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Lyon Capitale : Les Français ne trouvent pas la campagne présidentielle "au niveau".Â
Jean-Marie Le Pen : C'est le problème des médias ! Dans les émissions où j'ai été invité, ce ne sont pas les journalistes mais les Français qui posent leurs questions... qui ne sont pas au niveau de la grande politique. Elles devraient porter sur les grandes options des candidats, dans les domaines du Président de la République : défense nationale, diplomatie, institutions.Â
Comment se déroule votre campagne ?
Je suis entré dans la campagne médiatique avec des audiences très flatteuses. Et j'ai fait une vingtaine de réunions thématiques. Mais les médias ne retiennent que les petites phrases.Â
Vous avez adoré faire ces petites phrases provocatrices, ces dérapages qui faisaient parler de vous.Â
Non, non. Et celles qui ont été considérées comme "provocatrices" ont 20 ans. Voyez-vous, il faut vivre avec son temps !
Aujourd'hui, vous êtes plus calme. Vous faites attention à que vous dites.
Je ne suis pas tenu par la police de la pensée et donc je m'exprime librement. On aime ou on aime pas. C'est comme ça.Â
Les nouvelles lois, anti-propos racistes, anti-propos homo, etc. brident-elles l'expression, au détriment du débat public ?Â
C'est évident ! Dans un pays qui n'a pas le deuxième amendement, c'est évident que cette censure limite la liberté du débat.Â
Votre collaborateur Bruno Gollnisch a été condamné après avoir dit que "les historiens doivent pouvoir discuter des chambres à gaz". Â
Il a été condamné d'une façon scandaleuse, il faut le dire. Le tribunal a jugé que les historiens ne devraient pas discuter des chambres à gaz. Et bien voilà. Nous sommes dans un pays où il sera difficile de faire croire au reste du monde que nos historiens sont des hommes libres !Â
Dieudonné, un de vos nouveaux supporters, vient aussi d'être condamné en cassation pour injure raciale.Â
"Supporter", c'est peut-être beaucoup dire, c'est à lui qu'il faut le demander. Sur cette condamnation, je n'ai rien à penser mais je pense quand même que la magistrature a du probablement changer son fusil d'épaule depuis que Dieudonné est venu à notre réunion du FN, Bleu-Blanc-Rouge. Ça doit être ça ! Je dois vous dire que je n'ai aucune confiance dans la justice de mon pays, contrairement à la formule habituelle. J'ai souvent eu l'occasion d'être victime de ses injustes décisions.Â
Les religieux lyonnais s'invitent dans la campagne. Ils condamnent le mariage civil entre homos parce que ça "déstructurerait l'humanité".Â
C'est une raison qui me semble assez logique. Parce que notre société est bâtie sur la continuité de la population et que généralement les hommes se reproduisent entre couples formés d'êtres différents. Voyez-vous ? C'est comme ça que ça s'est fait jusqu'à présent. Je ne suis pas favorable au mariage homosexuel. Â
Pour le grand rabbin de Lyon : "les homos ont des problèmes médicaux de type génétique". Â
C'est son opinion. Je pense qu'elle sera prise en considération... On ne traitera pas l'opinion d'un rabbin par dessus la jambe ! (Il rit)
Ce n'est pas votre opinion ?Â
Je n'ai pas dit cela. Je n'ai rien dit.Â
Les lois vous rendent prudent.
J'ai déjà payé cher pour exprimer mes opinions de temps en temps. Alors, en effet, je suis prudent.Â
Vous aviez prédit en 2002 dans nos colonnes que le point vernal de l'élection serait à 18% et que vous seriez présent au 2e tour. Quel pronostic pour 2007 ?
Je suis un observateur lucide, y compris de moi-même. Le point vernal en 2007 se situera au-dessus de 20%. Je pense que je franchirai ce barrage.Â
François Bayrou peut vous souffler la place de 3e homme.Â
Non, il est instrumentalisé comme le fut monsieur Chevènement en 2002. Longtemps à 14%, il a fini à moins de 6%. Et puis il monte en même temps que moi, ça ne me gêne pas !
Le rapport droite/gauche semble très déséquilibré, à 60/40.Â
Je crois que c'est vrai. Les options délirantes de la gauche notamment sur la retraite à 60 ans et sur les 35 heures les ont disqualifiés aux yeux du public. Quand on est à côté de la plaque comme ça !
Vous ne semblez pas en profiter.Â
Comparez les sondages d'aujourd'hui à ceux de mes sondages en 2002 à la même époque. Ils sont nettement supérieurs ! Â
Comment jugez-vous Ségolène Royal ?Â
Elle a le mérite apparent de n'être pas un éléphant du parti. Ce n'est pas pour autant un poulet de l'année.Â
Vous n'êtes pas non plus un perdreau de l'année.Â
Moi, je le sais ! Je suis un vieux perdreau mais qui a déjà vu beaucoup de coups de fusils qui ne m'ont pas tué !Â
Sarkozy s'adresse directement à votre électorat pour le conquérir. C'est un danger pour vous ?Â
Ah pas du tout ! Au contraire. Nos électeurs ne sont ni naïfs, ni sots. Monsieur Sarkozy est un des hommes du système et un des responsables de la politique qui a été suivie depuis 30 ans. Finalement, monsieur Sarkozy nous dédouane des accusations lancées contre nous. Il laboure notre terrain et moi je récolterai.Â
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