"Grand-peur et misère du IIIe Reich" au TNP : dans le vif de l’Histoire

Julie Duclos, jeune metteuse en scène au talent prometteur, propose une version d’une des œuvres emblématiques de Bertolt Brecht, Grand-peur et misère du IIIe Reich, saluée par la critique.

C’est entre 1935 et 1938 que Bertolt Brecht a écrit Grand-peur et misère du IIIe Reich, une de ses pièces majeures (avec Baal, La Noce chez les petits bourgeois, L’Opéra de quat’sous, pour n’en citer que trois). Il vivait alors en exil, en Suède, en Finlande, puis, après une épique traversée en bateau, en Californie (il travaillera à Hollywood, notamment à l’écriture du scénario du film antinazi Les Bourreaux meurent aussi, réalisé par Fritz Lang en 1943).

Hors de portée du régime nazi qui avait interdit ses écrits, il avait l’esprit libre et ne craignait aucune censure. Grand-peur et misère du IIIe Reich se présente sous la forme de vingt-cinq scènes de vie quotidienne, souvent d’un comique grinçant, dans l’Allemagne nazie, depuis la prise du pouvoir par Adolf Hitler en 1933 jusqu’à l’Anschluss qui annonce la Deuxième Guerre mondiale.

Brecht écrivait à partir de témoignages ou de coupures de journaux. Ce qui explique le regard clairvoyant qu’il pose sur les événements tragiques du début du IIIe Reich. C’est cela qui frappe  : la lucidité de son écriture qui est déployée, non pas avec le recul de l’après-guerre, mais dans le vif de l’Histoire.

Dans la version de Julie Duclos que l’on verra au TNP, la scénographie de Matthieu Sampeur offre un espace épuré rappelant des hangars industriels, qui fait ensuite apparaître une salle d’audience, un intérieur bourgeois ou un institut de physique… La vidéo tient une place importante, avec la projection d’images d’archives, ou des sons à visée immersive.

Mais ce sont avant tout les corps d’une jeune et talentueuse troupe, tous chargés d’une tension souterraine, qui font sentir toute l’oppression d’une époque. En s’emparant de ce texte majeur du XXe siècle, la metteuse en scène Julie Duclos entend nous inciter à aiguiser notre esprit critique. Et appeler à la vigilance en des temps qui redeviennent inquiétants.

Grand-peur et misère du IIIe Reich – Du 13 au 22 février au TNP