Augustin Pesche, secrétaire de la section de Lyon du Parti Communiste, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
A la droite des écologistes lyonnais, les candidatures se multiplient chaque semaine à un an des élections municipales. A gauche, les différentes formations qui composent en sont au stade des interrogations et des haines recuites. Le Parti communiste lyonnais propose pour sortir des logiques personnelles et partisanes de se concentrer sur le programme, tout en endossant le bilan de l'actuelle majorité. "Le sens de la démarche, c'est de remettre les choses dans leur ordre logique, travailler un projet pour les lyonnais et les lyonnais. On est abattu par les coups de massue que nous impose le gouvernement et le patronat, les hausses des factures, stagnation des salaires et il nous semble important pour Lyon de reposer en jeu de la priorité, le projet politique pour que les lyonnais vivent mieux", précise Augustin Pesche.
Il adresse aussi un message aux différentes composantes du Nouveau front populaire qui se divisent sur la stratégie à adopter pour les prochains scrutins : "nous, ce qu'on appelle, c'est à dépasser la guerre des égos, puisqu'on a beaucoup de personnes qui souhaitent se lancer sur Lyon, pour remettre la charrue avant les bœufs. Quel est le projet politique qu'on veut pour notre ville, pour l'avenir de nos enfants, pour que nos aînés vieillissent dans des bonnes conditions dans la ville ?".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Augustin Pesche
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Augustin Pesche. Vous êtes secrétaire de la section lyonnaise du Parti Communiste Français, on vous a invité puisque vous avez, comment dire, un peu peut-être démarré votre campagne des élections municipales ce lundi en appelant un rassemblement autour du thème Lyon capitale du bonheur. Quel est le sens de cette démarche ? C'est d'aboutir à une candidature autonome puisque vous parlez de construire un programme ? C'est d'aller vous compter au premier tour dans un an ou c'est de proposer un programme alternatif possiblement amendable à vos partenaires politiques ?
Le sens de la démarche, c'est de remettre les choses dans leur ordre logique, travailler un projet pour les lyonnais et les lyonnais. On est abattu par les coups de massue que nous impose le gouvernement et le patronat, les hausses des factures, stagnation des salaires et il nous semble important pour Lyon de reposer en jeu de la priorité, le projet politique pour que les lyonnais vivent mieux.
Mais les compétences municipales ne vont pas permettre de répondre finalement aux reproches que vous faites au gouvernement de François Bayrou. La ville de Lyon ne va pas pouvoir augmenter les salaires des salariés qui vivent à Lyon ou qui travaillent à Lyon...
Mais par exemple la ville de Lyon a été en capacité de proposer un congé menstruel pour les femmes pour leur période de règles quand elles sont douloureuses et ça, ça fait partie du progrès social par exemple.
Sauf que la préfecture de Rhône aujourd'hui tape sur la ville de Lyon et sur la métropole...
Donc on témoigne que sur des décisions très concrètes, on est en capacité à agir et à promouvoir un projet de progrès social. On le fait quand on investit, par exemple dans le domaine du sport, plus 32% du budget d'investissement dans le programme du sport sur ce mandat, ou quand on prévoit d'investir 140 millions d'euros dans les quartiers populaires.
Ça, ce que vous racontez, c'est le bilan de la majorité sortante à laquelle vous les communistes vous faites partie, avec les écologistes, les insoumis, les socialistes. Je ne les ai pas placés dans l'ordre d'importance ou même d'autres groupes comme Lyon commun. Ce bilan, vous l'endosser facilement, mais pourquoi travailler un programme de votre côté et pas avec les autres ?
Nous, ce qu'on appelle, c'est à dépasser la guerre des égos, puisqu'on a beaucoup de personnes qui souhaitent se lancer sur Lyon, pour remettre la charrue avant les bœufs. Quel est le projet politique qu'on veut pour notre ville, pour l'avenir de nos enfants, pour que nos aînés vieillissent dans des bonnes conditions dans la ville ? Et ça, ça va passer par des réunions publiques, une dizaine d'ici la fin de l'année, cinq d'ici juin, pour travailler ensemble un projet politique porteur de progrès social, d'un prolongement de l'action municipale depuis 2020 et surtout qui dessine l'avenir dont qu'on souhaite pour les Lyonnais et les Lyonnais.
