Enraciné au cœur du Bugey depuis 1860, le groupe Roset s’érige à l’international comme l’une des références haut de gamme du made in France.
Lenny Kravitz en est dingue. Au point de les collectionner dans son hôtel particulier parisien de 1 500 m2 du XVIe arrondissement, ou dans le salon de sa villa brésilienne, ancienne plantation de café du XVIIIe siècle, dans l’État de Rio de Janeiro. L’objet de toutes ses attentions ? Le fameux canapé Togo, créé par le Lyonnais Michel Ducaroy et édité par le Bugiste Ligne Roset. Un canapé-coussin à trois places en mousse de polyester (trois densités), sans armatures, ni dossier, et au look savamment fripé façon sharpeï. Une bête de mode, un best-seller du design, une pièce devenue culte, un objet emblématique qui l’est non seulement par sa forme mais aussi par son assise, très basse et très molle. Le Togo révolutionna le salon de l’époque seventies dans une société qui voulait se défaire d’un certain nombre de carcans. Il s’est, depuis, écoulé à plus d’un million et demi d’exemplaires aux quatre coins de la planète.
Intuition première
Ce mythe fondateur du “tout en mousse” a été imaginé au début des années 70 dans les ateliers de Briord, village situé en bord de Rhône, dans le Bugey. Le designer, diplômé des Beaux-Arts “section sculpture” de Lyon, Michel Ducaroy est alors directeur du bureau d’études de la maison Roset, dirigée par Jean, le petit-fils du fondateur.
Le duo est animé d’un esprit d’invention hors normes, avec l’intuition que la nouvelle génération aspire à des meubles anticonformistes, des lignes fluides et souples, à l’antipode des intérieurs bourgeois tirés à quatre épingles des parents, des pièces qui soient également innovantes, en phase avec les nouveaux matériaux (mousse, ouate, plastique thermoformé). En somme, la maison Roset capte l’air du temps et les prémices d’un nouveau monde avant tout le monde. Jean Roset réoriente l’entreprise sur la sphère privée et commence à travailler avec de nombreux designers avant-gardistes.
Le Togo de Michel Ducaroy sera présenté au Salon des arts ménagers, à la Défense, à Paris, en 1973. “Il n’a pas de pieds !”, s’étouffent certains visiteurs. Ducaroy recevra le prix René-Gabriel, qui récompense depuis 1950 un designer ayant réalisé un “mobilier innovant et démocrate”, c’est-à-dire proposant un bon rapport qualité-prix (aujourd’hui affiché entre 2 600 et 4 200 euros pièce).
![](https://www.lyoncapitale.fr/wp-content/uploads/2025/02/LigneRosetBriord©PLUQUET_28.jpeg)
@Pierre-Antoine Pluquet
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