Ce jeudi en conseil municipal de Lyon, le vote d'une délibération déclarant d'utilité public le tramway express de l'ouest lyonnais a relancé le débat sur le futur du territoire.
Les élections municipales et métropolitaines approchent et le conseil municipal de Lyon, parfois bien apathique, redevient le théâtre d'affrontements politiques sur le fond. Jeudi 23 janvier, c'est le dossier du tramway express de l'ouest lyonnais (TEOL) qui a réveillé le débat sur le développement de cette partie du territoire. Le projet a été lancé par le Sytral au détriment d'un métro E en raison d'un coût inférieur et d'un chantier plus rapide, mais également en raison d'une trop faible densité à l'ouest.
Transports en commun et densité : l'oeuf ou la poule
Mais la conseillère municipale d'opposition Fouziya Bouzerda, ex-présidente du Sytral, qui avait porté de son temps des études sur la possible construction d'un métro E y reste aujourd'hui favorable. L'élue qui s'est rapprochée de David Kimelfeld à la Métropole afin de construire un projet pour 2026 a ainsi rappelé que ces études n'avaient pas uniquement porté sur des sujets techniques, mais bien sur "la vision que nous avions du territoire à venir".
Le projet TEOL
Estimé à 800 millions d'euros, le tramway express de l'ouest lyonnais reliera le secteur d'Alaï à Tassin-la-Demi-Lune à Confluences en moins de 15 minutes. Il passera par Sainte-Foy-lès-Lyon (arrêt que ne prévoyait pas le métro E que la maire de la commune regrette pourtant) et le Point du Jour. S'il a été favorisé au métro, c'est notamment en raison de la faible densité de l'ouest lyonnais, et de sa topographie qui ne favorise pas son développement à long terme. "Le projet TEOL nous coûte le double d'un projet de tramway classique à cause des collines", a rappelé Bruno Bernard. Le TEOL devrait accueillir un peu plus de 50 000 passagers par jour à horizon 2032, avec un tramway toutes les cinq minutes en heure de pointe.
Fouziya Bouzerda plaide ainsi pour le "rééquilibrage d'une métropole qui avait énormément développé à l'est". Selon elle, les études autour du métro E portaient une interrogation majeure : "Est-ce que définitivement, le poul battant du territoire allait s'ancrer à l'est ou est-ce que nous avions encore l'opportunité d'avoir une vision équilibrée en agrafant l'ouest ?". L'élue considère ainsi qu'il ne faut pas attendre d'avoir de la densité sur un territoire pour y apporter une desserte performante de transports en commun. "Le métro ce n'est pas : on fait du métro quand on a de la densité. C'est d'anticiper la vision et la densité d'un territoire. On n'attend pas d'avoir de la densité pour un métro", considère-t-elle.
"Le développement de la métropole se fait à l'est. Donc le besoin, il est à l'est"
Une vision diamétralement opposée à celle portée par les exécutifs écologistes de la Métropole et de la Ville de Lyon. Bruno Bernard rappelant encore mercredi 22 janvier que le développement de lignes fortes de transports en commun suppose la densification des zones desservies. C'est notamment la raison pour laquelle le projet de tramway T11 reliant la Part-Dieu à Ecully est pour l'heure à l'arrêt, le maire d'Ecully ne souhaitant pas densifier sa commune, pourtant touchée par une forte diminution du nombre d'habitants. Lors d'un rendez-vous avec la presse, le président du Sytral a ainsi rappelé que "le développement de la Métropole se fait à l'est. Donc le besoin, il est à l'est".
Le Sytral multiplie d'ailleurs les projets de tramways sur le secteur, avec notamment le futur T8 qui bouclera une rocade de transports en commun à l'est de l'agglomération. Un regard partagé par l'adjoint au maire en charge des mobilités, Valentin Lungenstrass qui a répondu à son opposition : "Les habitants de l'ouest lyonnais ne souhaitent pas de densification. Et d'ajouter : On ferait grossir encore cette partie de la métropole (...) On va encore créer de la périurbanisation, détruire des forêts et grignoter des terres agricoles. On ne souhaite pas bétonner des espaces plus verts."
"Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Qu'il faut privilégier le calme et les champs."
Des propos appuyés par la maire écologiste du 5e arrondissement, Nadine Georgel, qui assure de son côté qu'au vu "de la réalité physique du territoire, il faut privilégier un développement modéré de l'ouest". "Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Qu'il faut privilégier le calme et les champs. La ligne E était une transversale, elle allait agrafer à plus loin à l'ouest", s'est agacée Fouziya Bouzerda, qui juge que le TEOL ne répond pas aux besoins sur le long terme de l'ouest lyonnais.
De son côté, le maire de Lyon, Grégory Doucet a rappelé que les maires des communes concernées ne sont pas favorables à une densification. Tassin et Sainte-Foy-lès-Lyon ont d'ailleurs perdu leur compétence de signature des permis de construire, sanctionnées pour n'avoir pas assez construit de logements sociaux. "Il ne m'a pas semblé entendre un grand enthousiasme pour l'arrivée de logement sociaux dans l'ouest lyonnais. Notre rôle n'est pas de forcer une vision que les habitants ne souhaitent pas", a relevé Grégory Doucet. Tout en rappelant que le TEOL est "un transport lourd, qui va déplacer des dizaines de milliers de personnes par jour. Une solution adaptée".