recteur de l'Académie de Lyon, Olivier Dugrip
Le recteur de l’Académie de Lyon, Olivier Dugrip, a assisté à deux cours de français ce mercredi 8 janvier. (@NB)

L'Académie de Lyon tire un bilan positif des groupes de "besoin", le corps enseignant plus mitigé

Après la mise en place des groupes de "besoin" à la rentrée 2024 dans les collèges, l'Académie de Lyon se félicite de sa mise en place. Du côté des enseignants, le premier bilan est plus contrasté.

Voilà plus de quatre mois que la réforme du "choc des savoirs" est entrée en vigueur dans l'Education nationale. Quatre mois que l'ensemble des élèves de 6e et de 5e sont classés par niveaux en français et mathématiques, dans ce qui est appelé des groupes de "besoin", pour ne pas dire des groupes de niveaux. Alors, qu'en est-il après plusieurs semaines d'expérimentation de cette réforme largement controversée au sein du monde enseignant ? L'Académie de Lyon, par le biais de son recteur Olivier Dugrip, a souhaité tirer un premier bilan.

Rendez-vous donné au collège Pablo-Picasso de Bron, où 98 % de grévistes avaient été recensés en mars dernier, pour dénoncer les différentes mesures prises par le Rectorat et par l'Éducation nationale. Pour autant, à en croire son principal Blaise Rouquette, ce dispositif se montre fructueux. Tout comme les premiers résultats : "Plus de 80 % des élèves de 5e ont progressé en français au premier trimestre par rapport à leurs résultats en 6e".

De Bron à Vaulx-en-Velin, une application "extrêmement disparate" ?

Afin d'assurer ces nouveaux créneaux de cours, l'Académie de Lyon a enregistré le recrutement de 200 enseignants à temps plein dans ses collèges, dès la rentrée 2024. À Bron, trois professeurs de mathématiques et trois autres de français sont en charge du niveau 6e (127 élèves). Le dispositif est similaire pour la 5e (113 élèves).

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En début d'année, une période de trois semaines a été dédiée à l'évaluation du niveau de chaque élève dans les deux matières concernées. Des groupes réduits d'environ 15 élèves ont alors été créés : les fameux groupes de "besoin". Le reste des collégiens forme des groupes "classe". Mais chaque établissement a réalisé la disposition des groupes comme il le souhaitait. "Ça a été appliqué de manière extrêmement disparate", regrette Maxime Ourly, professeur d'anglais au collège Pierre Valdo de Vaulx-en-Velin et co-responsable de pôle collège de la CGT Éduc'ation du Rhône.

L'enseignant reprend : "Cette baisse des effectifs, si elle est positive à l'échelle de deux matières, elle se fait malheureusement à moyens constants. Toutes les autres matières sont impactées négativement". Il constate également des emplois du temps "complètement délirants avec des trous au milieu" ou encore une "diminution de la cohésion de classe".

Le même programme, mais des manières de faire différentes

Pour autant, le corps enseignant se réjouit de cette baisse des effectifs, notamment dans les collèges d'éducation prioritaire, comme à Pierre Valdo. À savoir qu'un élève a la possibilité, en cas de bons ou mauvais résultats, de changer de groupe. Mais pour permettre une intégration de la sorte, la coordination entre les membres du corps enseignant est indispensable. Sans quoi le collégien pourrait louper une partie du programme.

"Les groupes avancent sur les mêmes compétences, mais de manière différente", tient à rappeler le principal du collège Pablo-Picasso. "Ça demande des ajustements qui sont effectivement compliqués à gérer, surtout quand il peut y avoir des absences d'enseignants qui engrangent des retards", affirme Chloé Vandekerkhove, professeure de français.

C'est ainsi que d'une salle à l'autre de l'établissement brondillant, avec Mr Duchênes d'un côté et Mme Vandekerkhove de l'autre, les élèves d'un même échelon, travaillent tous sur une analyse d'image. Mais de manière différenciée. Le vocabulaire utilisé est plus simple pour les collégiens en difficulté, l'image plus facile à décrypter et les questions moins pointues.

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Quid des 4e et 3e en 2025 ?

Ce qui doit, selon l'Éducation nationale, porter les plus en difficulté vers le haut. "L'une des grandes problématiques que l'on rencontrait, c'était la gestion de l'hétérogénéité", insiste le principal du collège. "La recherche le dit : il y a besoin d'hétérogénéité. Les élèves moins bons bénéficient de l'aide des élèves meilleurs. Aider les élèves moins bons permet aussi aux meilleurs de les rendre encore meilleurs. C'est un cercle vertueux", réfute Maxime Ourly.

Alors que la réforme prévoyait un élargissement des groupes de "besoin" aux élèves de 4e et 3e dès la rentrée 2025, il se pourrait fortement que la donne change. En octobre dernier, l'ancienne ministre de l’Éducation Anne Genetet avait émis la possibilité d'une approche plus "globale" de soutien aux élèves. "La reconduction des groupes pour les classes de 6e et 5e, on le fera. Ce sera plus difficile, en revanche, de le réaliser sur le même modèle pour les classes de 4e et de 3e", confirmait lui aussi Olivier Dugrip, mercredi 8 janvier.

Reste à savoir quelle route prendra la nouvelle ministre de l'Éducation, Elisabeth Borne, après les évaluations nationales prévues fin mars. Sauf si, d'ici là, l'enseignement est aux mains d'un nouveau ministre. Le flou persiste.

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