud. Vous êtes président du Modem du Rhône, Modem le parti de François Bayrou, le nouveau Premier ministre français, ça faisait des années qu'il en rêvait, il a finalement cette consécration mais est-ce que cette consécration c'est pas avant tout un cadeau empoisonné, est-ce que c'est pas un peu devenu un poste maudit avec la configuration actuelle qu'on a à l'Assemblée nationale, est-ce qu'il peut durer dans le temps ?
Il est certain en tout cas que le contexte est difficile, c'est du challenge, mais ça tombe bien, François Bayrou c'est une personnalité assez exceptionnelle qui parfois l'a conduit à la marginalité, qui a un fort tempérament et qui aime les chemins un petit peu accidentés, c'est un béarnais vous savez, un pyrénéen, et ça ne lui fait pas peur ce genre de considération.
On disait de Michel Barnier que c'était un Savoyard, un homme de la montagne et qu'il allait y arriver justement pour cette raison parce qu'il venait de la montagne, visiblement la compétence montagnarde ne suffit pas à survivre à Matignon en ce moment...
C'est certain mais ça permet déjà de ne pas aborder les choses avec peur, si vous aborder les choses avec peur et non pas avec espoir, espérance et détermination, vous êtes sûr d'aller à l'échec, François Bayrou a décidé de faire bouger une nouvelle méthode de travail qui permette de construire un accord de non-censure dans lequel les sensibilités puissent être respectées, celles qui sont représentées à l'Assemblée nationale, qui puissent se dégager une majorité de non-censure, c'est une façon de travailler un peu différente autour de grands compromis...
Ce dont il est question à gauche pour un accord de non-censure, c'est de renoncer au 49-3. Est-ce que ça vous pensez que François Bayrou va le faire ? Est-ce que vous êtes vous favorable à ce renoncement ?
François Bayrou a toujours exprimé le fait que le 49-3 ne devait être utilisé que de façon extrêmement exceptionnelle, ça ne peut pas être un outil de gouvernement permanent et donc la question de pouvoir s'engager à ne pas avoir de 49-3, François Bayrou a déjà avancé sur le sujet, il y a sans doute la question, faut-il donner la possibilité de l'utiliser sur les textes budgétaires et pas sur les autres textes ? Je pense que c'est là que la discussion doit pouvoir s'établir, il est parfois compliqué de ne pas l'utiliser sur les textes budgétaires mais par contre c'est un principe je pense de bonne école de ne pas l'utiliser sur les autres textes et ça c'est un engagement que François Bayrou peut prendre. Mais il y a d'autres sujets qui ont été évoqués, par exemple à gauche j'entendais encore l'ancien président de la République François Hollande et quelques socialistes proposer le fait qu'on puisse avancer sur le texte sur la question des retraites et du pouvoir d'achat autour d'un projet de conférence sociale, ça tombe bien le groupe MoDem à l'Assemblée nationale depuis plusieurs années avait porté cette idée là, soutenue à l'époque par François Bayrou donc je pense que cette proposition aujourd'hui du bloc socialiste est une voie de travail sur laquelle on peut avancer.
Sauf que pour l'instant c'est au sein même du bloc central plutôt les macronistes qui refusent d'en entendre parler. En fait François Bayrou a changé mais les lignes rouges des uns et des autres restent les mêmes...
Non, ce qui était un point de blocage c'était de parler d'une abrogation pure et simple qui ne permettait pas de garantir un maintien du financement du système par répartition des retraites. Là effectivement il y a un point de blocage sur lequel nous n'arriverions pas à dégager une majorité mais comme d'ailleurs il n'existe pas de majorité pour une abrogation réelle des retraites puisqu'il n'y a pas de majorité sur les moyens de financer cette abrogation. Il avait été beaucoup commenté par exemple le texte de la niche LFI qui n'était pas allé à son bout qui proposait quoi ? Un mode de financement en augmentant artificiellement ce qui n'aurait pas existé bien entendu le prix des paquets de cigarettes à plus de 50 euros le paquet de cigarettes. Ce qui aurait juste alimenté y compris les filières de narcotrafic et le financement du terrorisme par la vente illicite de cigarettes. Donc c'était bien entendu pas une option jugée crédible par qui et quiconque. Mais sur le fait de pouvoir travailler sur une conférence sociale qui permette d'aménager le dispositif des retraites tout en gardant son équilibre financier, là je pense que des lignes peuvent bouger à droite à gauche et au centre.
Est-ce que vous avez l'impression que le vote des français a été respecté ? Le vote des français aux élections de législatives anticipées de cet été a été respecté puisqu'on arrive finalement Michel Barnier était adossé à un groupe d'une quarantaine de députés. François Bayrou le MoDem vous avez encore moins de députés. Est-ce que c'est bien raisonnable de dire aux français vous avez voté et finalement les deux parties ou en tout cas les deux blocs qui sont arrivés en tête bon ben ils auront toujours pas le gouvernement et le gouvernement sera finalement dirigé par quelqu'un qui a une trentaine de députés. Est-ce qu'il n'y a pas quand même un problème de représentativité de légitimité ?
Il ne peut être respecté si il n'est pas respecté la volonté de dialogue qui en a émané. Et la problématique du respect c'est la problématique de l'ouverture au compromis des différents blocs. Et lorsque le NFP a dit c'est rien que le programme du NFP et que le programme du NFP c'était aussi ridicule et aussi contre productif justement pour respecter la parole des français que si le bloc central avait dit ce n'est que le programme du bloc central rien que le programme du bloc central. La question de d'où vient la personne n'est pas tant importante pour savoir est-ce que c'est du plus gros groupe parce que sinon c'est Marine Le Pen qui aurait dû demander à avoir le leadership. Or c'est sans doute la plus éloignée de pouvoir rassembler une majorité ne serait-ce que…
Et elle n'en émettait pas le désir...
Elle n'en émettait pas le désir parce qu'elle est lucide sur cette situation là. puis qu'elle est beaucoup plus en confort dans un positionnement d'opposition au moins comme ça on peut dire tout est son contraire. N'avoir aucune cohérence et pour elle dans sa stratégie de conquête du pouvoir c'est beaucoup plus facile. Maintenant ce qu'il nous fallait surtout et c'est là où François Bayrou qui n'est pas un homme de parti parce que j'entends vous vous dites François Bayrou c'est quelqu'un qui vient d'un courant politique c'est le chef d'un courant politique qui a 36 députés à l'Assemblée nationale. Mais c'est avant tout une personnalité extrêmement indépendante. Ce qui d'ailleurs faisait que certains dans l'entourage du président de la République ne souhaitaient pas qu'on nomme François Bayrou parce que son indépendance et sa capacité justement à n'être lui-même pas l'otage de son propre parti lui donner une capacité d'action et de chercher des compromis qui faisait qu'il l'échappe un petit peu au pouvoir de certains notamment dans le cabinet du président de la République. Eh bien je pense que c'est un atout pour lui et que la force de François Bayrou c'est d'abord d'être un esprit libre.
Le cirque politique continue... 😀