Dans les trois quarts des cas, pour stopper l'hémorragie, on n'ouvre même plus la boîte cranienne.
C'est un accident qui fait peur parce qu'il touche au cerveau et que les conséquences peuvent être fatales. La rupture d'anévrisme cérébral touche environ 5000 personnes par an en France. Sur Lyon, c'est à l'hôpital neurologique Pierre Wertheimer que les patients de tous âges, (très rarement des enfants), arrivent en urgence. L'anévrisme vient de la faiblesse de la paroi d'une artère. Sous l'effet de la dilatation, une petite poche se forme. Cette manifestation peut rester asymptomatique mais parfois, l'anévrisme se fissure ou se rompt, provoquant des saignements plus ou moins importants. Dans tous les cas, ce phénomène s'accompagne d'un mal de tête soudain et violent, une sorte de coup de poignard bien différent des céphalées classiques. D'autres manifestations peuvent intervenir : nausées, vomissements... C'est là qu'il y a urgence à traiter. Car si le décès peut survenir subitement, dans un tiers des cas, le patient s'en sortira indemne, dans un tiers des cas avec des séquelles neurologiques plus ou moins graves.
Des porteurs sains
Il y a encore 10 ans, on ouvrait le crâne systématiquement. "Aujourd'hui, pour les trois quarts des patients, on utilise la neuroradiologie interventionnelle. On introduit un cathéter dans l'artère fémorale à la cuisse et on remonte jusqu'au cerveau pour obstruer l'anévrisme avec un coil, un fil métallique en forme de ressort. Lorsque l'anévrisme est situé dans une zone du cerveau difficile à atteindre par le cathéter, on utilise la microchirurgie. Actuellement, elle est beaucoup moins invasive que par le passé. L'occlusion se fait à l'aide d'une micropince appelée clip", explique le Pr Marc Sindou, chef de Service à l'hôpital neurologique. Autre progrès, l'anévrime est aussi parfois traité préventivement. Avec le développement des scanners et des IRM, de plus en plus d'anévrismes sont diagnostiqués fortuitement. Si le risque de rupture est important, une prise en charge peut être proposée avant que ne survienne l'accident hémorragique.
Témoignage
"Le plus dur, ça a été la douleur"
Luc, 34 ans. "C'était le 10 octobre dernier. Je commençais à courir au Parc de la Tête d'Or quand j'ai eu un mal de tête comme si mon cœur cognait dans mon cerveau. Je suis migraineux mais je n'avais jamais ressenti un truc pareil. Mon anévrisme était en train de se fissurer. A l'hôpital neurologique, ils sont passés par une artère de la cuisse pour intervenir sur mon cerveau, c'est prodigieux comme technique. Au cours de l'intervention, l'anévrisme s'est rompu et j'ai eu un arrêt cardiaque. Les médecins ont pompé le sang en faisant trois petits trous dans la tête et m'ont plongé dans le coma artificiel. J'ai découvert après coup la gravité de mon état. Le pronostic était très réservé. Le plus dur, ça a été la douleur, malgré la morphine, et les délires postopératoires. Je voyais des images de gens qu'on saignait. Je n'ai aucun séquelle mais trois mois de repos bien nécessaires. C'est un peu comme une renaissance ; mon cerveau est le même mais mon sentiment intérieur est celui d'un nouveau né. ça décuple les forces vitales et le plaisir des petites choses".
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