Une idée qui gagne de plus en plus de terrain.
Depuis quatre ans, le groupe scolaire de la Tour de Salvagny fait figure d'exemple dans le Rhône en utilisant l'eau de pluie. Et ça marche ! L'eau, récupérée sur 911 m2 de toitures et dirigée, par des chéneaux, dans deux cuves enterrées, permet de couvrir 70% des besoins des sanitaires. A Meillonnas, dans l'Ain, un immeuble de douze logements appartenant à l'OPAC construit sous label haute qualité environnementale (HQE) fournit les 2/3 des 30 litres quotidiens par personne. Cette démarche, très répandue dans d'autres pays comme l'Allemagne ou la Belgique, n'en est qu'à ses balbutiements en France, mais gagne du terrain. On recense ainsi aujourd'hui une centaine de projets en France, dont plusieurs dizaines en Rhône-Alpes, principalement des établissements scolaires.
450 euros par an d'économies
"Récupérer l'eau de pluie n'est pas une nouveauté, explique Bernard de Gouvello du CSTB*. Cette pratique est courante depuis longtemps, notamment dans les refuges de montagne. Ce qui est nouveau, c'est de collecter l'eau pluviale en ville, où il existe déjà un réseau d'eau, afin de l'utiliser pour des usages ne nécessitant pas d'eau potable."
Dans la grande majorité des cas, l'eau de pluie alimente les chasses d'eau et sert aussi à l'arrosage ou au lavage des sols. Elle ne peut, en revanche, pas remplacer l'eau du robinet. D'un point de vue environnemental, la technique permet une rétention de l'eau (+38% d'eau distribuée entre 1995 et 2005) et participe à la maîtrise des ruissellements urbains, donc des inondations. L'autre attrait pour la récupération de l'eau de pluie est d'ordre économique. Alors que le prix de l'eau ne cesse d'augmenter, tout ce qui tombe du ciel est béni. Pour 4 000 euros, un particulier peut installer un récupérateur de 6,5 m3, sachant qu'une loi (en attente de décret d'application) a été votée pour accorder un crédit d'impôts de 25%. Selon l'Agence locale de l'énergie de Lyon, chaque année, une famille de 4 personnes pourrait économiser près de 100 000 litres d'eau – environ 280 euros, soit près de la moitié du budget "eau" - en utilisant l'eau de pluie pour la lessive et les WC. Si l'on ajoute à cela l'arrosage du jardin de 200 m2 et le lavage mensuel d'une voiture, l'économie supplémentaire avoisine les 60 000 litres, soit environ 170 euros. Le poste "eau" se verrait alors diminuer de 450 euros. Une manne que les professionnels ont bien comprise. Et qui ne risque pas de s'arrêter, Météo France ayant relevé une augmentation de 15 à 25% de pluies en périodes hivernales, entre 1901 et 2000, selon les régions.
* Centre scientifique et technique du bâtiment.