En 1785, Nicolas Condorcet publia : "l'Essai sur l'application de l'analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix". Dans un mode de scrutin majoritaire, lorsqu'il s'agit de départager trois idées ou trois personnes, le résultat final dépend de la manière de poser la question et du choix tactique du votant. Ainsi, ce n'est pas l'idée la plus consensuelle, la plus médiane, qui l'emporte, car elle disparaît dans le processus électoral. Depuis trois mois, tout le monde connaissait l'équation : Sarkozy l'emportait sur Royal, Bayrou sur Sarkozy et sur Royal... et Royal perdait dans tous les cas. Mais Bayrou n'était que le troisième homme. La candidate socialiste, en agitant les peurs, Le Pen et Sarkozy, a banalisé ses partenaires écologistes, communistes... au point de n'avoir plus aucune réserve de voix pour le 2ème tour. Elle a invoqué le vote utile afin de battre un ministre capable de toutes les vilenies à l'encontre des immigrés. Sans écouter Rocard, Kouchner... elle alla jusqu'au bout sans se soucier du pire pour la France. D'aucuns s'interrogeront sur les manipulations possibles des sondages au moment de la désignation interne au PS de leur candidate, sur la trahison de Strauss-Kahn par des leaders socialistes, sur la primauté du star-system par rapport à la qualité du projet... Le parti socialiste, détenteur de pouvoirs et de puissance, est nécessairement le principal responsable de la catastrophe électorale. Mais ne confondons pas certains dirigeants avec tous les militants, souvent plus jeunes, plus écologistes... Il faudra encore être là, réunis, quand les Français se réveilleront de leur torpeur, en découvrant le véritable visage de la droite à laquelle ils n'ont pas voulu croire.
Etienne Tête est adjoint au maire de Lyon (les Verts)