Thomas Rudigoz, conseiller métropolitain et ancien député Renaissance de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Avant de participer à la création d'En Marche, Thomas Rudigoz avait été adhérent du Modem, le parti de François Bayrou. Pour cet ancien député de Lyon, le leader centriste peut être l'homme de la situation : "il est un des hommes, il n'en est pas beaucoup, qui pouvait être à la hauteur de l'enjeu, de la situation historique de notre pays et je l'ai dit très vite que c'était beaucoup de réussite. Je pense qu'il a les qualités, il a l'expérience qui peut lui permettre d'arriver à trouver une voie de passage dans cette Assemblée nationale extrêmement fracturée, fragmentée, très dure, avec beaucoup de tensions".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Thomas Rudigoz
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec Thomas Rudigoz. Vous êtes conseiller métropolitain Renaissance ensemble pour la République, en tout cas le camp des macronistes. On voulait revenir avec vous sur la nomination d'un nouveau Premier ministre, François Bayrou. Vous avez été au MoDem à une époque de votre vie politique où vous l'avez Est-ce que vous pensez qu'il est l'homme de la situation, qu'il est le bon Premier ministre, le bon homme à la bonne place ?
C'est difficile à qualifier tellement la situation est exceptionnelle, mais je pense qu'il est un des hommes, il n'en est pas beaucoup, qui pouvait être à la hauteur de l'enjeu, de la situation historique de notre pays et je l'ai dit très vite que c'était beaucoup de réussite. Je pense qu'il a les qualités, il a l'expérience qui peut lui permettre d'arriver à trouver une voie de passage dans cette Assemblée nationale extrêmement fracturée, fragmentée, très dure, avec beaucoup de tensions. On l'a vu, Michel Barnier pensait à un moment donné qu'il pouvait arriver à trouver, si ce n'est une majorité, mais au moins qu'il n'y ait pas un blocage Ça en a été tout autre avec un coup de Jarnac terrible que lui a fait le Rassemblement Maintenant, François Bayrou aura une tâche difficile, mais je pense effectivement qu'il peut y arriver.
Et vous pensez que le camp présidentiel, qu'Emmanuel Macron et le Bloc Central, dont vous êtes finalement un membre, a appris de ses erreurs puisque Michel Barnier avait été nommé avec l'assentiment de Marine Le Pen contre la promesse de ne pas censurer a priori. Est-ce que vous avez l'impression là que vous avez pris votre distance clairement avec le Rassemblement national et que François Bayrou, finalement, est moins dans la main du RN ?
Je ne pense pas qu'il n'ait jamais été dans la main du RN. Michel Barnier, à l'époque, avait dit qu'il entendrait l'ensemble des représentants de l'Assemblée nationale et qu'ensuite, il ferait son budget. François Bayrou va essayer de faire de même, mais c'est sûr qu'il a été averti. Un homme averti en vaut deux. Il ne tombera pas dans ce système du chantage et du piège qu'avait tendu effectivement Marine Le Pen à Michel Barnier. Je pense qu'on ne peut faire absolument pas confiance au Rassemblement national, mais ça, on est un certain nombre à le savoir depuis longtemps, particulièrement à Lyon. Mais on verra ce qui va se passer. Je pense que François Bayrou va avant tout s'appuyer sur les forces républicaines de notre pays. Maintenant, il va falloir que certains, vous avez raison, nous aussi, on doit en tenir compte. Le Bloc Central, évidemment le MoDem qui est le parti de François Bayrou, Horizon et Renaissance. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Maintenant, il va falloir aussi que certains soient en responsabilité, et je pense particulièrement aux partis socialistes, pas que les écologistes, les communistes.
Ils ne vont pas intégrer le gouvernement…
Je ne sais pas ce qu'ils vont faire, je ne crois pas vraiment qu'ils intégreront le gouvernement parce qu'ils seront restés bloqués sur le fait qu'il faut que ce soit quelqu'un qui vienne d'une ouvre populaire. Ils estiment avoir gagné les élections législatives, personne n'a gagné les élections.
Mais ne les ont-ils pas plus gagnés quand même que le MoDem, puisqu'on passe d'un Premier ministre issu d'un groupe qui a 44 députés à un Premier ministre issu d'un groupe qui a moins de députés, 37 députés de mémoire. Ça veut dire que ce gouvernement, il est peut-être encore moins légitime...
Je pense que François Bayrou a une histoire qui va bien au-delà du MoDem. C'est quelqu'un qui a été candidat trois fois aux élections présidentielles, c'est quelqu'un qui a un ancrage sur ce territoire, qui connaît très bien notre pays, qui connaît très bien les Français, qui vient d'un milieu extrêmement modeste, qui est maire de Pau, qui est maire d'un territoire très loin de Paris, qui n'est pas un Donc moi, je crois qu'on peut espérer avec François Bayrou, maintenant il faut qu'il rassemble, il faut qu'il y ait effectivement des forces politiques qui, si elle n'a un adhère au gouvernement, et j'espère quand même qu'il y aura des gens de gauche et je pense que François Bayrou peut faire venir des gens de gauche comme des gens de droite, comme des gens du centre dans ce gouvernement. Maintenant, si le Parti socialiste, encore une fois, ne veut pas entrer au gouvernement, au moins qu'il soit constructif.
Est-ce qu'il peut y avoir finalement des lignes rouges qui deviennent des lignes jaunes ou des lignes vertes, vous, des points sur lesquels vous pouvez reculer pour finalement, comment dire, attirer les socialistes vers vous, les inciter, les inviter à voter un budget ? Est-ce que le rétablissement de l'ISF reste un tabou ? Est-ce que retoucher la réforme des retraites reste un tabou pour vous ?
Retoucher la réforme des retraites, oui. Il y a des évolutions à faire, on le sait, sur les carrières longues, sur la retraite des femmes. Tout le monde est d'accord là-dessus. Astrid Panotian l'a dit, la ministre des Missionnaires du Travail. Donc je pense revenir sur l'âge légal de départ à la retraite et sur la durée des cotisations. Ça, effectivement, ce n'est pas possible. Et on le sait, on le voit, même cette réforme des retraites qui a été dure ne répondra peut-être pas dans quelques années aux enjeux du vieillissement de la population. Par contre, sur la taxation, effectivement, des grandes fortunes, des super profits. D'ailleurs, je tiens à rappeler que le MoDem, qui pourtant n'est pas mon groupe politique, j'étais à Renaissance, mais je me rappelle de Jean-Paul Mattei, le président du groupe MoDem lors de la précédente législature, a toujours défendu ce principe de taxation, notamment des super profits, des transactions financières.
Et à l'Assemblée nationale, lors de l'examen du budget, ils avaient voté avec la Gauche les députés MoDem pour finalement sortir d'une contribution temporaire très courte à une contribution temporaire sur trois ans...
Je pense que là-dessus, François Bayrou n'a pas de tabou. Je pense qu'il peut trouver effectivement un modus operandi avec le Parti socialiste, ce qui est important à un moment donné sur le vote du budget. Je pense que certains ne le voteront pas parce que certains sont dans des postures, ont pris tellement, ont été tellement loin dans des déclarations démagogiques que ça va être très difficile pour eux de revenir en arrière. Néanmoins, s'ils ne votent pas contre le budget, s'ils ne votent pas de motion de censure, on pourra avoir un budget pour la France. Et je pense que tout élu en responsabilité qui a le sens de l'État se doit de trouver à un moment donné, retrouver ce sens des responsabilités pour que notre pays ait un budget.