MARILYN MANSON : NI DIEU NI ANGE

Certains racontent qu'il est l'incarnation du diable sur Terre, attribuant à sa musique et à son comportement sulfureux la responsabilité de la fusillade du lycée de Columbine.
Pourtant Marilyn Manson, de son vrai nom Brian Hugh Warner, est un personnage qui a bien la tête sur les épaules et qui a su imposer un style nouveau au moment où le rock se cherchait de nouvelles icônes. Très marqué par une éducation religieuse rigide, il a construit son personnage dans la contestation de l'Amérique puritaine et bien-pensante, et contre le dogme chrétien. Et si ses textes ressemblent à des sermons morbides et explosifs, sa musique transpire à grosses gouttes un romantisme exacerbé. Cette dualité est l'essence même du personnage qui le porte jusque dans son nom : Marilyn pour Marilyn Monroe, Manson comme le tueur en série Charles Manson. Tout son personnage est construit autour de cette coexistence comme le côté androgyne qu'il cultive, une façon de susciter le désir autant que la peur.

Influencé par David Bowie, Marilyn Manson a, depuis ses débuts, associé un vrai concept artistique à la création de chaque album. En 1996, il explose avec Antichrist Superstar et construit sa légende autour d'un personnage qui provoque dégoût et indignation, sorte de zombie décharné qui prêche lors de messes gothiques à la mise en scène spectaculaire. Avec Mechanical Animals, il surprend tous ces fans en revisitant le Glam-rock, tout en strass et en paillettes. Puis vient l'opus Holy Wood dans lequel Manson revendique son antiaméricanisme et son attachement aux temps médiévaux. Cela lui vaut l'étiquette d'ennemi public numéro un au pays de l'Oncle Sam et il est interdit de concerts dans certaines villes. Mais la légende est en route depuis déjà longtemps. The Golden Age Of Grotesque sorti en 2003, prouve encore une fois la vaste culture artistique du très contesté Marilyn Manson. Il se replonge dans l'univers circassien des années 20 en se jouant au passage du personnage de Mickey Mouse qu'il représente sur scène avec une tête de mort. Et avec Eat Me, Drink Me, dont la sortie est prévue le 28 mai, Marilyn Manson prendra encore tout son monde à contre-pied puisqu'il revisitera l'univers d'Alice aux Pays des Merveilles.

> Le 04/06 à la Halle Tony Garnier, 20 place Antonin Perrin, Lyon 7. 04 72 76 85 85

Décryptage - Le mouvement gothique et la renaissance du romantisme

Souvent associé à tort au satanisme, le mouvement gothique s'inspire du romantisme du XIXe siècle. Il proclame la supériorité du sentiment et de la passion sur toutes les formes de matérialisme et de rationalisme et affirme la primauté de l'individu sur le collectif. Célébration de l'art sous toutes ses formes, la culture gothique puise ses racines dans la poésie de Baudelaire, de Sade ou de Wilde autant que dans la littérature de Shakespeare, de Mary Shelley (Frankenstein) ou de Bram Stoker (Dracula).
La légende du vampire est très présente chez les gothiques, la relation amoureuse étant vécue comme angoissante, déchirante et fatale. Dans les formes musicales liées au mouvement, il règne toujours cette atmosphère lourde et lugubre, renforcée par des voix graves d'outre-tombe et des mélodies romantiques, entre pessimisme, angoisse et désespoir.

Quant au style vestimentaire, il est avant tout culte du macabre. Un style extravagant et provoquant où rien n'est laissé au hasard. Les tenues sont toujours sophistiquées et raffinées, que ce soit pour les néo-romantiques et leurs vêtements en velours et en dentelles inspirés du Moyen-Age, ou pour les versions plus fétichistes du mouvement et leurs tenues cuir et latex. Le noir est bien sûr la couleur associée au mouvement, tant il représente la dimension la plus sombre et profonde de l'être.

Témoignage - Mélanie, 24 ans, étudiante et adepte du mouvement
"'Pour moi, c'est une façon de vivre, de ressentir le monde qui m'entoure. Je ne pense pas que ce soit un phénomène de mode ou une façon de faire comme les autres. C'est une démarche très personnelle en fait. Une certaine idée du monde, de l'humain, avec ses sentiments, ses passions, ses déceptions. Je pense que l'on devient gothique après certaines désillusions, après avoir compris que l'amour rose bonbon, ça n'existe que dans les séries débiles à la télévision.''

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