La gauche se déchire, la droite se frotte les mains.
Lilian Zanchi persiste et signe. Dans une conférence de presse, vendredi, le jeune député socialiste de Villeurbanne a affirmé qu'il serait candidat à sa succession, lors des prochaines législatives.
De son côté le maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, soutient toujours la candidature de son adjointe Pascale Crozon, désignée par le parti sur le principe des circonscriptions réservées aux femmes. Pascale Crozon, elle, clame sa "colère" contre Lilian Zanchi et dénonce "une situation scandaleuse". "Je ne me laisserai pas faire" promet-elle dans un communiqué.
Le maire et le député de Villeurbanne, tous deux PS, sont donc en guerre ouverte. Dans cette ville où la circonscription épouse les contours de la cité, cela crée une situation particulièrement tendue. Les deux hommes s'évitent et n'échangent plus que par articles de presse interposés.
A Villeurbanne, les socialistes qui tiennent la ville depuis des décades, ont le secret de ces situations inextricables nourries de vieilles haines recuites ; la présence de Bernard Rivalta auprès de Lilian Zanchi renvoie à des contentieux avec Jean-Paul Bret qui datent de Charles Hernu. Un homme qui a abusé des divisions pour régner.
L'opposition Bret-Zanchi est pourtant étonnante. Longtemps ils ont été très proches, dans le camp des "raisonnables et des modernes". Jean-Paul Bret rappelle qu'il n'a pas été avare quand il a fallu confier des responsabilités à Zanchi. La déchirure s'est produite il y a quelques années quand Zanchi a rejoint le camp d'Arnaud Montebourg.
A Paris, tout le PS fait mine de s'embrasser autour de Ségolène Royal. Mais à Villeurbanne, il y a quelque chose qui est décidemment mauvais dans le climat pour les cicatrisations.
Il y a du surréalisme dans l'affrontement maire-député. A la mairie on parle d'oppositions "psychanalytiques". Désormais cristallisées sur les législatives.
Une campagne "pas pareille"
Ces bisbilles seraient moins graves pour la gauche si ne se profilait un combat avec un candidat de droite particulièrement charpenté. L'UMP Henry Chabert travaille depuis des mois la circonscription avec la méthode et les capacités qu'on lui connaît à Lyon. "C'est un candidat dangereux pour la gauche. C'est un bosseur, un homme de dossiers. Il a de l'expérience et il est convivial" dit de lui Lilian Zanchi qui ne perd pas une occasion subliminale de faire comprendre qu'il est mieux armé que Pascale Crozon pour combattre un adversaire qu'il se garde bien de sous-estimer.
Henry Chabert a du mal à ne pas se réjouir de la division à gauche d'autant qu'il effectue un parcours inverse. Il a déjà réuni l'UMP, l'UDF et les radicaux - de quoi faire rêver Perben à Lyon. Et maintenant il s'applique à séduire à gauche, il multiplie les références à Charles Hernu. Il sillonne les quartiers, quadrille les associations, potasse les dossiers, critique la mairie point par point. En bon sarkozyste, Chabert était en campagne six mois à l'avance. En bon noiriste, avec la fibre sociale en bandouillère. La gauche a tout à perdre, lui tout à gagner, "c'est mon dernier combat" confie-t-il. Avec en mire la circonscription, la ville, la communauté urbaine ?
Jean-Paul Bret pense que ce n'est pas si simple et que, même élu député, Henry Chabert ne ferait pas tomber aussi facilement les dominos. Gérard Collomb, lui, s'inquiète sérieusement. S'il était réélu maire de Lyon, il sait qu'un Henry Chabert victorieux à Villeurbanne pourrait très bien lui souffler le Grand Lyon. Le maire de Lyon fait donc pression sur Bernard Rivalta pour évacuer l'hypothèse Lilian Zanchi. Zanchi est persuadé qu'après la présidentielle, et quelque que soit le résultat, sa candidature s'imposera.
Bref, Villeurbanne est en campagne. Et pour reprendre le slogan en vogue à Villeurbanne, "ici, c'est pas pareil".
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