165 000 habitants seulement (Jumelée avec Luxembourg qui l'a déjà été en 1995). Donc vous ne saviez pas mais ne soyez pas inquiet. Personne ne sait, à part Epsilon. Mais si un jour nous décrochons ce titre, puisque la ville est candidate, il se pourrait que l'on constate la même ignorance mondiale envers Lyon. A moins... à moins que ne soit investit un budget significatif dans une communication internationale. Dans le cas contraire, il n'y aura que nous pour penser que la planète nous regarde.
Revenons à Sibiu. J'en arrive. Cette petite ville des Carpates vient de réaliser une performance extraordinaire, invraisemblable, inégalée. Celle d'être désignée comme candidate dès 2004 alors que la Roumanie n'était pas encore dans l'Europe ! Donc, il lui était impossible de prétendre à la candidature. Qui dit mieux ? Et si vous voulez quelques bribes supplémentaires de règlement sachez que les 10 pays entrés dans l'Europe en 2005 ne pourront concourir qu'à partir de 2009 ! Alors, entourloupe ou coup de génie ? Simplement le coup d'un homme. Peut-être un génie. Je l'ai rencontré là-bas Constantin Chiriac (prononcer Kiriac). C'est lui qui a présenté le dossier de Sibiu. Une montagne ce type de un mètre quatre vingt cinq et un peu moins de large. Mathématicien d'origine il a même participé pour la Roumanie aux " Olympiades des Maths ". Ensuite il a suivi les cours d'une école d'Art Dramatique de Bucarest. Très vite il s'est retrouvé à Sibiu pour démarrer un festival de théâtre avec trois compagnies et huit jours de diffusion. Quinze ans après il présente 359 spectacles sur 11 jours et 80 000 spectateurs au quotidien . "Les Arts de la Rue" y tiennent une large place avec une programmation de compagnies françaises comptant parmi les meilleures. Constantin dirige également le RADU STANCA le théâtre le plus célèbre de Roumanie qui décerne chaque année l'équivalent de nos
Molière. Pas un des grands metteurs en scène du monde qui n'ait manqué de s'y produire. Constantin les connaît tous. Ensemble ils ont su créer une vie théâtrale plus animée qu'à Bucarest. De surcroît, Constantin avec son théâtre se paie le luxe de présenter à Luxembourg l'un des meilleurs spectacles de la ville, au point que l'on peut se demander qui de Luxembourg ou de Sibiu à pu entraîner l'autre dans cette aventure de
Capitale de la culture.
Mais ce n'est pas tout. A Sibiu le cinéma et le jazz reviennent chaque année. Deux festivals internationalement réputés leur sont consacrés depuis longtemps. Faut-il ajouter que Constantin n'a pas eu besoin de cours de rattrapage pour savoir ce que retombées économiques de la culture veulent dire. Il s'en vante. Résultat : Sibiu vient de bénéficier en 2 ans des investissements qui auraient du s'étaler sur 30 ans ! Le nouvel aéroport est pratiquement terminé. La création de 3000 chambres d'hôtels est en développement. La voirie est intégralement refaite. La ville est sens dessus dessous. Dans les projets à court terme de Constantin on peut noter : un nouveau théâtre avec son propre hôtel de 70 chambres, son restaurant, ses studios, le tout dessiné par l'architecte de Peter Brook. Dans ce contexte faut-il s'étonner de l'arrivée de nombreux investisseurs (dont Peugeot) attirés par l'animation de cette ville, son inscription au patrimoine de
l'Humanité, sa cohabitation sans histoire avec des communautés Juives, Hongroises, Allemandes, Russes, ( là on pourrait s'étendre sur cette exemplarité qui sert la formation de l'Europe) et... l' université de Sibiu qui est le pivot d' un colloque annuel mondial sur Emil Cioran, l'enfant le plus célèbre de la région, auteur d'une œuvre éternelle avec " De l'Inconvénient d'être né ".
En tant que président de l'Office du tourisme je vais vous donner un conseil. Cet été, ou mieux cet automne, allez faire un tour* du côté de chez Cioran.Vous apercevrez sûrement Constantin cavalant d'un spectacle à l'autre. N'hésitez pas à l'aborder. Il ne demande que ça ce polyglotte. Mais surtout, vous ressentirez dans votre chair l'aventure de Sibiu et de Constantin, de la ville et de l'artiste, comment ils ont pu décrocher le titre de Capitale de la Culture alors que la Roumanie n'était même pas dans l'Europe.
* Hora Voyages. Forfait pour 3 jours (2 nuits) dans un trois étoiles à partir de 555 euros avec petit dej. Vol A.R. Paris Bucarest et location de voiture compris.
Tél : O1 47 03 64 20. Info. tourisme roumain. 01 40 20 99 33.
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