Le nouveau préfet Jacques Gérault a décidé de chasser les prostituées de Perrache. Il veut nettoyer le secteur, futur quartier huppé du Confluent, des quelques 150 camionnettes stationnées à proximité du marché gare. "On ne peut pas tolérer plus longtemps que soient exposés aux yeux des enfants ces trafics", estime-t-il. La prostitution étant légal, il s'attaque aux formes de la prostitution. Ce jeudi 12 juillet à 20h, trois jours après son entrée en fonction, il a voulu marquer les esprits en s'en prenant à une trentaine de camionnettes, rue Emile Duployer. A la manière de Nicolas Sarkozy (son ancien patron au ministère de l'Intérieur), il s'est déplacé sur le terrain de l'opération, accompagné d'un aréopage de journalistes, spécialement prévenus pour l'occasion. Les forces de l'ordre se sont alors employés à embarquer les camionnettes qui empiétaient sur le trottoir. Dix-sept sont parties, direction la fourrière. Les autres ont été déplacées par leur propriétaire. A 22h, ne restaient plus que quelques véhicules et des filles partagées entre la colère et l'abattement. Prévenue par la presse, la directrice de l'association d'aide aux prostituées, Cabiria, s'est rendue sur place. Florence Garcia a condamné "une opération comme celle-là qui ne règle pas le problème mais le repousse dans d'autres lieux où elles seront encore plus harcelées par la police".
En s'impliquant personnellement sur le front de la lutte contre la prostitution, le préfet rejoint le maire de Lyon Gérard Collomb, qui, arrêté après arrêté, cherche à se débarrasser de ces filles devenues encombrantes. Mais il est difficile de penser que les opérations de police et les arrêtés municipaux viendront à bout du plus vieux métier du monde, particulièrement dans une grande ville comme Lyon. Malgré tout, la préfecture, dans un communiqué, annonce "une action de long terme visant à mettre fin aux filières organisées du grand banditisme et d'exploitation des êtres humains ". Si l'on en croit les cris et la colère que manifestaient les filles délogées, il semblerait que la préfecture cherche à faire le bonheur de ces "jeunes femmes" (selon le même communiqué) malgré elles. Quant au front de la lutte contre le "grand banditisme", on attend les résultats.
Le préfet n'assume pas
Tous les médias lyonnais d'actualité ont été appelé jeudi à 19h par le service de presse de la préfecture. L'objet de cet appel était très clair : un point presse à 20h15 avec le préfet, sur le terrain de l'opération anti-prostitution. A la question de savoir pourquoi il avait voulu cette médiatisation, il a répondu qu'il n'avait aucunement convoqué les journalistes par téléphone...
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