"En ville, 55 décibels en journée est un niveau acceptable" assure Nicolas Lounis

Nicolas Lounis, président du Giac, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale

Le bruit en ville est-il un enjeu majeur de santé publique ? C’est la question posée à Nicolas Lounis, président du Giac (Groupement de l'ingénierie acoustique), invité de l’émission 6 minutes chrono de Lyon Capitale. Il revient sur l'impact du bruit en milieu urbain et les solutions envisagées pour atténuer ce fléau.

Un enjeu de santé publique majeur

À Lyon, du 6 janvier au 7 mars, les habitants sont invités à donner leur avis sur la pollution sonore dans le cadre du Plan de prévention du bruit 2025-2030. L’objectif : mieux comprendre et réduire les nuisances auditives dans la métropole.

« En ville, 55 dB en journée est un niveau tout à fait acceptablez pour vivre ensemble. La nuit, cela descend vers 25 ou 30 dB », explique Nicolas Lounis. Mais au-delà des chiffres, le bruit se vit différemment selon sa nature : « 55 décibels, cela peut être un bruit de route ou des bruits d'oiseaux, mais nous ne le percevons pas de la même manière », précise-t-il.

Des conséquences lourdes pour la santé

Le bruit excessif ne se limite pas à une simple gêne quotidienne. Il a aussi des conséquences directes sur la santé des habitants. « Avec le temps, le bruit peut entraîner des troubles du sommeil, du stress, de la fatigue, jusqu'à des risques cardiovasculaires », alerte Nicolas Lounis. Selon l’ADEME, le coût global de la pollution sonore en France s’élève à 157 milliards d’euros par an.

Une évolution du paysage sonore

Le bruit urbain a évolué ces dernières décennies. « Les villes sont moins bruyantes qu'avant, mais différemment. Le bruit des voitures a diminué, mais de nouveaux sons sont apparus, comme ceux des vélos, des piétons ou encore des drones », souligne Nicolas Lounis. Aujourd’hui, les politiques publiques tentent d’instaurer un meilleur équilibre sonore avec des zones apaisées et des aménagements adaptés.

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Un secteur en pleine mutation

Pour répondre à ces enjeux, le secteur de l’acoustique recrute de plus en plus. « Nous cherchons à attirer des étudiants, des ingénieurs et des techniciens. Il faut aller sur le terrain, poser des sonomètres, analyser les résultats et modéliser les évolutions du bruit en ville », explique le président du Giac.

Face à cet enjeu grandissant, la métropole de Lyon travaille en étroite collaboration avec des experts pour anticiper les futures mutations sonores et améliorer la qualité de vie des habitants.

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Plus de détails dans la vidéo :


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de bruit et de santé publique avec Nicolas Lounis, président du Giac, le groupement de l'ingénierie acoustique. Bonjour Nicolas Lounis.

Bonjour.

Merci d'être venu sur notre plateau, on va rentrer dans le vif du sujet. À Lyon, du 6 janvier au 7 mars, les Grands Lyonnais sont invités à donner leur avis sur la pollution sonore dans la métropole de Lyon. C'est dans le cadre du plan de prévention du bruit 2025-2030. Quel est le bon niveau sonore pour l'homme en ville ?

Le niveau sonore peut s'évaluer en parlant de décibels, ce qui n'est pas toujours évident. Pour les acousticiens, quand on utilise une référence, on peut dire qu'en ville, 55 dB en journée, c'est un niveau tout à fait acceptable pour vivre ensemble. La nuit, c'est un autre niveau sonore, et là on descend vers 25 ou 30 décibels.

Et 50, ça correspond à quoi à peu près ?

C'est une rue piétonne avec un peu de circulation automobile, un peu de circulation de vélos, une activité marchande, des gens qui discutent.

Le bruit, c'est très relatif. On en parlait avant l'émission, entre le bruit des oiseaux et celui d'une route.

Oui, le niveau sonore, les décibels, correspondent aussi à un vécu qui peut être très différent selon le type de son. 55 décibels, cela peut être un bruit de route ou des bruits d'oiseaux, mais on ne le vit pas de la même façon. En journée, on est moins réceptif à certaines ambiances. Quand on est actif, un environnement un peu sonore n'est pas étonnant. En revanche, au repos, on ne ressent pas les choses de la même manière. Donc, 55 décibels peuvent être désagréables ou au contraire agréables selon notre perception.

Quels peuvent être les impacts sur la santé d'un mauvais volume sonore au quotidien ? Jusqu'où cela peut-il aller ?

Avec le temps, on peut avoir des troubles du sommeil, du stress, de la fatigue, jusqu'à des risques cardiovasculaires. Le coût global du bruit sur la santé et la société est évalué à 157 milliards d'euros par an, selon l'ADEME, une estimation réévaluée il y a cinq ou six ans.

C'est l'impact du bruit ?

Oui, sur l'ensemble de la société. Cela concerne la santé, mais aussi l'aménagement. Il faut construire des écrans anti-bruit, développer des chaussées moins bruyantes. Même l'industrie automobile travaille à réduire le bruit. Malgré tout, cela reste un coût très important.

Est-il dangereux de vivre en ville en raison du bruit quotidien ?

Cela devient dangereux sur le long terme, mais heureusement, nous avons des moments d'équilibre. Nous ne sommes pas constamment exposés à des bruits très élevés. Le plan de prévention du Grand Lyon vise à créer des "villes apaisées", avec des espaces calmes, comme les parcs urbains.

Comment le bruit a-t-il évolué dans le temps ? Les villes étaient-elles plus bruyantes il y a 50 ans ?

Les villes sont aujourd'hui moins bruyantes, mais différemment. Le bruit des voitures a diminué, mais nos villes se sont transformées. Moins de voitures, plus de vélos et de piétons, des transports en commun développés, tout cela joue un rôle. Mais de nouveaux bruits apparaissent, comme les drones. C'est un défi, et les acousticiens modélisent ces évolutions pour anticiper les effets du bruit en ville.

La ville du Grand Lyon est-elle accompagnée sur ces questions ?

Oui, par un bureau d'études lyonnais en acoustique qui accompagne le Grand Lyon depuis plusieurs PPBE. Nous en sommes à la quatrième révision.

Le métier d'acousticien recrute-t-il ?

Oui, énormément. Nous cherchons à attirer des étudiants, des ingénieurs et des techniciens. Il faut mesurer le bruit sur le terrain, poser des sonomètres, modéliser les données, analyser les résultats. Nous faisons des maquettes sonores de la ville pour évaluer les gains en décibels et chercher le silence.

C'est donc un domaine très concret. En tout cas, ce sera le mot de la fin, car nous sommes déjà au bout des six minutes chrono. Merci beaucoup, Nicolas Lounis, d'être venu sur notre plateau.

Merci.

Merci à vous d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur l'actualité du plan de prévention du bruit sur le site lyoncapitale.fr. À très bientôt.

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