Etienne Blanc, sénateur Les Républicains du Rhône et auteur d'un rapport sur le narcotrafic, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Les députés ont commencé, ce lundi, l'examen de la loi sur le narcotrafic. Un texte issu des travaux de deux sénateurs dont celui du Rhône Etienne Blanc. Il espère que le texte de loi qui ressortira de l'Assemblée nationale n'aura pas trop été amendé, comme il l'a été en commission des lois : "le texte tel qu'il vient aujourd'hui devant l'Assemblée nationale, ce n'est plus tout à fait notre texte et c'est bien dommage". "Nous pensons qu'un texte puissant peut permettre de réduire l'influence des narcotrafiquants, et pour ça il faut aller voir en Europe ce qui marche. Donc vous avez parlé des repentis, il faut aller voir les infiltrés civils, il faut regarder le dossier Coffre, il faut regarder les techniques spéciales d'enquête, tous ces dispositifs nouveaux qui permettent de pucer une voiture, de suivre des conversations, de rentrer dans un ordinateur, bref, tous ces dispositifs techniques", assure-t-il.
Etienne Blanc revient aussi sur les raisons qui l'ont poussé à soutenir Bruno Retailleau dans le duel pour la présidence des Républicains qu'il livre face à Laurent Wauquiez dont il a longtemps été le lieutenant : "celui qui aujourd'hui a la meilleure capacité de rassemblement c'est Bruno Retailleau et c'est la condition du succès".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Etienne Blanc
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Etienne Blanc. Vous êtes sénateur Les Républicains du Rhône, co-auteur d'un texte sur le narcotrafic qui va probablement se transformer en loi sur le narcotrafic ou plutôt contre le qui est étudié depuis ce lundi à l'Assemblée Nationale après être passé à l'unanimité au Sénat, un texte que vous aviez co-rédigé avec un sénateur socialiste. Le texte qui est étudié à l'Assemblée Nationale a déjà été un peu modifié en commission, est-ce que vous avez l'impression que c'est le même texte, est-ce que déjà pour vous à ce stade-là il a été caviardé, dénaturé ?
Pour l'instant ce n'est pas le même texte, il y a un certain nombre de mesures très très fortes, notamment ce que nous avons appelé le dossier coffre, des techniques spéciales d'enquête qui ne sont pas révélées à la défense ou aux prévenus, notamment des systèmes pour pénétrer des réseaux de communication cryptée, tout ça a été Notamment ce qu'on appelle l'injonction pour ressources inexpliquées. Vous voyez quelqu'un qui passe avec une très grosse BMW qui est au RSA, le texte prévoyait, notre texte prévoyait qu'on puisse lui demander comment est-ce qu'il peut l'acheter, comme ça se passe en matière fiscale, donc tout ça a été enlevé en commission des lois. Alors il y a des motifs, les députés républicains n'étaient pas très présents, c'était plutôt l'opposition qui était présente, donc ces mesures vont être réintroduites par le gouvernement. Mais c'est vrai que le texte tel qu'il vient aujourd'hui devant l'Assemblée nationale, ce n'est plus tout à fait notre texte et c'est bien dommage.
S'il manque une des mesures, est-ce que pour vous l'arsenal qui serait offert à la police et à la justice pour lutter contre le trafic de drogue serait fatalement incomplet ?
Il a le mérite d'être complet parce qu'il est issu d'un rapport que nous avions fait sur la situation du narcotrafic en France et ça a été d'ailleurs reconnu par tous les mouvements politiques de quelque nature qu'ils soient, ça a eu le mérite de faire une photographie complète du problème du narcotrafic, du consommateur jusqu'au haut du spectre. Et nos mesures, elles couvrent l'ensemble de ce dispositif, donc c'est très cohérent. En enlever une, c'est parfaitement dommageable, mais vous savez, chez moi dans le budget on dit souvent, tout ce qui est rentré ne craint plus la pluie, donc si demain il y a des mesures nouvelles, elles seront toujours bonnes à prendre, mais l'idéal ce serait que l'Assemblée nationale reprenne la totalité de la loi que nous avons votée à l'unanimité au Sénat.
Est-ce qu'il y a des mesures qui sont plus efficaces que d'autres ? On a notamment beaucoup parlé de la question du statut du repenti, est-ce que c'est quelque chose qui pour vous peut être décisif dans la lutte que l'Etat mène contre le trafic de drogue ?
Vous savez, il y a la France et il y a l'Europe, et la France a intérêt à aller voir en Europe ce qui marche. En Italie, le système des repentis ça a très très bien marché, on a fait tomber une grande partie de la mafia calabraïse, une grande partie de la mafia sicilienne, c'est absolument redoutable.
Mais pour autant on ne peut pas dire qu'il n'y a plus de mafia en Italie ?
