Le jeune loup a battu le vieux lion : le président lyonnais Yann Roubert, 49 ans, est désormais seul en lice pour la présidence de la Ligue nationale de rugby (LNR), qui régit le rugby professionnel français, après avoir gagné son duel avec le sortant René Bouscatel.
L'élection est officiellement prévue jeudi mais à l'issue d'un vote entre les trente présidents de clubs professionnels mercredi soir, l'écart des voix a été trop important et René Bouscatel a décidé de se retirer, ont dit des sources proches des discussions à l'AFP, confirmant les informations du bi-hebdomadaire spécialisé Midi Olympique et du quotidien L'Equipe.
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Cette solution permet d'éviter au rugby professionnel de se déchirer comme il l'avait fait lors de l'élection de René Bouscatel en 2021, au terme d'une bataille très disputée contre le président de La Rochelle Vincent Merling. A 78 ans, Bouscatel, ancien président du Stade toulousain (1992-2017) visait un nouveau mandat.
Mais c'est finalement Roubert, 47 ans, à la tête du LOU depuis 2012, qui devient le cinquième président de la Ligue nationale de rugby, après Serge Blanco (1998-2008), Pierre-Yves Revol (2008-2012), Paul Goze (2012-2020) et donc Bouscatel.
"Continuité"
Soutenu par plusieurs opposants de Bouscatel, dont le président bayonnais Philippe Tayeb et le Castrais Pierre-Yves Revol, Roubert a réussi à se démarquer de la personnalité du sortant, mettant en avant un "équilibre entre continuité et renouvellement", mettant en avant son "énergie" face à son aîné au cours d'un entretien avec l'AFP.
Roubert hérite du bon bilan de la mandature précédente, dont il s'est dit "solidaire", étant un des cinq vice-présidents de René Bouscatel : des affluences et audiences en hausse, des résultats brillants en Champions Cup avec quatre titres pour des clubs de Top 14 sur les cinq dernières années, des droits télé sécurisés pour plusieurs années avec Canal+, le diffuseur historique du rugby français.
Mais malgré ce bilan flatteur, Bouscatel, outre l'écueil de son âge, dont il a dû se défendre pendant la campagne, paie peut-être sa proximité avec Toulouse, son ancien club, dans le contexte très tendu de l'affaire autour du transfert de Melvyn Jaminet.
Le club toulousain est actuellement en médiation avec la LNR sur les conditions du transfert de l'arrière international, qui d'après le journal l'Equipe aurait payé lui-même sa clause de départ de Perpignan. Le club n'aurait pas versé les 450.000 euros que le joueur devait payer à son ancien club, car ce montant aurait contraint Toulouse à dépasser le plafond autorisé par le salary cap en vigueur dans le rugby français.
Rôle de négociateur
Roubert aura notamment pour mission de poursuivre le chantier sur l'encadrement de la masse salariale des clubs ("salary cap"), fixée jusqu'à 2027 mais dont le montant et les modalités font débat. Yann Roubert s'était dit en faveur "d'une baisse à la fois progressive et raisonnée" pendant la campagne.
Il devra également gérer les relations avec la Fédération française de rugby, apaisées depuis plusieurs années mais qui pourraient se compliquer en raison de la situation financière difficile de la FFR, qui souhaite par exemple organiser un quatrième match du XV de France en novembre.
Reste à voir également quelle sera la position de Roubert au sein de la Ligue : durant la campagne, le président de Lyon s'était prononcé pour une rémunération de son poste, aujourd'hui bénévole, avant de faire volte-face, disant ne pas en faire une condition.
Il devra aussi faire attention à ne pas prêter le flanc aux critiques sur des conflits d'intérêt : le club de Lyon, dont il démissionnera une fois élu à la Ligue, est détenu en majorité par l'entreprise GL Events, actuellement en discussion avec l'Etat pour obtenir la concession du Stade de France, principale enceinte des matches du XV de France.
Malgré son rôle pour impulser des dossiers, trouver des accords, et négocier avec la Fédération, le président de la Ligue reste largement tributaire des rapports de force entre les clubs.