Voilà l'une des scènes de la nouvelle création du metteur en scène Philippe Vincent et de la chorégraphe Florence Girardon : "tout est au possible dans le meilleur des mondes mieux". Le titre est un clin d'œil au Candide de Voltaire. Mais aussi, au slogan de campagne de Sarkozy "ensemble, tout devient possible". "Mais on avait le titre avant Sarkozy !" précise Philippe Vincent.
Le metteur en scène stéphanois est habitué à dynamiter des textes de Shakespeare pour les faire résonner dans la réalité d'aujourd'hui ; "Quand je vois le monde comme il va, la politique, le problème des intermittents... Les textes du répertoire ne conviennent plus à notre époque" dit-il. Cette fois, il a choisi de faire le chemin inverse : partir de la réalité, et même de l'actualité politique, pour rejoindre Mac Beth de Shakespeare.
"Le couple Ségo/Sarko tel que nous l'a montré la presse ou l'a exposé Paris-Match en couverture, on l'a transformé en Mac Beth et Lady Mac Beth" explique Philippe Vincent.
Fait exceptionnel sur les scènes de théâtre, cette nouvelle création parle directement et nommément d'hommes politiques vivants (les candidats à la présidentielle), morts (De Gaulle, Malraux, Papon, Mitterrand) ou "mort-vivant" (Chirac). "Les seuls à le faire, ce sont les humoristes" constate Philippe Vincent. Et si les gens de théâtre sont étrangement silencieux sur le sujet, c'est que "le théâtre est financé par le monde politique ; c'est un service public ; officiellement, il a un devoir de réserve, non ?" ironise Philippe Vincent. Mais pas question de faire de la satire, ni d'être partisan pour autant, "Il y a côté documentaire : on a la volonté d'être un peu objectif, de ne pas être tendancieusement anti-Sarko, mais de montrer le système" poursuit le metteur en scène. La pièce "met le point focal sur le couple Sarko/Ségo et après, trace des perspectives, des lignes de fuite, vers Baudrillard, Artaud, Foucauld, Rousseau, etc. (...) On dit aux gens : "regardez plutôt la forêt derrière les arbres Sarko et Ségo" ; car à la fin, comme dans Mac Beth, c'est la forêt qui attaque, comme Les Oiseaux d'Hitchcock, comme les gens des banlieues l'an dernier, on ne sait pas pourquoi, ils attaquent. On ne peut pas évacuer la nature, la violence de l'humain".
> Du 27 février au 17 mars au studio du Théâtre de la Croix-Rousse. Place Joannès Ambre, Lyon 4e. 04 72 07 49 54.