Il y a toujours, mais vous savez, après notre texte, il y aura toujours du trafic de drogue en France. La question qui se pose c'est de savoir si on continue à accepter ce déferlement que nous avons appelé le tsunami blanc, la cocaïne en France, avec toutes les conséquences, les crimes, les meurtres, ces masses d'argent gigantesque qui permettent de corrompre, corrompre les douanes, corrompre les dockers, corrompre la police, et voilà, c'est toute la question aujourd'hui, et là nous nous pensons qu'un texte puissant peut permettre de réduire l'influence des narcotrafiquants, et pour ça il faut aller voir en Europe ce qui marche. Donc vous avez parlé des repentis, il faut aller voir les infiltrés civils, il faut regarder le dossier Coffre, il faut regarder les techniques spéciales d'enquête, tous ces dispositifs nouveaux qui permettent de pucer une voiture, de suivre des conversations, de rentrer dans un ordinateur, bref, tous ces dispositifs techniques.
Tout en restant dans l'état de droit puisque c'est la question qui se pose.
Alors c'est la grande question l'état de droit, c'est quoi un état de droit pour moi ? Pour moi un état de droit c'est un état dans lequel la démocratie fait le droit, et la démocratie c'est le parlement, donc pour moi un état de droit c'est un état dans lequel le parlement est souverain pour faire le droit. Alors il a des contraintes, il a la contrainte constitutionnelle, il a la contrainte de ce qu'on appelle la conventionnalité, c'est-à-dire que les textes internationaux sont respectés, que la constitution est respectée, mais le parlement est souverain. Et je trouve qu'aujourd'hui le droit joue un peu contre la démocratie. Moi je l'ai vu dans ce texte, toute une série de dispositions que nous avons prises en disant mais attention constitutionnellement ça pose des problèmes, attention la convention, la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen, ça c'est un véritable sujet démocratique sur lequel la France aura à répondre prochainement. Parce que le sentiment donné au parlement c'est qu'aujourd'hui il y a une certaine impuissance parce que les contraintes sont trop lourdes.
C'est un sujet qui sera probablement au cœur de la prochaine élection présidentielle. Moi il y a une autre présidentielle dont je voulais parler avec vous, c'est celle pour la présidence des républicains, deux candidats en liste, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Vous avez été pendant quelques années le fidèle bras droit de Laurent Wauquiez à la région et aujourd'hui vous soutenez Bruno Retailleau. Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est un ressort politique, un ressort humain qui vous a fait choisir l'un plutôt que l'autre ?
Pour moi c'est très très clair, il faut être clair dans les réponses et il faut avoir le courage de dire devant tout le monde voilà ce que je crois et voilà ce que je veux. Moi j'ai travaillé à côté de Laurent Wauquiez pendant cinq ans, j'étais en charge des finances, j'étais en charge du personnel, j'étais en charge de la fusion des régions, j'étais en charge des économies, des relations entre la France et la région et la Suisse et l'Italie, ces régions voisines, j'étais très heureux de le faire et j'ai travaillé en très très bonne intelligence avec Laurent Wauquiez, un esprit bruyant avec qui je crois qu'on a fait de très bonnes choses pour la région. Et puis là c'est un autre sujet, l'autre sujet c'est le choix d'un chef de parti et ce chef de parti il aura une mission, c'est de préparer la prochaine élection présidentielle, il ne sera peut-être pas le candidat mais il doit préparer la prochaine élection présidentielle et si on regarde les dernières élections présidentielles, notre famille politique, les LR, on n'est plus présent au second tour et pourquoi est-ce que nous ne sommes plus présent au second tour ?
Et vous vous en éloignez sans vouloir retourner le couteau dans la plaie...
Exactement mais enfin la dernière fois c'était moins de 5%. Pourquoi ? Parce que nous sommes incapables de rassembler. Eh bien moi j'ai choisi le candidat qui est le mieux à même de rassembler.
Pourquoi il est plus en capacité de rassembler ?
Ce que je constate c'est que le courant libéral David Lisnard il est du côté de Retailleau, le courant très républicain, laïque, un courant qui est porté par Xavier Bertrand, il est du côté de Bruno Retailleau, le courant conservateur très bien porté par François-Xavier Bellamy, il est du côté de Bruno Retailleau. Donc je pense que celui qui aujourd'hui a la meilleure capacité de rassemblement c'est Bruno Retailleau et c'est la condition du succès. Parce que vous pouvez dire, vous allez voir, si vous rassemblez pas vous êtes pas au second tour et moi je souhaite que ma famille politique, les républicains, soit au coeur d'un dispositif qui permette de gagner les prochaines présidentielles.
Et lorsque les spécialistes du droit et de la chasse aux trafiquants se penchent sur ce projet de lois,
ils s'aperçoivent que c'est la porte ouverte à de nouveaux problèmes encore plus graves.
Si vous voulez lutter contre les trafics, soyez postmonétaires.
Si vous ne voulez pas supprimer l'usage de monnaie, la raison est compréhensible 🙂