Le financement de la ligne TGV Lyon-Turin n'est plus assurée depuis que l'Etat a négligé de demander un financement européen de 200 millions. Coup de gueule de Gérard Collomb au retour de Matignon.
Lyon Capitale : Que se passe-til avec le Lyon-Turin, il est en panne?
Gérard Collomb : Oui. Le 19 mars Dominique Perben, Ministre des Transports, nous a fait signer un protocole d'acord prévoyant le financement de la section internationale du Lyon-Turin. Il a demandé à la région et aux collectivités locales de participer au financement. En contrepartie L'Etat devait apporter sa part et demander 200 millions à l'Europe. Nous avons cru que le protocole engageait la parole de l'Etat, mais une fois l'élection passée, hop, on se désengage! Ca fait deux fois qu'on me fait le coup. La première c'était pour les transports en commun de l'agglomération lyonnaise. On me dit que j'aurai peut-être en 2010 les 50 millions promis. Aujourd'hui on nous refait le coup sur le TGV Lyon-Turin, ça fait beaucoup!
Vous avez vu le Premier Ministre comment explique-t-il ça?
Il dit qu'on n'en a pas besoin pour le moment puisqu'on ne va pas commencer les travaux tout de suite La déclaration d'utilité publique est prévue seulement en 2010. Sauf que le financement pour les grands réseaux européens ne se fait qu'une fois tous les six ans. En fait l'Etat s'est aperçu que s'il demandait le financement européen il allait devoir payer lui aussi sa part, et comme il n'y a plus d'argent dans les caisses...
Est-ce que Fillon propose une solution ?
Rien. Il y a une clause de revoyure dans trois ans. Mais l'Europe risque bien de dire : c'est avant qu'il fallait demander l'argent. Soulage a posé la question : et si l'Europe refuse de financer est-ce que l'Etat s'engage à compenser ce qui va manquer? Mais Fillon ne veut pas répondre.
Et les conséquences ? On prend six ans de retard?
Trois ou quatre ans minimum. La partie internationale ne se fera pas avant plusieurs années. Mais ce qui nous intéresse dans un premier temps ce sont les liaisons entre Lyon-Grenoble et Lyon-Chambéry, qu'on espérait pour dans cinq ou six ans. Mais comme on n'a pas demandé le financement pour cette partie là, ça veut dire qu'on renvoit dans des temps futurs. Ces liaisons auraient permis une collaboration plus fructueuse entre la grande capitale et ces villes. C'est cette collaboration qui est à l'origine des pôles de compétitivité en Rhône-Alpes.
Finalement est-ce cette rencontre débouche quand même sur quelque chose de positif?
Non. C'est le statu quo. Il ne me reste plus qu'à écrire au président de la République pour lui rappeller les engagements du candidat Sarkozy quand il disait que l'Etat devait respecter sa parole.
Qui était présent à Matignon ?
Il y avait Destot, Soulage, Mercier, les présidents des conseils généraux, Didier Migot. Du côté de la majorité on faisait le dos rond. Mais les élus d'opposition étaient furieux, encore plus à la région qui avait poussé très fort pour la signature de cet accord du 19 mars. Ils pensaient que cela engageait l'Etat.
Propos recueillis par PG
*La délégation était composée de Gérard Collomb maire de Lyon, président du Grand Lyon, Bernard Soulage, vice-président de la région Rhône-Alpes, Michel Mercier président du Conseil Général du Rhône, Michel Destot, maire de Grenoble, Didier Migot président de la " Métro " de Grenoble, et les présidents des conseils généraux de Rhône-Alpes.
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