Fabrice Matteucci, conseiller municipal d'opposition à Caluire-et-Cuire et secrétaire fédéral du PS du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
La vie municipale à Caluire-et-Cuire est pleine de rebondissements depuis la condamnation de Philippe Cochet à une peine de cinq années d'inéligibilité. La Préfecture du Rhône l'a démis de ses mandats mais le toujours maire de Caluire-et-Cuire a obtenu la suspension de cette décision. L'élection de son remplaçant n'a donc pas eu lieu. "Il fait valoir ses droits mais c'est destructeur pour Caluire puisque finalement dans cette situation il y a une rupture du contrat de confiance qui a été passé parce que lors de l'élection il l'a emporté, il y a eu une élection au sein du conseil municipal mais dans le même temps il y a une relation de confiance qui s'établit et surtout ça entache l'image de l'élu", pointe Fabrice Matteucci. L'élu socialiste réclame tenue de nouvellles élections en 2025.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Fabrice Matteucci
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Fabrice Matteucci. Vous êtes le patron de l'opposition, en tout cas conseiller municipal d'opposition socialiste à Caluire et Cuire, vous vous présidez aussi aux destinées de la fédération socialiste du Rhône, c'est plus avec votre casquette d'élu municipal qu'on vous a invité, puisqu'à Caluire et Cuire l'actualité municipale est pour le moins baroque, le maire Philippe Cochet a été condamné à une peine d'inéligibilité de 5 ans en décembre, la préfecture l'a démis de ses mandats, il conteste ça, il a obtenu le droit de finalement de suspendre l'arrêté qu'il le démettait de ses fonctions et il a annoncé qu'il restait toujours maire alors qu'il y avait eu l'élection de son successeur qui avait été planifiée, vous regardez ça en mangeant du pop corn en vous disant vivement les élections de 2026 ?
Je ne sais pas si je me dis ça en mangeant du pop corn mais en tous les cas c'est vrai que c'est une situation assez particulière d'avoir un maire qui n'est pas maire avec une espèce de conduite de la ville qui est aléatoire ou même hier lorsqu'il y a eu l'inauguration du mémorial de la Shoah où la ville de Caluire a contribué, il n'y avait pas de représentant de la ville qui était nommé donc c'est vrai que c'est une période un peu particulière et on va dire qu'elle montre aussi toute la difficulté dans laquelle on peut se retrouver lorsque l'on a un élu qui ne respecte pas la loi et qui lors d'une condamnation va juste jusqu'au bout
On peut dire qu'il fait valoir ses droits...
Il fait valoir ses droits mais c'est destructeur pour Caluire puisque finalement dans cette situation il y a une rupture du contrat de confiance qui a été passé parce que lors de l'élection il l'a emporté, il y a eu une élection au sein du conseil municipal mais dans le même temps il y a une relation de confiance qui s'établit et surtout ça entache l'image de l'élu.
L'élection, vous avez quel retour sur ce qui se passe en interne dans la majorité puisqu'il y a un nouveau maire qui avait été choisi, Bastien Joint, au dernier moment finalement n'y a plus besoin d'un nouveau maire. Est-ce que vous avez l'impression que là aussi peut y avoir des tensions qui vont émerger, qui émergent déjà, que même il y a une forme d'incompréhension dans la majorité actuelle ?
Pour l'instant on n'en a pas de contact direct avec eux très clairement. On voit quand même qu'il y a un flou, il y a une instabilité, il y a une incertitude et je pense que, et ça c'est aussi d'un point de vue humain, je pense qu'il y a un certain nombre de frustrations qui sont exercées parce que quand vous vous attendez à devenir soit maire, soit adjoint et que la veille vous apprenez que le conseil municipal qui doit vous désigner est annulé, je pense que c'est quelque chose qui n'est pas facile en termes humains. Ensuite en termes politiques, de toute façon nous nous n'aurions pas participé à ce sketch.
