MEMOIRE TZIGANE, AMNESIE FRANCAISE

1942, l'Allemagne nazie déporte et extermine quelques centaines de milliers de tziganes. La France pétainiste durcit sa position à l'encontre des gens du voyage, déjà sous haute surveillance depuis le début du siècle. Au sud de la ligne de démarcation, des camps sont construits pour parquer cette communauté nomade. Saliers, situé dans les Bouches-du-Rhône, est de ceux-ci. Les conditions y sont difficiles mais pas inhumaines au premier abord en cette période de guerre. Le manque d'électricité et le rationnement semblent de rigueur dans tout le pays. Le camp, dessiné par l'architecte des monuments historiques de la région, n'est pas entouré de grillages et les évasions y sont légions. L'horreur réside plutôt dans cette volonté de sédentariser et de rassembler des individus sur des critères ethniques. L'ensemble des biens, roulottes comprises, sont alors confisqués et les tziganes ne seront, pour la plupart, jamais indemnisés.
A travers cette exposition, au-delà du simple travail historique, Mathieu Pernot nous offre les témoignages d'une mémoire qui disparaît bien souvent avec les hommes. La mémoire " d'une communauté n'ayant pas pour habitude d'inscrire son histoire ". A partir d'archives et de photographies anthropomorphiques, il parcourt le pays pour débusquer ces tziganes jadis captifs pour en recueillir les confidences et immortaliser le visage de ces hommes et de ces femmes alors enfants ou adolescents. Une œuvre " engagée auprès de ce qui risque de disparaître " pour une population que le photographe considère comme " les derniers sauvages, les ultimes résistants ". Une population aujourd'hui encore méprisée qui n'a pourtant jamais cessé d'être française.
Peuple Tsigane. Le silence et l'oubli. Du 21 juin au 9 décembre 2007 au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation,
14 avenue Berthelot, Lyon 7.
04 78 72 23 11

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