Une chaufferie bois doit voir le jour d'ici 2026 à Saint-Genis-Laval. Un projet qui suscite de l'inquiétude chez les habitants, mais que la maire juge bénéfique pour la commune comme pour les Saint-Genois.
D'ici quelques mois, les travaux de construction d'une chaufferie fonctionnant à 70 % au bois vont débuter à Saint-Genis-Laval. Elle doit être livrée pour 2026 afin d'alimenter le réseau de chaleur urbain du sud-ouest lyonnais, un marché à 350 millions d'euros.
"On essaye de trouver comment produire de la manière la moins mauvaise possible"
Et alors que le projet de chaufferie XXL de Francheville a suscité une vive opposition des habitants, avant d'être abandonné par la Métropole de Lyon, la maire divers droite de Saint-Genis-Laval, Marylène Millet, reconnaît auprès de Lyon Capitale que le dossier est "un peu compliqué". Une pétition avait ainsi été lancée au mois de mars 2024, réunissant un peu moins de 500 signatures.
Depuis, le collectif "Stop enfumage" a par ailleurs vu le jour, né de la contestation à Francheville, mais déterminé à lutter contre les chaufferies au bois dans l'ensemble de la métropole de Lyon, voire même de la France. Marylène Millet, elle, tient à rappeler que dans sa commune, "ce n'est pas du tout le même projet qu'à Francheville". La chaufferie, qui vise à alimenter environ 14 500 équivalents logements est en effet d'une dimension autrement plus réduite qu'à Francheville où la centrale devait alimenter quelques 25 000 logements.
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"Le projet prévoit d'éviter environ 27 000 tonnes de gaz à effet de serre, 43 % en moins"
"Ce n'est pas neutre, mais aucune énergie n'est neutre. On essaye de trouver comment produire de la manière la moins mauvaise possible. Le projet prévoit d'éviter environ 27 000 tonnes de gaz à effet de serre, 43 % en moins", explique-t-elle. Interrogé par Lyon Capitale, le président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard indiquait pour sa part : "L'énergie la meilleure, c'est celle qu'on ne consomme pas." L'élu estime par ailleurs qu'à "chaque fois qu'on raccorde, on y gagne, quelle que soit la source d'énergie".
Le bois, une énergie dont le caractère renouvelable est contesté
Le bilan carbone du bois est bon, car neutre par convention tant que les prélèvements sont équivalents à la croissance des forêts.
Le collectif Stop Enfumage plaide ainsi pour mettre fin à cette convention au motif que les forêts françaises, affaiblies par le réchauffement climatique, perdent leur capacité d’absorption du CO2.
Le rapport du Haut Conseil pour le climat, datant de 2023, démontre une diminution de la capacité de stockage des forêts françaises. Les arbres n’ont séquestré que 39 millions de tonnes de CO2 par an entre 2014 et 2022, contre 63 au cours de la décennie précédente. Une baisse qui représente l’équivalent des émissions annuelles moyennes de plus de 5 millions de Français.
Dès 2021, quatre cents scientifiques ont écrit aux dirigeants du monde implorant de “cesser de considérer la combustion de la biomasse comme neutre en carbone”.
Pour la commune, le réseau de chaleur urbain fait espérer une réduction, mais aussi et surtout une stabilité des prix de l'énergie pour alimenter les bâtiments publics. "Vu ce qu'on a vécu avec le contexte géopolitique et des hausse énormes des prix, c'est très intéressant", assure Marylène Millet.
Nous avons vraiment travaillé le projet pour que l'impact sur les habitants du secteur soit le plus faible possible
Mais des habitants du secteur, entre la rue Guilloux et le chemin de la Mouche s'inquiètent. "J'entends les craintes des personnes vivant à proximité de la centrale qui disent notamment que leur bien va perdre de la valeur. Mais c'est un terrain constructible, il aurait pu y avoir 200 logements", nuance l'édile de Saint-Genis-Laval. D'autant que la chaufferie ne tournera pas pendant quatre mois, à l'été. C'est la station d'épuration de Pierre-Bénite qui prendra le relais.
En période de forte consommation énergétique, c'est tout de même jusqu'à dix camions par jour qui pourraient venir approvisionner la centrale. "Ils ne passeront que dans la zone d'activité. Nous avons vraiment travaillé le projet pour que l'impact sur les habitants du secteur soit le plus faible possible", assure Marylène Millet. L'acceptation des habitants viendra aussi et surtout avec le gain économique promis. "C'est pour cela que le délégataire a proposé que les gens à proximité puissent se raccorder" reconnaît la maire, alors que les maisons individuelles ne sont habituellement pas toujours invitées à se raccorder, le coût de chaque raccordement étant estimé à environ 1 000 €.
Les réseau de chaleur urbain de la Métropole de Lyon
. Sept réseaux (centre métropole, Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Lyon-La Duchère, La Tour de Salvagny, Givors, Rillieux-la-Pape), deux en construction et un au stade de projet
. Dix chaufferies, dont huit fonctionnant majoritairement grâce à la combustion du bois
. Elles sont situées notamment à Lyon, Vénissieux ou Rillieux-la-Pape