Quelles inflexions vous voudriez apporter à ce qui a pu être fait depuis cinq ans ? On a souvent entendu les partenaires de gauche des écologistes dire quand même ils sont un peu faibles sur la question sociale, autant peut-être sur la question de la végétalisation, des mobilités où on sent qu'il y a un intérêt très fort chez eux, mais le curseur social n'est peut-être pas assez à gauche. C'est aussi ce que vous pensez ?
On pense surtout qu'il faut dessiner un chemin et ça passe par exemple sur la question des politiques du temps libre. Dessiner comment demain à Lyon on vivra les congés payés, comment on fait en sorte que pour nos enfants dont la moitié ne partent pas en vacances et bien la ville de Lyon puisse proposer des programmes pour vivre ses vacances à Lyon ou à l'extérieur avec la question des colonies de vacances, pourquoi pas ? Mais ça passe aussi par des politiques innovantes dans le domaine de la santé. On sait qu'on a des grandes difficultés pour accéder à des médecins généralistes, encore plus pour des spécialistes, et on pense que la ville de Lyon a un rôle à jouer là-dedans. Donc il s'agit pas tant de questionner ce qui a été fait depuis 2020 que dessiner un chemin pour que l'humain soit au coeur de notre projet. Et un peu comme nos aînés ont pu le faire en 44 avec le programme des jours heureux travaillé au coeur de la résistance dans les heures sombres de notre pays, et bien aujourd'hui alors qu'on a une droite extrême qui est à l'offensive, on remet les priorités du moment au coeur du projet politique, c'est-à-dire l'humain.
On entend ces dernières semaines, ces derniers jours à gauche, beaucoup de gens qui se tirent dans les pattes ou qui ne veulent plus travailler ensemble. Les Insoumis ont dit qu'on ne peut plus bosser avec les socialistes qui n'ont pas voté la censure de François Bayrou, donc on partira pas avec eux aux élections municipales. À Lyon, il y a l'adjoint insoumis Laurent Bosetti qui dit mais non, il faut qu'on parte tous ensemble. Les écologistes qui disent on veut bien partir, une partie des socialistes qui s'interrogent en disant peut-être qu'on pourrait aller contester le leadership des écologistes dans les urnes. Est-ce que vous pensez que la gauche à Lyon, elle peut être unie dès le premier tour en 2026 ? Est-ce que c'est ce que vous souhaitez ? que c'est une bonne chose pour vous ?
À chaque fois que la gauche a été unie à Lyon, elle a gagné. En 2001 avec Gérard Collomb, les communistes participaient à cette gauche plurielle. En 2020 avec Grégory Doucet, et on l'a fait dans le respect des diversités. diversité de la gauche, c'est notre force. L'enjeu pour les communistes, pour les insoumis, pour les écologistes, pour les socialistes, c'est de pouvoir à un moment donné gagner ensemble. Parce que si on n'est pas en capacité de se rassembler, personne ne gagnera. On le voit bien sur les dernières législatives. Ni Sandrine Runel, ni Anaïs Belouassa Cherifi n'auraient gagné les législatives sans le rassemblement des forces de gauche.
Est-ce que vous, vous avez des difficultés peut-être à travailler avec les socialistes, avec les insoumis ? est-ce que ces questions nationales finalement elles n'existent pas localement ?
C'est le débat d'idées. On n'est pas d'accord sur tout. Il faut qu'on pose les enjeux des orientations politiques. Où est-ce qu'on veut amener la ville de Lyon entre 2026 et 2032 ? c'est comme ça qu'on arrivera à se retrouver. C'est pour ça qu'on prend le parti de poser la question du programme politique avant toute chose. L'enjeu ce n'est pas de savoir qui. c'est de savoir pourquoi on se bat, comment on veut transformer la vie des Lyonnais, pour que le quotidien soit en 2032 plus facile finalement que ce qu'il a été en 2026.