Jérôme Tomaselli, collectionneur et fondateur de la Tomaselli Collection.
Jérôme Tomaselli, collectionneur et fondateur de la Tomaselli Collection.

"La peinture de fleurs à Lyon est liée à l'industrie de la soierie" rappelle Jérôme Tomaselli

Jérôme Tomaselli, collectionneur, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Jusqu'au 27 septembre 2025, la Tomaselli Collection (22 rue Laure Diebold, Lyon 9) accueille une exposition inédite intitulée "L'art de la fleur à Lyon". Ce projet, porté par Jérôme Tomaselli, met en lumière la peinture florale, intimement liée à l'industrie de la soierie. Jérôme Tomaselli revient sur les origines de ce mouvement, son âge d'or, et les trésors présentés dans cette exposition unique.

La peinture florale lyonnaise trouve ses racines dans l'industrie de la soierie, comme l'explique Jérôme Tomaselli : "La peinture de fleurs à Lyon est très liée à l'industrie de la soierie, ce qu'on appelait "la Fabrique", où l'on avait besoin de dessinateurs et pour des motifs floraux pour les soies. L'école des beaux-arts de Lyon a été créée avec notamment la "classe de fleurs" pour former des artistes capables de créer ces fameux motifs pour la soierie." Cette "classe de fleurs" a formé des générations d'artistes, dont certains sont devenus des figures internationales, comme Simon Saint-Jean ou Berjon.

L'exposition retrace l'évolution de cet art, du XVIIe siècle à nos jours. Parmi les œuvres présentées, des tableaux de maîtres comme van der Kabbel, un peintre hollandais installé à Lyon, ou encore des créations contemporaines de Chevrette, Giorda et Gilbert Pécou. Jérôme Tomaselli souligne la richesse de cette tradition lyonnaise : "Chaque époque va représenter un thème finalement assez naturel, c'est le cas de le dire, de façon très différente."

L'âge d'or de la peinture florale lyonnaise se situe au XIXe siècle, une période marquée par une technicité et une créativité exceptionnelles. "Les artistes lyonnais du XIXe siècle ont une qualité extraordinaire de technicité et de créativité. Et donc, notamment le thème de la fleur, c'est un thème qui a beaucoup été travaillé puisqu'il y avait cette fameuse classe de fleurs avec ses grands professeurs." Parmi les pièces maîtresses de l'exposition, les œuvres de Berjon, Thiria ou Régnier, qui illustrent cette période faste.

L'exposition est également une invitation à découvrir ou redécouvrir cet art, même pour les néophytes. "La peinture de la fleur, c'est quelque chose qui est immédiat. C'est-à-dire qu'on a la beauté du sujet, souvent c'est représenté en bouquet avec des petits insectes, etc. Donc, il y a quelque chose d'immédiat dans l'appréciation." Pour ceux qui souhaitent approfondir, des visites guidées sont proposées, animées par des historiennes de l'art, permettant d'explorer en profondeur cette riche histoire artistique.

"L'art de la fleur à Lyon" est à découvrir jusqu'au 27 septembre 2025 à la Tomaselli Collection, au 22 rue Laure Diebold, Lyon 9. Une plongée dans un univers où l'art et l'industrie se rencontrent, témoignant du génie créatif lyonnais à travers les siècles.


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale aujourd'hui. On va parler de fleurs et de peinture puisque nous recevons Jérôme Tomaselli qui accueille à la Tomaselli Collection une exposition intitulée « L'art de la fleur à Lyon », qui se tient jusqu'au 27 septembre 2025. L'adresse, c'est le 22 rue Laure Diebold à Lyon 9, et il vient nous présenter son exposition. Bonjour Jérôme Tomaselli. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer un peu par l'histoire, sur l'histoire de la peinture florale à Lyon. D'abord, quelle est l'origine de ce mouvement lyonnais ?

La peinture de fleurs à Lyon est très liée à l'industrie de la soierie, ce qu'on appelait "la Fabrique", où l'on avait besoin de dessinateurs et notamment pour les motifs floraux pour les soies. L'école des beaux-arts de Lyon a été créée avec notamment "la classe de fleurs" pour former des artistes capables de créer ces fameux motifs pour la soierie. Et cela s'est perpétué jusqu'aux années 1960. Cette classe de fleurs a formé tous les grands professeurs que nous présentons dans l'exposition.

Donc voilà, c'est quand même quelque chose d'assez local, une lyonnaiserie, j'allais dire. On peut dire que Lyon, de manière générale, a beaucoup de liens avec la botanique aussi. Je crois que c'est une ville assez pionnière dans l'étude des plantes. On le sait avec le jardin des plantes dans les pentes de la Croix-Rousse et les serres du parc de la Tête d'Or. Vous venez de le dire, il y a un lien entre artistes, artisans, entre l'art et l'industrie qui est assez fort. On parle d'artistes ou on parle d'artisans d'ailleurs ?

