Le futur président de Lyon III, successeur de Guy Lavorel (qui ne peut briguer un deuxième mandat), sera connu le 3 juillet. La récente annonce de la candidature d'Hugues Fulchiron, doyen de la faculté de droit, lance véritablement la campagne présidentielle dans une université lyonnaise à l'image plombée par l'affairisme et le négationnisme. Dans sa profession de foi envoyée à chacun des 105 électeurs (étudiants, enseignants, personnels administratifs et personnalités extérieurs), le seul candidat pour l'instant déclaré annonce clairement la couleur : "Il convient de porter un regard lucide sur les errances passées, qu'elles soient individuelles ou collectives et d'en tirer les conséquences", explique-t-il dans son courrier. En clair, Hugues Fulchiron entend oeuvrer pour mettre à plat les dysfonctionnements de l'université pointés en 2002 par le rapport Rousso (sur le négationnisme) et en 2005 par le rapport de la cour des comptes (sur la mauvaise gestion). La nouvelle condamnation à 2000 euros de l'ancien président Gilles Guyot pour favoritisme dans le marché des réceptions vient rappeler l'urgence d'ouvrir un tel chantier.
Pécresse veille
Le contexte politique est favorable à un changement de fond à Lyon III. La nouvelle ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a en effet annoncé que sous son ministère, "on tournerait la page Lyon III". Son directeur de cabinet Philippe Gillet, directeur de l'ENS sciences de Lyon, n'est pas étranger à cette prise de position et saura certainement oeuvrer dans le sens d'une "normalisation".
Outre ces problèmes propres à Lyon III, le futur président et son équipe dirigeront une université engagée dans une série de réformes d'importance. Il décidera du positionnement de Lyon III au sein du Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur (PRES). Rappelons que l'université s'est fait forcer la main pour participer à ce regroupement des universités lyonnaises, tant il fait craindre une banalisation de Lyon III en étant ainsi rapprochée de sa rivale historique Lyon 2. Le nouveau président organisera aussi une recherche et un enseignement qui se pratiquent de plus en plus sur le plan international. Enfin, il devra faire face à la réforme portant sur l'autonomie des universités promises par la ministre Pécresse. "On a d'autant plus besoin d'un vrai dialogue et d'une vraie concertation, que notre université s'apprête à vivre un tournant dans son histoire. Et pour cela, les valeurs attachées au nom de Jean Moulin doivent être respectées : démocratie, respect des minorités, attachement au service public".
Pour l'instant, l'homme de la "rupture avec le passé" fait cavalier seul. Nul doute que dans les prochains jours, le candidat de la continuité de la politique Lavorel se dévoile. Lui-même s'était déclaré huit jours avant son élection.