Mais il reconnaît lui-même ces insuffisances dans sa préface, et mon éducation m'a appris qu'un péché avoué est à moitié pardonné.
Je m'en tiendrai donc à deux remarques sur les thèmes culturels traités. L'une s'applique à l'ensemble des vingt premières propositions faites par l'auteur, et l'autre concerne la seule dernière et 21e proposition.
Dans de nombreux domaines, le Président de la Région propose la signature de contrats entre l'Etat, les collectivités territoriales, les professionnels et les artistes. Mais il fait très souvent l'impasse sur la participation financière du privé. Or, dans tous les pays démocratiques, les amateurs, les bénévoles, les usagers, les abonnés, les mécènes ou les fondations apportent eux aussi leur pierre à la politique culturelle. Dans une période de forte pénurie financière de la puissance publique, il faut trouver les moyens de développer ce qu'on appelle désormais le P.P.P.- Partenariat Public Privé. Ce qui nécessite de mettre au point de nouvelles régulations, qui restent à inventer dans un pays qui a pris beaucoup de retard sur ce plan.
La vingt et unième proposition de Jean-Jack Queyranne concerne un vieux serpent de mer : la décentralisation culturelle. Répondant à la dernière question de Nelly Gabriel sur les relations Paris-Province, l'auteur note à juste titre "le rapport extravagant, au Ministère de la Culture, entre la part du budget affectée à l'Ile de France -60%- et celle qui concerne le reste du pays -40%." J'attendais là dessus une réponse forte du Président rhônalpin, mais je n'ai lu qu'un vœu pieux : "Engager la concertation en vue d'un nouveau partage des responsabilités".
L'auteur remarque que le Ministère finance directement la totalité du fonctionnement, et du déficit, de tous les grands équipements culturels de la capitale, après avoir payé la totalité de leurs coûts d'investissement. Il ne lui reste donc plus que des miettes pour la province.
J'aurais aimé qu'avec l'autorité qui est la sienne, notre Président rhônalpin affirme que Lyon ou Saint Etienne, comme Lille ou Marseille, sont des villes françaises au même titre que notre capitale, et en tire la conséquence : pourquoi les contribuables parisiens ne financent-ils pas une part de leurs activités culturelles ?
Ils ont décidé de le faire pour l'auditorium philharmonique que Jean Nouvel va construire à La Villette (45% Etat, 45% Ville, 10% Région). Voilà une bonne recette. Merci, Monsieur le Président, cher Jean-Jack, de suggérer son application pour toutes les opérations culturelles et patrimoniales françaises dans le cadre de votre 21e proposition !
Régis Neyret, Président Fondateur de "Patrimoine Rhônalpin"