Grâce à un tout nouveau plan d'action dans le Rhône, présenté ce vendredi 21 février, l'État entend renforcer la sécurité du quotidien. Quartiers prioritaires, patrouilles dans les transports, recrutement... Voici les pistes étudiées pour y parvenir.
Les chiffres de la délinquance, publiés par le ministère de l'Intérieur le 30 janvier dernier, ont été une preuve de la détérioration de la sécurité du quotidien en France. Dans le Rhône, les homicides, les cambriolages ou encore les vols sont tous en hausse ces derniers mois. Pour apporter une réponse à cette montée sans précédent de la délinquance, Bruno Retailleau, ministère de l'Intérieur, a sommé chaque préfet de dresser un plan d'action départemental de restauration de la sécurité du quotidien.
Le voici désormais connu, depuis ce vendredi 21 février, à l'issue d'une conférence de presse tenue à la préfecture de Lyon, en présence du ministre François-Noël Buffet. Lui qui venait, quelques heures auparavant, de relancer le "Beauvau des polices municipales", toujours à Lyon. "Il faut rétablir l'ordre dans la maison France pour repousser la délinquance et ces violences qui deviennent de plus en plus brutales", a-t-il lancé en préambule.

Dans le Rhône plus précisément, le trafic de stupéfiants est un fléau que les forces de l'ordre peinent à faire reculer. 139 points de deal sont encore référencés. Le parquet de Lyon annonçait même, fin janvier, en faire "(sa) principale priorité " en 2025. Sans surprise, cette lutte contre le trafic de drogues fait partie des combats ciblés dans le nouveau plan d'action départemental. Dans le même temps, la préfecture du Rhône entend renforcer la sécurité des transports rhodaniens et lyonnais.
Cinq quartiers jugés prioritaires
Si le préfet délégué à la sécurité Antoine Guérin s'est avant tout félicité de l'action policière dans le Rhône, qui a notamment permis ces six derniers mois de désosser une vingtaine de points de deal, ce dernier assène : "Consommer de la drogue, c'est avoir du sang sur les mains". Le pilonnage, l'adaptabilité et l'action collective seront ainsi les principes directeurs des acteurs de la sécurité.
Dans cette lutte contre la délinquance, cinq quartiers ont été ciblés comme prioritaires : le Tonkin à Villeurbanne, ainsi que la Presqu'île, la Confluence, la Guillotière et la Part-Dieu à Lyon. Ce dernier est "un quartier dont nous ne parlons pas assez. Ce quartier requalifié, en mutation perpétuelle, a des enjeux nouveaux de sécurité. C'est là qu'on a la plus forte densité de délinquance sur la voie publique", souligne Nelson Bouard, directeur interdépartemental de la police nationale du département. Quant au choix de renforcer la présence policière en Presqu'île, il détaille : "En fin de semaine, quand il y a une plus grande densité de fréquentation, il y a beaucoup de vols et de violences, parfois physiques et sexuelles".
"Ne restons pas les bras ballants"
Thierry Dran, procureur de la République de Lyon
À l'échelle moins urbaine, la gendarmerie entend faire du "sûr-mesure dans l'espace et dans le temps", assure Sylvia Saint-Cierge, commandant du groupement de gendarmerie du Rhône. Et d'ajouter : "L'objectif est notamment d'être plus présent aux péages. Désormais, tous les jours, la gendarmerie sera à une borne à péage. Ce qui est nouveau, on va le faire de manière quotidienne". Un combat qui se mènera également aux côtés de partenaires, comme le tribunal de Lyon, représenté par la voix du procureur de la République de Lyon, Thierry Dran : "Ne restons pas les bras ballants. Des choses se font. Nous avons tous un seul but en la matière : faire baisser cette insécurité, cette délinquance, et arrêter le plus de dealers possibles pour les amener devant la justice".
Lire aussi : "Une guerre qui n'est pas perdue" : à Lyon, le trafic de drogue, priorité de la justice en 2025
200 policiers adjoints en plus en 2025
Fixer des objectifs et des actions dans un premier temps. Permettre de les mener dans le même temps. Voilà l'autre défi auquel devra répondre le ministère de l'Intérieur. Pour cela, 200 policiers adjoints seront recrutés cette année, a annoncé la préfète Fabienne Buccio. Il ne s'agit pas là d'un seuil, a ajouté le directeur de la DIPN. Ils prendront part aux missions de patrouille, notamment sur les zones de flux comme à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry ou encore dans les transports en commun de l'agglomération lyonnaise.
Démonstration de force au Tonkin

Pour illustrer ces deux prérogatives choisies, le trafic de stupéfiants et la sécurité des transports en commun, une opération policière d'ampleur a été menée ce vendredi dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne, où est installée la brigade spécialisée de terrain (BST) depuis trois mois. Alors, nouvelle action coup de poing, quelques jours après l'interpellation de dix individus sur un point deal rue Jacques-Brel, ou opération de communication ? "Ce n'est pas fini, il faut tenir dans la durée. C'est le plan que l'on a présenté. La présence continue, plus de 700 policiers vont être mobilisés sur ce quartier pendant plusieurs semaines", promet la préfète de région, Fabienne Buccio.
"Les gens du quartier disent que ça va mieux", glisse une membre de l'association Tonkin Pai(x)sible, en référence à l'arrivée de la BST. Tous les quartiers ciblés par ce nouveau plan de sécurité (sans parler des autres) ne pourront pourtant pas bénéficier de moyens humains tels qui sont déployés au Tonkin. "L'expérience acquise ici, on doit pouvoir s'en servir sur l'ensemble du territoire, quelles que soient les zones. En ruralité aussi, il y a des sujets. Ils ne sont pas les mêmes, mais on s'adapte au terrain, aux difficultés et à la délinquance rencontrée", ajoute Fabienne Buccio.
La difficulté restera pour autant la même : comment empêcher les points de deal de se réimplanter ailleurs ? "C'est la raison pour laquelle nous travaillons contre les usagers de stupéfiants", tance, en plein coeur du Tonkin, Nelson Bouard.

Lire aussi : "Arrêter, ce serait leur donner raison" : au Tonkin, le centre social répond à sa manière à la violence et au trafic
Après avoir présenté le Plan d'action départemental pour la sécurité du quotidien, la préfète Fabienne Buccio est au quartier du Tonkin à Villeurbanne pour rencontrer les équipes de la BST, aux côtés du maire de Villeurbanne, @cvansty. pic.twitter.com/4kyuuKJdcq
— Lyon Capitale (@lyoncap) February 21, 2025