Vous, vous vouliez de nouvelles élections ?
Oui oui, tout à fait. Depuis un certain temps on réclame, depuis les condamnations notamment de Philippe Cochet, on réclame de nouvelles élections afin que le jeu soit clair. On fait nouvelles élections, il y a une majorité qui ressort. Moi je souhaite que ce soit une majorité conduite par les partis et les citoyens qui se retrouvent dans la gauche et l'écologie. Mais si c'est pas à nous, bon bah c'est le jeu démocratique. Mais au moins les choses sont claires. Là les choses ne sont pas claires.
Ce qui est difficile, là c'est que finalement personne ne peut faire partir Philippe Cochet, tant que le tribunal administratif ne reconnaît pas la validité. C'est un scénario qu'on retrouve dans de nombreuses mairies. Par exemple ça a été le cas à Francheville où ça a duré pendant très longtemps. Là tenir un an dans cette fonction où Philippe Cochet est maire sans en exercer les fonctions et sans en percevoir la rémunération, c'est un scénario qui est plausible. Pour vous ça peut continuer jusqu'en 2026 comme ça ?
Bah écoutez je ne le souhaite pas mais ça peut arriver et c'est quand même vraiment regrettable. Ça entache la démocratie. En plus sur Caluire, il a quand même fallu qu'on fasse un recours pour un conseil municipal puisque pendant six mois le conseil municipal n'a pas été convoqué. Donc on voit qu'il y a un regard sur le jeu démocratique qui ne va pas dans le sens d'une participation collective. Donc oui ça peut être quelque chose de très déstabilisant si ça dure.
Qu'est-ce que vous disent les habitants que vous rencontrez ?
Alors les habitants, en tous les cas nous ce qu'on rencontre, il y en a quand même un certain nombre, même beaucoup, qui ont découvert. Il a fallu qu'il y ait la condamnation pour qu'ils découvrent cette situation et puis qu'ils se rendent compte aussi qu'il y avait eu des condamnations préalables. Et le retour qu'on a c'est vraiment, mais c'est pas normal, un élu c'est pas fait pour ça, ça doit être exemplaire. Donc vraiment, je dirais, un ressentiment assez marqué de la part des habitants de Caluire.
Vous évoquiez de possibles élections où il y aurait une union de la gauche. L'union de la gauche, elle a peut-être été fracturée en tout cas dans sa configuration nouveau, le nouveau front populaire par vous, par votre parti, les socialistes, puisque vous n'avez pas censuré le gouvernement Bayrou. Est-ce que c'est une décision que vous validez, vous, même si on ne vous a pas demandé votre avis j'imagine, mais est-ce que c'est quelque chose, une décision dont vous vous montrez solidaire ?
Écoutez, c'est une décision en fait qui a suscité un certain nombre de débats, de nombreux débats, que ce soit au niveau national ou même au niveau local. On ne fracture pas le nouveau front populaire, on reste dans une relation avec l'ensemble des partis. moi, à titre personnel, je pense qu'il y a une nécessité à répondre aussi aux besoins des Français. Et le besoin, il est aussi dans le quotidien, dans un certain nombre de mesures qu'on doit prendre. Et pour autant, ce n'est pas pour ça qu'en fait, c'est une carte blanche qu'on donne au gouvernement et que s'il devait avoir une présentation du budget telle qu'il ressort du Sénat, il y aurait une censure.
Et vous, à un moment des municipales ou peut-être à quelques semaines, ça dépend si vous voulez, pour 2025, ils seront exaucés ou pas, vous imaginez partir à Caluire sur ce périmètre-là d'alliance ?
Écoutez, lors des élections législatives, on a vu que l'alliance faisait en sorte que ma candidature arrive en tête au premier tour, donc il y a une dynamique qui existe. Donc nous sommes, et nous le faisons au sein du conseil municipal, et nous allons amplifier ça. sommes en train de travailler collectivement à un rassemblement en vue des prochaines échéances.