Les déficiences et les doutes de la formation lyonnaises ont semblent-ils gangrené tour à tour joueurs, entraîneurs, sponsors... et présidence. Etat des lieux d'une maison qui semble s'être considérablement fragilisée.
Dimanche 16 juin 2002. La dernière date inscrite au palmarès du Lou. Ce jour là, à Nîmes, les Lyonnais l'emportent face à Albi et empochent par là même le titre de champion de France de Fédérale 1 synonyme d'accession en PRO D2. Depuis plus rien. Le Lou ne parvient pas à se hisser parmi l'élite du rugby français.
En 2003, pour sa première saison en PRO D2, le club se classe 5e à une longueur des phases finales. Les deux saisons suivantes, la formation rhodanienne se qualifie pour les demi-finales du championnat. Encourageant. Le club progresse. On se dit alors que le bonheur n'est plus très loin. Mais c'est aller trop vite en besogne. L'exercice 2005-2006 est un échec cuisant pour le Lou, qui finit à la douzième place du championnat. Enfin, cette saison encore, Lyon en finissant 6e voit les plays off lui échapper pour seulement quatre points. Une déception, une de plus, alors que la montée était annoncée comme l'objectif de la saison.
Le ciel s'assombrit au dessus du stade Vuillermet
A ces mauvais résultats sportifs se greffent les problèmes de budget revu à la baisse pour l'an prochain. Les difficultés de mise en chantier d'un nouveau stade ont déjà coûté plus de 2,5 millions d'euros aux actionnaires.
Bernard Lancelot, directeur du service communication, marketing et sponsoring de Renault Trucks ne cache pas sa déception : "Le contrat de trois ans que nous avons signé avec le Lou s'achève à la fin de la saison prochaine. On voulait aider le club à monter ces deux dernières années. Alors c'est sûr, nous sommes déçus des résultats. Mais nous nous maintenons, c'est déjà bien". Des propos qui ne collent pas à l'engagement financier du constructeur français au sein du club lyonnais. Pour aider le Lou à accéder au Top 14, Renault Trucks, le plus important investisseur du club a versé cette saison plus de 200.000 euros dans les caisses du club. Un investissement important pour un club de PRO D2 qui devra s'avérer payant sans tarder. "Nous allons voir comment se déroule la saison prochaine. Si les résultats ne sont pas meilleurs, nous prendrons alors les décisions qui s'imposent ", prévient Bernard Lancelot.
Lanta, partira ou partira pas ?
Depuis quelques semaines un autre grain de sable avait fait grincer la machine lyonnaise. Christian Lanta, l'ex-entraîneur agenais avait du mettre une croix sur la piste du recrutement des ses anciens joueurs (Deylaud, Gelez, Lafforgue...) sous la pression de son président Yvan Patet. Un manque d'autonomie et de pouvoirs sportifs dont l'entraîneur du Lou ne cachait plus sa lassitude. Le mariage entre le Lou et son entraîneur serait-il consommé ? Au Lou, c'est l'omerta. Christian Lanta, "en vacances", restait injoignable jusque dimanche encore. Quant au Président du Conseil de Surveillance, Yvan Patet, il n'a pas souhaité répondre à nos questions. Il a simplement déclaré par la voix de son attaché de presse que le club s'exprimera publiquement, sur la prochaine saison et les changements éventuels à venir, qu'aux alentours du 10 juin. Les dirigeants lyonnais attendraient-ils quelques jours pour officialiser l'arrivée d'un nouvel entraîneur ?
Des rumeurs de départ d'un côté, un président qui ne dément pas de l'autre. Si la collaboration entre les deux parties n'est pas scellée, elle semble sérieusement compromise.
Dans son édition de jeudi dernier, Le Progrès déclarait : "le sort d'Alain Penaud paraît scellé". Des supputations que l'entraîneur des lignes arrières du Lou s'étonnait de lire dans la presse. "J'ai bien eu connaissance de l'information concernant mon départ du Lou. On dit que ma décision est prise. Je tiens juste à dire que je ne me suis jamais exprimé à ce sujet et que ce n'est pas ma décision. Si cette information a été divulguée à la presse, ce n'est pas par moi, mais sûrement par la présidence du club. Ou alors ce sont les médias qui devraient mieux faire leur boulot et s'adresser directement à moi". En contrat avec le Lou jusqu'en 2008, l'ex-joueur du Stade Français avoue ne pas avoir de contact avec son président. Aux questions, "va-t-il y avoir des arrivées ou des départs l'an prochain ?" "Christian Lanta sera-t-il encore l'entraîneur du Lou la saison prochaine ?" C'est toujours la même rengaine : "Aujourd'hui c'est le flou artistique, je ne sais pas du tout où nous allons, ou plutôt, où je vais. Moi, comme tout le staff technique, nous n'avons pas notre mot à dire. Nous sommes mis à l'écart des décisions sportives. Pour un entraîneur ça fait désordre".
Côté sportif, l'ex-international analyse la saison passée avec beaucoup "d'objectivité". Le Lou a péché dans différents secteurs de jeu cette saison, notamment en conquête et dans le franchissement du premier rideau, ce qui ne l'a pourtant pas empêché de battre certaines grosses écuries du championnat comme Dax ou la Rochelle. "Le résultat de la saison est un peu frustrant lorsque l'on sait que l'on est capable de rivaliser avec les meilleures équipes. Mais on ne doit pas parler d'échec. Il faudra aller plus loin dans le système de jeu l'an prochain, aller au bout de nos convictions. Et au fil de la saison pourront naître des objectifs".
Reste à savoir si au Lou, tout le monde a les mêmes objectifs. Et surtout, si tous seront encore là pour les atteindre.
Les commentaires sont fermés