Alors, la "classe de fleurs" formait entre 30 et 60 dessinateurs par an. Certains sont devenus de grandes stars internationales comme Simon laurSaint-Jean ou Berjon, par exemple. Et d'autres sont restés anonymes, ont travaillé pour les soyeux et on ne connaît pas leur nom puisqu'ils ne signaient pas leurs œuvres pour nombre d'entre eux. Mais ce sont de vrais artistes quand on voit la qualité de leur travail. Nous présentons notamment des gouaches de fin d'études de la classe de fleurs, c'est éblouissant. Ils avaient une technique fabuleuse. Et en tant que lyonnaiserie, la soierie lyonnaise et tous ses motifs s'exportaient dans le monde entier, dans toutes les cours impériales, toutes les cours royales, Napoléon, etc. Et puis, nous avons eu des peintres qui se sont extraits de l'artisanat, comme Simon Saint-Jean, qui ont fait des carrières internationales extraordinaires.

Justement, il y a une des parties de votre exposition qui s'intitule "L'âge d'or". Pourquoi est-ce qu'il y a eu un âge d'or dans le monde ? C'est à ce moment-là l'âge d'or ? Pour la peinture, j'entends.

Alors, c'est le XIXe siècle en fait. Les artistes lyonnais du XIXe siècle ont une qualité extraordinaire de technicité et de créativité. Et donc, notamment le thème de la fleur, c'est un thème qui a beaucoup été travaillé puisqu'il y avait cette fameuse "classe de fleurs" avec ses grands professeurs. On a cité TAugustin-Alexandre Thierriat Plus. On montre tous les grands professeurs de la classe de fleurs et on est ébloui par la technique de ces gens-là.

J'allais vous demander, c'est une question un peu générale, mais qu'est-ce que vous montrez dans votre exposition finalement ?

On montre tout le parcours de l'évolution de la représentation de l'art floral. Ça commence au XVIIe siècle avec deux immenses tableaux de van der Kabbel, qui est un Hollandais venu s'installer à Lyon et qui était un très grand peintre à l'époque. Donc, c'est une histoire qui remonte à loin. Et puis, au XVIIIe et au XIXe siècle, qui est très riche en termes de fleurs, mais aussi au XXe siècle, puisque tous les mouvements lyonnais ont représenté la fleur, travaillé aussi à la fois en tant que peintre, mais aussi en tant que dessinateur pour la fabrique. Et jusqu'à nos jours, puisque nous présentons des œuvres de Chevrette, Giorda et Gilbert Pécou, qui nous ont fait la gentillesse de nous prêter des œuvres contemporaines.

Donc voilà, c'est assez unique finalement, en remontant le temps jusqu'à aujourd'hui. On a aussi quelque chose qu'on a envie de savoir, c'est le coup de cœur du collectionneur. Est-ce qu'il y a une pièce ou deux, ou un endroit qui vous semble immanquable, qui vous semble le plus important ?

En toute subjectivité, déjà, si je les ai achetés, tous ces tableaux, j'avais des coups de cœur pour chacun, c'est très difficile. Mais c'est clair qu'il y a des choses exceptionnelles comme les tableaux de Berjon, Thiria ou Régnier, qui sont vraiment, comme on disait, l'âge d'or de cette peinture. Mais aussi les très beaux tableaux de Giorda ou Chevrette, qui sont ce qu'on fait aujourd'hui. Un des intérêts de l'exposition, c'est de montrer comment un sujet, la fleur, peut être représenté de façon tellement différente selon les époques. En fait, chaque époque va représenter un thème finalement assez naturel, c'est le cas de le dire, de façon très différente.

Est-ce qu'on peut venir à l'exposition sans rien y connaître à ces mouvements de peinture, à cette culture florale lyonnaise ?

Déjà, la peinture de la fleur, c'est quelque chose qui est immédiat. C'est-à-dire qu'on a la beauté du sujet, souvent c'est représenté en bouquet avec des petits insectes, etc. Donc, il y a quelque chose d'immédiat dans l'appréciation. Après, si on veut aller plus loin, on a un certain nombre d'explications, on sort un catalogue, et bien sûr, on a les visites guidées qui sont passionnantes avec deux chargées de collection qui sont historiennes de l'art et qui rendent la visite passionnante parce qu'on apprend énormément de choses.

Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Jérôme Tomaselli d'être venu sur notre plateau présenter votre exposition. Je le rappelle, elle s'appelle "L'art de la fleur à Lyon", ça se passe au 22 rue Laure Diebold à la Tomaselli Collection et jusqu'au 27 septembre 2025. Plus de détails aussi sur l'actualité culturelle lyonnaise sur le site lyoncapitale.fr. Je vous dis à très bientôt. Merci à tous.

Laisser un commentaire

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut