Samedi 8 mars s’est déroulée la manifestation annuelle pour la journée internationale des droits des femmes. À Lyon, plusieurs milliers de personnes ont défilé pour continuer à garantir l’accès aux droits de toutes les femmes.
Elles sont étudiantes, militantes, mères de familles, jeunes, âgées, racisées. Toutes étaient présentes ce samedi 8 mars sur la place Bellecour (2e arr.) à l’occasion du rassemblement pour la journée internationale des droits des femmes. Organisée par le collectif Droits des femmes 69, la manifestation a débuté peu après 15 heures sur une place Bellecour noire de monde avant que le cortège ne s'élance. Selon la préfecture, environ 10 000 personnes ont défilé dans les rues de Lyon. Les pancartes, revendications et slogans accrocheurs étaient nombreux parmi la foule. Et bien que l’humeur était détendue, les esprits, eux, étaient concentrés et déterminés à faire entendre les voix des femmes.
Lire aussi :
- Lyon : entre peurs, agressions et violences, le combat invisible des femmes sans-abris
- En Auvergne-Rhône-Alpes, les revenus moyens des femmes et des hommes encore loin d'être égaux
"Notre vécu est légitime"
Annoncée comme une "grève féministe", la manifestation avait pour objectif de rappeler que sans les femmes, "le monde ne tourne pas", lance ainsi une militante devant le parterre de manifestants. "À Lyon, comme ailleurs dans le monde, nous dénonçons le système patriarcal qui nous dit que nous ne sommes pas légitimes. Notre vécu est légitime, notre travail est légitime, nos vécus, nos histoires, nos choix intimes, nos sexualités sont légitimes", ajoute-t-elle. Cette année encore, les revendications restent les mêmes : la garantie d’accès aux droits, une meilleure prise en charge des victimes de violences sexuelles, etc. Dans un contexte politique tendu, d'autres thèmes se sont imposés. "Les féministes doivent être unies contre l’extrême droite. On ne peut pas être féministe et d’extrême droite, ça n’existe pas", indique Éline Roy, membre de la coordination du collectif Nous Toutes Rhône. "Dans cette France, cette Europe, ce monde même, où l’extrême droite gagne les sphères de pouvoir et les opinions de plus en plus rapidement, il est important de faire front commun", plaide-t-elle encore.
Droits des femmes à la rue, en Palestine, au Liban, mais aussi droit à l’IVG et droits des enfants, toutes et tous sont concernés. C’est le cas de Mathilde, étudiante de 22 ans, dont la pancarte "féministe catholique pour l’IVG" attire les regards. "Je suis féministe, il faut le dire et c’est la journée pour tous se rassembler", assure la jeune femme. Sa pancarte, réalisée l’année dernière à l’occasion de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, révèle aussi ses inquiétudes. "Autour de moi, les catholiques étaient effarés parce qu'ils estimaient que l'on allait inscrire un crime dans la Constitution, alors que l’on ne force personne à avorter. C’était important pour moi cette pancarte parce que j’ai l’impression que ce n’est pas bien de dire que l'on est féministe et que les jeunes chrétiens sont de plus en plus conservateurs et traditionalistes", déplore-t-elle.
"Maintenant il faut faire front commun"

Alors que le cortège s’avance sur les quais du Rhône, Fauve et Mathilde, deux Lyonnaises de 19 et 21 ans, défilent, pancarte à la main, afin d’exiger des solutions pour les enfants victimes d’inceste et les trop nombreuses plaintes classées sans suite. "Je travaille avec des enfants en service civique et ça me touche beaucoup de savoir qu’il y en a un ou deux par classe qui en seront victimes. Je les vois tous les jours, c’est un vrai sujet", regrette par ailleurs Fauve.

Pour rappel, bien que les chiffres des violences sexuelles étaient en baisse de 0,6 % en 2024 (soit 3 080 victimes recensées), ils représentent toutefois une hausse de 15,5 % par rapport à ceux de 2016. Et partout dans la foule, les manifestants évoquent leur peur de voir leurs droits diminués, voire supprimés, face au retour d’un climat conservateur et réactionnaire. "Ces droits ont toujours été menacés, mais c’est de plus en plus palpable, de plus en plus urgent. Maintenant, il faut faire front commun pour garantir l’accès effectif, et je dis bien l’accès pas le droit, à toutes les femmes et les minorités de genre. On résistera, c’est une question de survie", conclut enfin Eline Roy.
Lire aussi :
"Ce qui est misogyne, c'est de penser que les femmes sont victimes par nature" Virginie Efira Victoria, film de Justine Triet 2016 !
"Sans nous, le monde ne tourne pas" et sans les hommes donc !