Le gestionnaire de cette résidence de tourisme, la société villeurbannaise Transmontagne, vient d'être placé en redressement judiciaire.
Ils se sont réunis dans une brasserie de la Presqu'île lyonnaise. Mines défaites, colère retenue, ils sont une cinquantaine de propriétaires lyonnais qui ont investi l'année dernière leurs économies dans de petits appartements de la résidence de tourisme de l'Arselle à Chamrousse, et qui n'ont pas perçu les loyers de leur appartement depuis six mois.
Bachat-Bouloud, le bonheur des enfants lyonnais
Depuis près de 50 ans, la ville de Lyon assurait en partie la gestion de ces chalets - qui s'appelaient encore Bachat-Bouloud – et accueillait les classes de neiges qui faisaient la joie de plusieurs générations d'écoliers lyonnais.
Mais en 2005, la ville de Lyon, ainsi que d'autres municipalités propriétaires du centre de jeunesse, vendent Bachat-Bouloud à des promoteurs immobiliers. La polémique s'engage, certains dénonçant l'abandon d'un projet social*.
Le maire de Chamrousse, Jacques Guillot (par ailleurs vice-président de l'association des maires des stations de montagne), est l'opérateur de cette réorientation. La perspective d'une manne financière pour la région liée à la venue de milliers de touristes, étrangers notamment, l'amène à signer avec Gérard Collomb devant le notaire le rachat de Bachat-Bouloud.
Car le projet prévoit de transformer ces chalets en plusieurs centaines d'appartements de tourisme qui seront vendus à des petits investisseurs. La gestion de leurs biens est confiée à la société villeurbannaise Transmontagne qui se chargera de la location ainsi que de leur entretien.
Le contrat prévoit de reverser aux propriétaires un loyer garanti, quels que soient les revenus générés par les locations en assurant ainsi un investissement "de bon père de famille" d'environ 5% par an.
Transmontagne n'a plus de cash
Une opération peu risquée, a priori, confortée par le profil de la société Transmontagne : elle gère de nombreuses résidences et de remontées mécaniques dans de grandes stations de ski des Alpes (Super Devoluy, Val-Fréjus...). Le groupe, dont le chiffre d'affaires a atteint
63 millions d'euros l'année dernière, s'est aussi développé grâce à des concessions à l'étranger dont la plus médiatisée est sans doute la construction et gestion du centre indoor de ski à Dubaï dans le désert.
Mais voilà, l'absence de neige cet hiver - donc de touristes - à fragilisé la trésorerie de Transmontagne qui a été également victime d'une croissance un peu trop fulgurante.
Les banques ne suivent plus, et ceci, malgré la présence au capital de la très puissante Caisse des Dépôts et Consignations.
Du coup, la société Transmontagne n'honore plus les créances... dont les loyers des propriétaires de Chamrousse, et se place sous la protection du tribunal de commerce, en attendant que des investisseurs se manifestent.
"Je perds plus de 1000 euros chaque mois"
Aujourd'hui, dans cette brasserie, les propriétaires à Chamrousse se constituent en association pour faire valoir leurs droits. L'année dernière, certains avaient acheté ces lots les yeux fermés, conseillés par des spécialistes en investissement immobilier qui auraient mal analysé les risques liés aux difficultés de Transmontagne.
"J'ai contracté un emprunt pour financer des appartements dans cette résidence. Depuis janvier, je n'en perçois aucun loyer. Je perds plus de 1000 euros par mois !" se plaint un propriétaire floué.
Aujourd'hui, pour ces investisseurs, la situation est confuse. Car il leur est impossible de louer par eux-même ou de profiter de leur appartement, le contrat de bail signé avec Transmontagne leur interdisant. Le revendre ? Des lots flambants neufs de la résidence de Chamrousse n'ont même pas trouvé preneurs.
A moins que l'éclaircie vienne de la candidature de Grenoble aux Jeux Olympique d'hiver en 2018. Et on verrait alors d'autres sociétés d'immobilier de loisir s'intéresser de très près aux déboires de leur concurrent Transmontagne et lorgner sur les bails.
En attendant, sur le plateau de Chamrousse, de nombreux épargnants lyonnais voient leurs économies fondre comme neige au soleil. Ce qui est sûr, c'est qu'ils n'entendent pas être si facilement des victimes des caprices de la météo.
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