Primo, The Rake's Progress est une histoire d'amour qui se termine mal. Tom Rakewell choisit le stupre et la gloire contre l'amour très mémère que lui proposent Anne, quiche angélique, et son père, pathologiquement vertueux. Il se compromet, naïvement, avec le Malin et égare son image et son bonheur dans un miroir de pâté d'alouette. L'histoire, même si quelque peu tarte, est donc réjouissante.
Secundo, le metteur en scène Robert Lepage fait de cet opéra, qu'Alfredo Arias avait déjà revisité à Lyon en 1995, une délicieuse gâterie, gonflée par des gags rigolos. Avec une ingéniosité coquine, il replonge le spectateur dans la magie du théâtre d'enfance (50 ans av. Star Wars). Usant habilement des technologies, il donne l'impression d'un monde à la Méliès, d'un spectacle de décors peints, de poulies fatiguées, de maisons de poupée, de faux factice pour un effet prodigieusement baroque. Illustrant de par là, cette sentence du héros désabusé : "Aucun laboureur n'est plus esclave du soleil, de la lune et de la saison qu'un homme du monde de l'horloge."
Tertio, les chanteurs sont dignes d'éloges : Laura Claycomb, Andrew Kennedy, William Shimell et Jean-Richard Fleurençois, issu des Chœurs de l'Opéra de Lyon, à l'exception de la dame Dagmar Peckova, dont la barbe indique peut-être la limite d'âge. L'interprétation de l'Orchestre fait du plaisir, à tel point que le chef Alexander Lazarev n'eut de cesse d'envoyer des bisous à ses musiciens.
Le public de la première était ravi. A l'instar de ce lycéen, au sortir joyeux et aux basketts qui puaient des pieds : "C'est de la balle, ce spectacle ! C'est ouf ! Y devraient montrer ça à la télé, les cons s'raient moins cons et y s'feraient moins iech !"
The Rake's Progress, d'Igor Stravinsky, mise en scène :
Robert Lepage, direction musicale : Alexander Lazarev.
Jusqu'au 3 juin à l'Opéra de Lyon, place de la comédie, Lyon 1.
0 826 305 325 ou
www.opera-lyon.com
Les commentaires sont fermés