Entre ciné et gastronomie, il répond aux questions de Lyon Capitale.
Lyon Capitale : Pourquoi avoir choisi de tourner ce film à Lyon?
Claude Chabrol : La première raison c'est qu'au départ, je n'aime pas tourner à Paris parce qu'il y a des problèmes qu'il n'y a pas en Province. Mais pour le film, il me fallait une grande ville quand même, et j'hésitais entre Lyon et Bordeaux.
J'ai finalement choisi Lyon pour deux raisons : la première c'est qu'il y avait la construction du tramway à Bordeaux et qu' il y avait pas mal de déplacements dans le film, on s'est dit : ''on va perdre un temps fou''. Deuxièmement, Bertrand Tavernier m'avait dit : ''Si un jour tu tournes à Lyon, tu ne voudras plus tourner ailleurs''.
On a donc choisi de faire ce film à Lyon, et en plus, on avait un avantage c'est qu'il y a pas mal d'écrivains connus qui soit vivent à Lyon, soit y viennent régulièrement. C'est ici qu'on peut trouver des fortunes accumulées par des générations, j'avais envie de toucher l'industrie pharmaceutique, y faire allusion et Lyon était parfaite pour ça. Il y a aussi le fait qu'à Lyon, la télévision régionnale est assez importante.
Il n'y a pas de scène de sexe dans ce film qui en parle pourtant beaucoup...
Pour la bonne raison qu'on en a beaucoup vu. C'est mieux de faire en sorte que le spectateur transporte ses propres cochoneries plutôt que d'en imposer quelques unes. Et puis j'avoue que ça m'amusait de faire un fim qui aurait pu être carrément pornographique, sans une seule image douteuse, qui ne soit pas interdit même aux moins de douze ans. Je suis très fier, très content.
Ce n'est pas la première fois que vous travaillez avec Benoît Magimel (La demoiselle d'honneur, La fleur du mal) ou François Berléand (L'ivresse du pouvoir). Est-ce difficile de travailler avec les mêmes acteurs sur de nouveaux personnages?
Je n'écris pas des rôles pour les comédiens. Jamais! Pour une raison très simple : Je me suis rendu compte que même avec les meilleurs scénaristes, je pense à Audiard notamment, il y a un défaut. Lui adorait écrire pour des comédiens, et il ne pouvait pas s'empêcher de leur réécrire des choses qu'ils avaient déjà faites. Il les utilisait pour ce qu'ils savaient, si bien que ça finissait par ronronner un petit peu.
C'est pour cette raison que je n'hésite pas à donner, à des comédiens que je connais bien, des rôles complètement différents les uns des autres.
Ludivine (Ludivine Sagner, ndlr), c'était la première fois que je travaillais avec elle mais j'ai su très rapidement que nous allions bien nous entendre. J'ai une façon de travailler un peu particulière qui parfois déroute. Elle, je n'ai pas l'impression qu'elle ait été déroutée.
Et puis Lyon, la gastronomie. Les acteurs qui tournent avec Monsieur Chabrol le font aussi parce qu'ils savent qu'ils vont bien bouffer...
C'est la première raison. A vrai dire, ils n'en ont pas d'autre. Mais je vais vous épater, on a tourné à Lyon et, Dieu sait que Lyon est cher à mon cœur, à mes papilles, je dois dire que pendant le tournage on a finalement peu fait d'opérations gastronomiques...On a pas mal mangé, on avait une bonne cantine mais.... Rendez-vous compte qu'on a tourné chez Nicolas Le Bec et qu'on a même pas eu le temps d'y bouffer! C'est quand même honteux! Et chez Chapel, on y a pas bouffé non plus. C'est pour ça qu'il va falloir revenir.
Vous n'allez pas au festival de Venise cette année?
Je suis allé présenter six ou sept films et, chaque fois, je suis reparti avec quelque chose. Ca devient ridicule de venir chercher des médailles mais, j'y retourne, parce que c'est un festival très agréable. Je suis toujours candidat pour y aller. Au moment de Merci pour le chocolat, le festival m'avait donné le choix entre être en compétition ou être hors-compétition mais membre du jury. J'ai demandé à ma femme et elle m'a dit : Quatorze jours de Venise, c'est mieux que quatre!
Propos reccueillis par Mathieu Carbasse
Les commentaires sont fermés