Force du mouvement, écriture radicale et poétique qui scrutent la condition humaine… la chorégraphe et metteuse en scène Maguy Marin présente trois pièces au théâtre des Célestins.
Programmée pour la première fois au théâtre des Célestins en mars et en mai, Maguy Marin nous invite à partager avec trois pièces phares son regard sur le monde mais aussi sur le corps des autres. Trois pièces qui nous relient à une artiste sincère et cohérente dans sa radicalité artistique et ses engagements politiques et qui ne cesse d’interroger les splendeurs et les détresses du vivre-ensemble, une condition humaine fragile et éphémère.

Avec DEUX MILLE VINGT TROIS, sa dernière création plus que jamais d’actualité, elle nous plonge dans le monde des médias – presse écrite, radio, télévision, réseaux sociaux, discours, publicité, influenceurs… – décortiquant la manière dont ils nous manipulent et colonisent nos esprits pour nous forcer subrepticement à rallier l’avis majoritaire, contraignant au silence ceux qui veulent agir, réagir ou réfléchissent autrement, le danger extrême étant la suppression totale de la liberté et le totalitarisme qui va avec.
En mai, on pourra (re)découvrir May B, chef-d’œuvre de l’histoire de la danse contemporaine créé en 1981. Inspirée de l’œuvre de Samuel Beckett, la pièce nous plonge dans l’absurdité de la vie misérable de dix personnages aux visages blafards et aux corps difformes propulsés sur scène, vêtus de pyjamas et chemises de nuit sales et désuets, le visage couvert de craie grise. Maguy Marin invente ici une écriture qui s’empare de la gestuelle rétrécie et d’atmosphères propres au théâtre, cherchant les interactions, les points de contact avec le langage chorégraphique pour trouver l’exaltation des corps, même dans les mouvements les plus infimes et les plus intimes. Elle nous donne à voir une humanité livrée à elle-même, en proie à l’errance, la violence, la sexualité brute, à une multitude d’émotions, comme la peur, l’hostilité ou la tendresse, délivrant avec force et puissance une parade expressionniste faite de vies et d’histoires reconstituées.

À ne pas rater également Singspiele, pièce extrême et minimaliste avec David Mambouch qui nous donne à percevoir le corps et le visage de nos semblables, l’histoire de chacun se faisant à travers le besoin d’être reconnu. Seul acteur sur scène, il incarne tous les êtres, les anonymes ou les reconnaissables. Il est question de marche, de rythme, de solitude et de métamorphose. Un vrai face-à-face avec le public, une pièce saisissante !
DEUX MILLE VINGT TROIS du 12 au 14 mars ; May B du 13 au 17 mai ; Singspiele du 20 au 28 mai au théâtre des Célestins
theatredescelestins.com